Né à Amersfoort [1], dans la province d’Utrecht. Son père, Gerrit van Oudenbarnevelt est marchand. En 1564, il quitte Amersfoort et part travailler chez un avocat de La Haye. Il étudie ensuite le droit à Louvain, Bourges, Cologne, Heidelberg et Padoue. À Louvain, il change son nom en Oldenbarnevelt et se convertit au calvinisme à Heidelberg.
Il joua un rôle important dans la révolte des Pays-Bas contre l’Espagne. Collaborateur de Guillaume le Taciturne et de son fils Maurice de Nassau, qui le fit exécuter en 1619.
En 1570, Van Oldenbarnevelt devient avocat à la cour de Hollande. Lorsque la révolte contre l’Espagne débute en 1572, il rentre en correspondance avec Guillaume 1er d’Orange-Nassau et devient son conseiller juridique.
Il épouse en 1576 la fille adultérine d’un régent de Delft [2], Maria d’Utrecht. L’année suivante, il devient le pensionnaire [3] de Rotterdam. Il devient ainsi membre des États de Hollande [4]. Son intelligence, son ardeur au travail et son pouvoir de persuasion lui permettent d’acquérir de l’influence. Il est un fervent défenseur de l’Union d’Utrecht [5], proclamant l’indépendance des Provinces-Unies [6] en 1579.
L’assassinat de Guillaume le Taciturne en 1584 laisse la place à une certaine vacance du pouvoir. Le stathouder [7] est choisi par Philippe II d’Espagne et n’est pas reconnu par les Etats généraux des Provinces-Unies.
Le fils aîné de Guillaume, Philippe Guillaume d’Orange est retenu en otage en Espagne, Van Oldenbarnevelt milite pour le transfert des fonctions de stathouder au second fils de Guillaume, Maurice de Nassau, alors âgé de 16 ans.
Le 16 mars 1586, Johan van Oldenbarnevelt devient avocat et grand pensionnaire [8] des États de Hollande, et ce jusqu’à sa mort en 1619. Censé n’être que le porte-parole des États de Hollande, il mène toutes les réunions et prend toutes les décisions. La province de Hollande étant la plus puissante des Provinces-Unies, il dirige de facto l’union en contrôlant l’assemblée des États généraux des Provinces-Unies.
Dans la guerre contre l’Espagne, il dirige l’action politique et Maurice les opérations militaires. L’entente avec Maurice de Nassau est bonne et les Néerlandais repoussent les Espagnols après avoir conclu une alliance avec la France et l’Angleterre en octobre 1596.
En 1602, le grand pensionnaire créé la compagnie néerlandaise des Indes orientales [9] (VOC), permettant l’essor rapide de la puissance néerlandaise au cours du 17ème siècle.
Les premières tensions entre le grand pensionnaire et le stathouder apparaissent en 1600 à l’occasion de la bataille de Nieuport [10]. Sur le conseil de Johan van Oldenbarnevelt, les États généraux ordonnent à Maurice de prendre Dunkerque où sévissent des pirates qui nuisent au commerce néerlandais. Maurice considère que le risque est trop grand et son armée est battue une première fois par les Espagnols avant de les vaincre in extremis.
Maurice rentre aux Pays-Bas furieux, considérant que les États généraux ont mis en jeu l’existence même de la jeune république dans cette affaire. Dès lors, il ne considère plus Van Oldenbarnevelt comme son tuteur.
Les négociations avec Albert de Habsbourg et Isabelle d’Espagne , gouverneurs des pays Bas espagnols débutent en 1606. Maurice de Nassau y est opposé, estimant que ce serait donner le temps nécessaire aux Espagnols pour renforcer leur armée et attaquer les Provinces-Unies à nouveau. Le 9 avril 1609, la Trêve de Douze Ans [11] est signée entre les Provinces-Unies et l’Espagne.
La conséquence immédiate de la paix est le renforcement de l’influence de Johan van Oldenbarnevelt sur le gouvernement des Provinces-Unies, maintenant reconnues comme un État libre et indépendant. Cependant, la paix extérieure est immédiatement suivie par un conflit religieux.
Un désaccord théologique éclate entre les professeurs de l’université de Leyde [12] Jacobus Arminius et Franciscus Gomarus au sujet de la prédestination [13] et conduit à une rupture au sein de l’Église réformée des Pays-Bas.
En 1610, les arminiens adressent une pétition connue sous le nom de “Remonstrance” en 5 articles exprimant leurs points de divergence avec le calvinisme plus strict de la “Confessio Belgica” , devant être présentée à un synode pour demander plus de tolérance à leur égard. Leur démarche est soutenue par Johan van Oldenbarnevelt. Les partisans de Gomarus ont publié une “Contre Remonstrance” pour appeler à l’unité de l’Église. Le conflit se répand dans tout le pays quand Maurice prend publiquement position pour les “contre-remonstrants”.
En 1613, les États de Hollande se prononcent en faveur des “remonstrants”. Lorsque des émeutes éclatent dans plusieurs villes, Maurice de Nassau refuse de rétablir le calme.
En 1617, Johan van Oldenbarnevelt propose aux États de Hollande de lever 4 000 mercenaires [14] pour prévenir les troubles. Cette décision minait l’autorité de Maurice de Nassau comme chef de l’armée, ce qu’il ne pouvait accepter. Les États généraux, par une majorité de quatre provinces contre trois, ont autorisé la convocation d’un synode à Dordrecht [15] pour trancher la question de la querelle.
Les États de Hollande ont fait savoir qu’ils n’y participeraient pas et adoptent le 4 août une résolution tranchée [16]. Tous les magistrats, officiers et soldats percevant un traitement de la part de la Hollande doivent faire allégeance aux États et ne relèvent plus des tribunaux ordinaires mais directement des États.
Cette déclaration de souveraineté de la part de la Hollande détermine les États généraux à une action décisive. Une commission conduite par Maurice de Nassau est établie pour obtenir le licenciement des waardgelders. Le 31 juillet 1618, le stathouder rentre dans Utrecht à la tête d’un corps de troupes et obtient la soumission des mercenaires. Sa progression vers la Hollande se fait sans opposition.
Le 29 août 1618, Maurice de Nassau arrête Johan van Oldenbarnevelt et ses partisans, parmi lesquels Hugo Grotius , pour haute trahison. Comme il n’existait aucune cour de justice fédérale, un tribunal ad hoc de 24 juges a été créé. Parmi eux, seulement la moitié étaient Hollandais et presque tous étaient des opposants politiques à Oldenbarnevelt.
Le procès s’ouvre le 20 février 1619. Van Oldenbarnevelt déclare pour sa défense qu’il n’a agi que dans l’intérêt de la Hollande et, étant un serviteur de la Hollande, il n’était responsable que devant les juridictions de la Hollande. Ses juges considèrent qu’il s’est rendu coupable de haute trahison envers l’union des Provinces-Unies. Il est condamné à mort le 12 mai 1619. Le lendemain, il est décapité dans le Binnenhof [17]]] à La Haye.
Il laissa deux fils René et Guillaume , impliqués dans un complot contre Maurice de Nassau en 1623.