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Grégoire (catholicos nestorien)

jeudi 5 septembre 2024, par lucien jallamion

Grégoire (catholicos nestorien)

32ème catholicos de l’Église de l’Orient de 605 à 609

Originaire de Perat de Maïsan [1] et fut à Séleucie-Ctésiphon [2] l’élève d’Isaïe, le premier interprète de la Bible [3] de l’école patriarcale fondée dans la capitale par le catholicos [4] Mar Aba 1er.

Après la mort du catholicos Sabricho 1er à Nisibe [5] en août ou septembre 604, le mieux placé pour la succession était Grégoire de Kachkar, métropolite [6] de Nisibe, chassé de son siège par l’alliance d’Hénana d’Adiabène, directeur de l’École de Nisibe [7] qu’il avait condamné pour hétérodoxie [8], et de médecins et d’astrologues chrétiens du roi Khosrô II Parviz dont il avait excommunié certains pour polygamie.

Le roi, absent de la capitale, approuva son élection, mais l’astrologue Aba de Kachkar et le médecin Abraham de Nisibe s’allièrent à la reine Chirin, une chrétienne jacobite [9], pour l’empêcher. Ils firent croire au synode électoral, réuni sur ordre royal, que le Grégoire désigné par Khosrô était Grégoire de Maïsan.

Après coup, le roi fut quelque peu contrarié qu’on eût ainsi abusé de ses instructions, mais il accepta l’élu.

Le nouveau catholicos se révéla ensuite indigne de sa charge, suscitant à la fois, par son âpreté au gain et sa corruption, l’affliction des chrétiens et le mépris du roi. Selon la Chronique de Séert [10], celui-ci ordonna de le représenter sur les éventails dont il se servait : tantôt palpant une poule pour savoir si elle était grasse ou non, tantôt examinant une pièce d’or qu’il retournait dans sa main, tantôt avec une jeune fille sur les genoux.

Khosrô, s’étant emparé de la forteresse byzantine de Dara [11], y avait trouvé toute une bibliothèque de livres chrétiens qu’il obligea le catholicos à lui acheter pour 20 000 statères d’argent. Les communautés chrétiennes furent mises à contribution, et cette ponction s’ajouta aux exigences déjà grandes de Grégoire.

À la mort de celui-ci, après 4 ans de pontificat, le roi fit confisquer ses biens et fit même emprisonner ses disciples jusqu’à ce qu’ils lui eussent livré tout l’argent. Ensuite, il refusa d’autoriser l’élection d’un successeur, et le siège de catholicos resta vacant jusqu’à sa propre mort.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Grégoire (catholicos nestorien)/ Portail des chrétiens d’Orient/ Catégories : Patriarche de l’Église de l’Orient

Notes

[1] actuelle Bassora

[2] Séleucie du Tigre est une ville antique ruinée située en Irak, en face de Ctésiphon et à trente-cinq kilomètres environ de Bagdad. Elle fut une des plus grandes cités de Mésopotamie à la fin de l’Antiquité, s’inscrivant dans l’histoire entre Babylone et Bagdad. Fondée par le successeur d’Alexandre le Grand, Séleucos 1er Nicator, elle devint rapidement une très grande ville et un centre commercial incontournable. Après son passage dans l’empire parthe des Arsacides, elle resta fortement marquée par ses origines grecques, ce qui lui donnait une place à part dans l’empire et ne doit pas cacher le caractère très cosmopolite de l’agglomération. Souvent disputée par les Romains, la grande cité déclina au 3ème siècle, concurrencée par la fondation voisine de Coche par les souverains perses sassanides.

[3] mpachqana

[4] Le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.

[5] Ville située aux confins des empires romain et perse, passée plusieurs fois de l’une à l’autre domination, située aujourd’hui dans le sud-est de la Turquie

[6] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque.

[7] L’école théologique de Nisibe fut une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme. Elle fut la continuatrice de l’école d’Édesse (dite aussi école des Perses) après la fermeture de celle-ci en 489. Elle occupe une place importante dans l’histoire de l’Église de l’Orient.

[8] Le terme « hétérodoxe » vient du grec héteros (autre) et dóxa (opinion). Au sens littéral, il signifie donc « qui pense d’une autre manière (que la manière habituelle, dominante) ». C’est dans le domaine religieux, en particulier par rapport au christianisme orthodoxe, que le mot "hétérodoxe" prend son sens. Mais lorsque le monde occidental se sécularise, il s’applique à différents domaines de la vie publique, en premier lieu l’économie.

[9] L’Église syriaque orthodoxe est une Église orientale autocéphale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des trois conciles. Elle tire son surnom de « jacobite » du nom d’un de ses fondateurs, Jacques Baradée. Du fait des querelles christologiques (sur la nature du Christ) et des schismes qui s’ensuivirent, le titre de patriarche d’Antioche se trouve porté également par quatre autres chefs d’Église.

[10] La Chronique de Séert, dite aussi Histoire nestorienne, est un texte historiographique ecclésiastique arabe écrit par un écrivain nestorien anonyme vers 1036, et qui appartient à la littérature de l’Église d’Orient.

[11] Dara ou Daras est une forteresse byzantine marquant la frontière avec l’empire sassanide. Le site a été le théâtre d’importantes batailles entre les deux empires en 530 et en 573. Le village d’Oğuz se trouve dans la province de Mardin en Turquie à 30 km au sud-est de la ville de Mardin sur la route de Nusaybin (Nisibe).