Radulf (mort vers 642)
Duc de Thuringe de 632 ou 633 jusqu’à sa mort après 642-Roi de Thuringe en 642
Selon la Chronique de Frédégaire [1], il était le fils d’un Chamar, un aristocrate franc, et pris le pouvoir sous le roi Dagobert, qui le nomma dux [2] dans l’ancienne Thuringe [3] royaume que la Francia [4] avait conquise en 531.
Son installation était destinée à protéger la frontière orientale du royaume des Francs contre les menaces Wendes [5] sous Samo de Bohême , qui avait vaincu le roi en 631 à la Bataille de Wogastisburg [6] et forma une alliance avec Derwan ou Drvan , prince des tribus Sorabes [7] qui s’installèrent dans la région voisine à l’est de la rivière Saale [8].
Il lutta avec succès contre les Slaves, mais par la suite refusa l’incorporation des territoires sécurisés dans le royaume d’Austrasie [9]. Pour conserver son indépendance, il s’allia avec Fara, un descendant de la puissante dynastie Agilolfinge [10] en Bavière qui régna sur de vastes domaines le long de la principale rivière.
Vers 640 le roi Sigebert III avec ses maires du palais [11], Adalgisel et Grimoald 1er marcha contre les insurgés et mirent facilement en déroute les troupes de Fara.
En 642, il se rebella contre Sigebert et défit son armée, et pris le titre de rex ou de roi de Thuringe.
Ses fils, Theotbald et Heden 1er , lui succéda.
Notes
[1] On désigne conventionnellement sous le nom de « Chronique de Frédégaire » une compilation historiographique constituée dans la Gaule du Haut Moyen Âge, relevant du genre de la Chronique universelle, et relatant les événements depuis la Création du monde jusqu’au 9 octobre 768 (jour de l’avènement de Charlemagne et de son frère Carloman) dans la version la plus longue.
[2] Duc
[3] Le territoire de cet éphémère royaume s’étendait de l’Elbe et la Mulde à l’est jusqu’à la Hesse incluse à l’ouest, de l’Altmark inclus au nord jusqu’au Danube au sud duquel les Ostrogoths ont étendu leur gouvernement. Tant que cet État a bénéficié de l’alliance scellée avec ces derniers sous le règne de Théodoric, il a perduré comme un État tampon face aux Francs. Inévitablement, leur terre portera leur nom de Thuringe par la suite.
[4] Les royaumes francs sont les différents royaumes barbares qui se sont succédé ou ont cohabité en Europe occidentale durant le Haut Moyen Âge après le déclin de l’Empire romain d’Occident et la conquête de ces territoires par les Francs au cours du 5ème siècle. Ces royaumes, formant ensemble une entité appelée le royaume des Francs (en latin : Regnum Francorum), perdurent pendant tout le Haut Moyen Âge, du 5ème siècle au 9ème siècle. À partir de 911, sous Charles III le Simple, le plus occidental des royaumes francs, issu du partage de Verdun en 843 et que certains historiens qualifient de Francie occidentale, revendique seul de façon continue l’héritage du royaume des Francs de Clovis et Charlemagne par la titulature permanente de ses rois se proclamant tous rois des Francs.
[5] Le nom de Wendes est la désignation première donnée par les peuples germanique au peuple serbe. Les Germains dénomment Wenden, les Serbes blancs ou Sorabes de Lusace (ou Serbie blanche), Par la suite, l’ethnonyme Wenden désigna toutes les tribus slaves en allemand. C’est aussi le nom donné au Moyen Âge par les Allemands à tous les peuples slaves établis sur le territoire délimité par l’Oder, la Spree, la Saale et les monts Métallifères. Les Wendes de la basse Elbe et de la côte Baltique étaient des Polabes et des Obodrites, ceux du sud-est des Slovinces et ceux de l’Elbe supérieure des Sorabes ou Serbes Blancs.
[6] Vogasti(s)burg, Wogasti(s)burg ou Wogasti(s)burc est le nom d’une ancienne forteresse d’Europe centrale citée au 7ème siècle dans la chronique de Frédégaire. Sa localisation reste incertaine.
[7] Les Sorabes, également connus sous le nom germanique de Wendes ou « Serbes blancs de Lusace » sont un peuple slave vivant dans la région de la Lusace, qui s’étend en Allemagne à l’est de la Saxe et au sud-est du Brandebourg. La Lusace est partagée en Haute-Lusace et Basse-Lusace. Les Sorabes parlent une langue proche du polonais, du cachoube, du tchèque et du slovaque. On distingue le haut sorabe et le bas sorabe. Le peuple ne doit pas être confondu avec les Serbes des Balkans, bien que les deux étymologies soient liées.
[8] La Saale ou Saale saxonne, autrefois dénommée Saale de Thuringe, est une rivière allemande traversant la Bavière, la Thuringe et la Saxe-Anhalt. Avec une longueur de 413 km, elle est le deuxième plus long affluent de l’Elbe après la Moldau (mais le plus long sur le territoire allemand), et son débit (115 m3/s) est l’un des plus élevés de ce bassin versant avec la Havel et la Moldau. Entre sa source et la confluence, la Saale draine un bassin de 24 100 km².
[9] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.
[10] La maison des Agilolfinges ou Agilolfides, règne sur le duché de Bavière et le royaume lombard entre le 6ème siècle et le 8ème siècle. Elle se donne pour ancêtre un mythique Agilolphe ou Agilulf. Au 6ème siècle, la Bavière entre sous la domination du royaume franc. Ses souverains, rattachés dans les sources anciennes aux Agilolfinges, sont dès lors investis par les rois francs selon la Lex Baiuvariorum, mais en sont dépouillés par Charlemagne à la fin du 8ème siècle. Ils oscillent durant cette période entre la fidélité aux rois francs et l’alliance avec les Lombards. Sous leur règne, le territoire est christianisé, et quatre diocèses sont fondés : Ratisbonne, également siège du pouvoir, Freising, Passau et Salzbourg.
[11] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.