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L’histoire du Palais de l’Elysée

mercredi 26 juillet 2017, par lucien jallamion

L’histoire du Palais de l’Elysée

Au début du 18ème siècle, l’actuel faubourg saint-Honoré n’était encore qu’une plaine traversée de pâturages et de cultures maraîchères, et de quelques maisons au toit de chaume. Entre la Grande Rue du faubourg saint-Honoré, simple chaussée menant au village du Roule, et le Grand Cours* (Champs-Elysées), le neveu par alliance d’André Le Nôtre, l’architecte Armand-Claude Mollet, possédait un terrain qu’il vendit en 1718 à Henri-Louis de la Tour d’Auvergne, comte d’Evreux.

Le contrat de vente prévoyait qu’Armand-Claude Mollet serait chargé d’y construire un hôtel, destiné à la résidence du comte d’Evreux. L’architecte, à la demande du comte, éleva l’hôtel entre cour* (côté rue) et jardin* (côté Champs Elysées), formant le point de départ du plan d’urbanisme du faubourg Saint-Honoré. Dès 1742, Pignol de la Force évoquait déjà ce quartier, qu’il considérait comme l’un des plus beaux de Paris. Edifié et décoré entre 1718 et 1722, l’Hôtel fut aménagé selon les principes d’architecture en vogue à l’époque.

Il reste l’un des meilleurs exemples du modèle classique. Avec un vestibule d’entrée situé dans l’axe de la Cour d’Honneur et des Jardins, un corps de logis double en profondeur, un Grand Appartement ou Appartement de Parade partagé en son milieu par un Grand Salon ouvert sur le jardin. Par ailleurs, le bâtiment comprenait un corps central à trois degrés, et deux ailes en simple rez-de-chaussée. Un Appartement des Bains à droite et un Petit Appartement* (appartements privés) à gauche.

Une vaste cour arrondie s’ouvrait par un portail monumental à quatre colonnes ioniques, encadré par des murs aveugles surmontés d’une balustrade. Majestueuse, la Cour d’ Honneur répondait au prestige que le comte d’Evreux souhaitait conférer à sa demeure. Elle était bordée de deux murs avec arcades en "défoncé" dissimulant les communs* (écuries, cuisine, bûcher, remises....). Un jardin à la française, avec ses allées centrales dans l’axe de l’hôtel, ses parterres de broderies et ses allées de marronniers bordées de charmilles, complétait plaisamment l’hôtel. Cette ordonnance des lieux permettra toutes les adaptations souhaitées par les propriétaires successifs. D’importantes modifications seront réalisées selon la destination de l’édifice. Hôtel particulier, demeure princière ou palais présidentiel, et au gré du goût des occupants et des modes.

Le décor des salons de réception, bien que modifié au cours des siècles, a conservé l’essentiel de son aspect d’origine. Ainsi, les boiseries du Grand Salon* (Salon des Ambassadeurs) sculptées par Michel Lange d’après Hardouin Mansard, les décors de la Seconde Antichambre* (Salon des Aides de Camp), de la Chambre de Parade* (Salon Pompadour) et du Salon des Portraits sont encore, pour la plus grande partie, d’origine et les transformations ultérieures n’en ont pas altéré le caractère.

A sa mort en 1753, le comte d’Evreux laissera un hôtel admiré de tous ses contemporains, y compris de Blondel qui appréciait "la plus belle maison de plaisance des environs de Paris".

Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, soucieuse d’acquérir une demeure parisienne, l’acheta. Lassurance, son architecte favori, fut chargé de modifier l’ordonnance de la Chambre de Parade et d’aménager le premier étage. Le jardin fut remanié par l’introduction de portiques, de charmilles, de cascades, d’un labyrinthe et d’une grotte dorée. A sa mort, la marquise légua la résidence à Louis XV. D’abord mis à la disposition des Ambassadeurs extraordinaires séjournant à Paris, l’hôtel fut destiné, par décision royale du 14 août 1765, à la présentation des tableaux des Ports de France commandés par Louis XV à Joseph Vernet pour "les personnes curieuses et les amateurs de beaux arts".

Transformé provisoirement en Garde-Meuble de la Couronne en 1768, jusqu’à l’achèvement des bâtiments de Gabriel sur la Place Louis XV, l’hôtel d’Evreux fut vendu en 1773 au financier Nicolas Beaujon.

Propriétaire de l’hôtel jusqu’en août 1786, date à laquelle il le céda à Louis XVI sous réserve d’usufruit, Nicolas Beaujon modifia profondément la résidence.C’est notamment l’architecte Etienne-Louis Boullee qui fut chargé de ces transformations.

Il le chargea de prolonger l’aile des Petits Appartements vers les Champs-Elysées en retour d’équerre. L’actuel Salon d’Argent garde encore les proportions d’un boudoir décoré de glaces.

Une galerie longeant les salons des Petits Appartements permettait d’exposer la collection des tableaux du banquier grâce à un éclairage zénithal. Cette collection comptait des toiles remarquables dont La Bohémienne de Frantz Hals et Les Ambassadeurs de Holbein.

D’autres transformations notables ont été réalisées dans le Pavillon Central, l’alcôve de la Chambre de Parade sera transformée en hémicycle, la Salle d’Assemblée divisée, des décors en boiserie sculptés, et une serre installée dans une partie de l’Appartement des Bains.

Le jardin a été complètement transformé et aménagé à l’anglaise avec terrasses, bosquets, allées sinueuses et rivières aboutissant à un petit lac. Ces aménagements sont à l’origine du Parc actuel.

Les aménagements de Boullee et la collection de tableaux de Nicolas Beaujon firent de cette demeure "l’une des premières de Paris".

Louis XVI, comme son grand-père, affecta l’hôtel au séjour des Ambassadeurs extraordinaires à Paris, puis le vendit en 1787 à sa cousine, la duchesse de Bourbon. L’hôtel prit alors le nom de sa propriétaire "Hôtel de Bourbon". Pierre Adrien Pâris modifia une partie de l’oeuvre de Boullée. La chambre de la Duchesse sera créée en partie sur la galerie des tableaux : c’est l’actuelle bibliothèque Napoléon III.

Pendant la Révolution et après l’arrestation de la duchesse en avril 1793, l’Hôtel de Bourbon connut plusieurs affectations. En 1794, il accueillit la Commission de l’ Envoi des lois et l’Imprimerie du Bulletin des Lois, puis fut transformé, quelques mois plus tard, en dépôt national de meubles provenant des saisies d’émigrés ou de condamnés. Libérée en 1795, la duchesse de Bourbon put retrouver en janvier 1797 sa résidence parisienne. Pour subvenir à ses besoins, elle mit en location le rez-de-chaussée de l’hôtel et donna l’autorisation à son locataire, un négociant du nom d’Hovyn, d’organiser des bals populaires dans les salons et le jardin. Le passage du public, de la cour vers les jardins, nécessita l’ouverture des deux arcades de part et d’autre de la porte du vestibule menant au Grand Salon.

C’est à cette époque que l’hôtel prit son nom d’Elysée par référence à la promenade toute proche.

Exilée en Espagne, la duchesse de Bourbon vendit l’hôtel aux enchères et les Hovyn se portèrent acquéreurs. Certaines parties de la demeure furent louées en appartement. C’est ainsi que l’Elysée abrita le comte et la comtesse Léon de Vigny et leur quatrième fils, Alfred. La mode des fêtes et des bals passant, la fille d’Hovyn se vit contrainte à vendre l’hôtel en 1805 pour faire face à ses dettes.

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