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L’histoire pour le plaisir

Félix IV

mardi 15 août 2017

Félix IV

54ème pape de 526 à sa mort en 530

C’est en Italie centrale dans le samnium [1] qu’est né Félix. C’est après 2 mois de vacance apostolique, Jean 1er étant décédé le 18 mai 526 des mauvais traitements du roi des Ostrogoths [2], Théodoric le Grand, que Félix est désigné par Théodoric comme pape.

Le roi impose sa loi, le clergé romain ne peut que s’incliner, le peuple romain accepte, mais cela ne porte pas chance au roi barbare qui décède dans le mois qui suit.

Durant son pontificat, le pape, évêque de Rome, entretient plutôt de bons rapports avec la cour de Ravenne [3] où réside le nouveau roi, Athalaric. Il se mêle des querelles doctrinales liées au semi-pélagianisme [4], doctrine condamnée lors du concile d’Orange en 529 [5].

On doit à Félix IV la construction de la basilique dédiée aux saints Côme et Damien. On lui doit aussi une initiative, visant à éviter d’affaiblir l’Église par des problèmes de succession. Sentant sa mort prochaine, il désigne son successeur, l’archidiacre Boniface, auquel il confère le pallium [6]. Il l’annonce officiellement au clergé, au Sénat et au peuple.

Peine perdue, cette précaution, compréhensible à cause du rôle de plus en plus fort joué par les empereur et rois dans le choix des papes, n’empêche pas Boniface et Dioscore de s’opposer dans la succession pontificale.

Le pontificat de Félix IV est marqué par trois faits importants : L’un est symbolique : il s’agit de la fermeture de l’école philosophique d’Athènes [7]. Désormais la culture grecque ne sera plus transmise principalement que par les moines, jusqu’à la Renaissance.

Le second ouvre des perspectives considérables à la christianisation en profondeur de l’Europe occidentale. Benoît de Nursie fonde le monastère du Mont-Cassin [8] en Italie. La règle bénédictine [9]) repose sur la prière, la lecture d’ouvrages pieux et le travail manuel. La communauté des laïcs qui se font moines vit de son propre travail. Le monachisme, apparu en Orient, se répand en Occident. La fondation du monastère de Lérins [10] en 410 en était un signe avant-coureur.

Le troisième est son soutien à saint Théodose le Cénobiarque dans son opposition au monophysisme [11], préconisé par l’empereur Anastase 1er dans les Églises d’orient.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Felix IV dans Catholic encyclopedia/traduit par mes soins/

Notes

[1] Le Samnium était une région du sud des Apennins en Italie que contrôlaient les Samnites, un groupe de tribus sabelliennes de 600 à 290 av. jc. Ces traditions locales, la fierté des habitants du massif, et leur capacité d’opposition réappararut brusquement lors de la Guerre sociale. Au début du 1er siècle avant notre ère les exigences de Rome envers ses alliés (socii) italiens se firent plus difficiles à supporter et Rome refusait toute proposition d’ouverture ou de plus grande intégration envers ces alliés. Excédés, ceux-ci se révoltèrent et entrèrent en guerre, organisant une éphémère union politique des Italiens centrée sur le Samnium. Rome réprima durement ces soulèvements, une guerre civile ravagea alors l’Italie de 90 à 88 av. jc dont les conséquences se firent encore sentir lors de la guerre civile contre Lucius Cornelius Sylla en 82. Des villes furent détruites et réduites à l’état de villages, mais finalement les Italiens défaits militairement eurent gain de cause et purent devenir citoyens romains de plein droit. Le Samnium devint une partie d’une Italie antique unifiée dans la citoyenneté romaine. Peu à peu ses particularités culturelles s’effacèrent et la région se romanisa fortement.

[2] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique venu des confins de la Baltique et établi au 4ème siècle en Ukraine et en Russie méridionale, au nord de la mer Noire, l’autre fraction étant celle des Wisigoths. Ils jouèrent un rôle considérable dans les événements de la fin de l’Empire romain.

[3] Port de bonne capacité de l’Empire romain, Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des Barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’empire d’Orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’empire d’Orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du Nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial.

[4] Le semi-pélagianisme adoucit les positions de Pélage, mais il privilégie tout de même la volonté, expression de la liberté humaine, sur la grâce, qui a pour source l’intervention de Dieu. Qui sauve l’Homme ? Sa propre volonté ou la grâce divine ? Un des grands débats des débuts du Christianisme, l’Église répond avec fermeté que la salut n’est que don de Dieu.

[5] Le concile d’Orange de 529, est un concile régional qui a été présidé par l’archevêque d’Arles, Césaire d’Arles. Ce concile a condamné le semi-pélagianisme et a donné une formulation théologique de la grâce telle qu’elle avait été prônée par Augustin d’Hippone, contre ceux qui, comme Jean Cassien, Faust de Riez et Vincent de Lérins, donnaient un rôle plus important au libre arbitre.

[6] vêtement blanc orné de croix noires

[7] la prestigieuse Académie fondée par Platon

[8] Le mont Cassin est une colline de 516 mètres de haut située en Italie, entre Rome et Naples, près de la commune de Cassino, dans la province de Frosinone, dans la région du Latium. Vers 530, Benoît de Nursie y fonda l’abbaye du Mont-Cassin, où il rédigea une règle qui devint la règle de saint Benoît.

[9] du nom latin de Benoît, benedictus

[10] L’abbaye de Lérins est une abbaye médiévale située en Provence, dans le sud de la France, et implantée sur l’île Saint-Honorat dans les îles de Lérins, face à Cannes. Le premier monastère est fondé par Honorat d’Arles, vers 400-410. Les bâtiments actuels ont été construits entre les 11 et 14ème siècles. L’abbaye fut longtemps clunisienne ; le monastère abrite aujourd’hui une communauté de moines cisterciens.

[11] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc