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Alhred ou Alchred

lundi 18 juin 2018, par lucien jallamion

Alhred ou Alchred

Roi de Northumbrie de 765 à 774

Durant la seconde moitié du 8ème siècle, la Northumbrie [1] est victime d’une forte instabilité dynastique, et plusieurs de ses rois finissent déposés ou assassinés.

Alhred monte sur le trône de Northumbrie après la déposition d’AEthelwald Moll, en 765. Les généalogies royales de l’Anglian collection [2] retracent son ascendance jusqu’à Ida de Bernicie , l’ancêtre semi-légendaire des rois de Northumbrie.

En 768, Alhred se marie avec Osgifu, la fille d’Oswulf, le prédécesseur d’AEthelwald Moll. Par cette union, il cherche vraisemblablement à renforcer ses droits sur le trône. Alhred se montre intéressé par les missions chrétiennes en Germanie [3], présidant le concile qui envoie Willehad en Frise [4] vers 770. Son intérêt pour le continent est également d’ordre politique. Il envoie une ambassade à Charlemagne peu après son avènement et s’adresse à l’archevêque de Mayence [5] Lull pour lui demander son soutien.

La Chronique anglo-saxonne [6] rapporte qu’Alhred est chassé d’York [7] le jour de Pâques 774 et contraint à l’exil chez les Pictes [8]. Son sort ultérieur est inconnu.

Il est remplacé sur le trône par AEthelred, le fils d’AEthelwald Moll. Son fils Osred II est brièvement roi de Northumbrie de 788 à 790. Il est assassiné en 792 après avoir tenté de reprendre le pouvoir. Un autre fils d’Alhred, Alcmond de Derby , est mis à mort par les hommes du roi Eardwulf vers 800. Il est par la suite vénéré comme un saint.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michael Swanton (trad.), The Anglo-Saxon Chronicle, Routledge, 1996 (ISBN 0-415-92129-5).

Notes

[1] La Northumbrie est un royaume médiéval situé dans le nord de l’actuelle Angleterre et constituait l’un des principaux royaumes de l’Heptarchie. Sa notoriété est surtout liée à son rôle dans la propagation du christianisme nicéen dans l’île et à la constitution d’un centre culturel d’importance européenne avec l’archevêché d’York. Le nom de Northumbria désigne à l’origine les terres envahies par les Angles au 6ème siècle situées au nord de la rivière Humber. La Northumbrie en tant que royaume se constitue au début du 7ème siècle par l’union de deux autres entités Angles : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud.

[2] Le Genealogiae regum Anglorum est un recueil généalogique des rois anglo-saxons. Ce recueil est composé de quatre manuscrits. Ils furent rédigés principalement par le moine copiste Aelred de Rievaulx au cours du 12ème siècle. Aelred de Rievaulx, moine cistercien, originaire de Hexham en Angleterre, est considéré comme "docteur de la charité et de l’amitié". Il fut abbé de l’abbaye de Rievaulx. Aelred de Rievaulx rédigea une généalogie des souverains anglo-saxons en quatre parchemins. Deux d’entre eux sont archivés à la British Library de Londres, un troisième manuscrit est entreposé dans les archives du collège Corpus Christi de Cambridge et le quatrième est déposé dans la cathédrale de Rochester.

[3] Le Royaume de Germanie n’a pas réellement existé sous ce nom-là. Avec la fin des Carolingiens, les Ottoniens s’imposent et fondent une dynastie qui règne sur la Francie orientale. Pour marquer la différence avec le Royaume de France, on l’appelle Royaume Teutonique. Ce ne sont que les historiens allemands modernes qui lui donnent le nom de Royaume de Germanie. Ce Royaume correspondait au départ aux territoires de la Franconie, de la Saxe et de la Bavière. Mais avec les nombreuses modifications territoriales, le titre de roi de Germanie est devenu honorifique et s’est même pratiquement confondu avec celui de Roi des Romains.

[4] La Frise est une région historique du nord-ouest de l’Europe, sur le littoral de la mer du Nord. Aujourd’hui, on entend généralement par Frise une région qui s’étend du nord des Pays-Bas et au nord-ouest de l’Allemagne (Basse-Saxe et Schleswig-Holstein). Ses habitants sont des Frisons et la langue le frison.

[5] Le diocèse de Mayence est une église particulière de l’Église catholique latine en Allemagne. Son siège est la cathédrale Saint-Martin de Mayence dédiée à Martin de Tours. Érigé au 4ème siècle, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 8ème siècle. Au 12ème siècle, l’archevêque de Mayence devient prince électeur du Saint Empire romain germanique. En 1803, le siège archiépiscopal est transféré à Ratisbonne.

[6] La Chronique anglo-saxonne est un ensemble d’annales en vieil anglais relatant l’histoire des Anglo-Saxons. Le manuscrit original est probablement rédigé dans le royaume de Wessex sous le règne d’Alfred le Grand, à la fin du 9ème siècle. De multiples copies sont distribuées aux monastères d’Angleterre et ensuite mises à jour indépendamment les unes des autres.

[7] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.

[8] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.