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Jean Apokaukos

samedi 4 mars 2023, par ljallamion

Jean Apokaukos (vers 1155-1233)

Prélat byzantin

L'Empire de Nicée et ses voisins après la chute de Constantinople.Il joua un rôle politique, juridique et religieux important dans le despotat d’Épire [1]. Après avoir étudié à Constantinople [2], il devint évêque de Naupacte [3] et joua un rôle de premier plan dans la rivalité entre l’Église d’Épire et le patriarcat œcuménique de Constantinople [4] en exil dans l’Empire de Nicée [5]. Ses nombreuses lettres adressées aux autorités civiles, aux autres métropolites [6] et à ses suffragants ont fait de lui un écrivain important pour la connaissance de cette période.

Jean naquit dans la famille aristocratique des Apokaukos [7]. Il fut ordonné diacre [8] par son oncle, Constantin Manassès , métropolite de Naupacte vers 1180.

En 1185/1186, il devint notaire au patriarcat de Constantinople, poste auquel il fut reconduit en 1193. En 1199 ou 1200, soit quelques années avant la chute de Constantinople aux mains des Latins, il fut nommé métropolite de Naupacte, ville autrefois prospère devenue la proie des pirates et dont l’Église était réduite au 12ème siècle à l’état de pauvreté, avec un clergé d’une dizaine de clercs à peine. Il s’employa jusqu’en 1232 à lui rendre sa prospérité.

Pendant toute cette période, il n’eut de cesse de prêcher la résistance aux Latins tout en reconnaissant que si l’empire unifié demeurait un idéal, il n’existait plus dans les faits, permettant l’existence de deux empereurs, l’un à l’ouest, l’autre à l’est. AvecDémétrios Chomatènos ou Chomatianos et Georges Bardanès, il devint l’un des principaux avocats de l’indépendance politique et religieuse du despotat d’Épire face à l’Empire de Nicée. À la tête du synode des évêques épirotes, il demanda et obtint que l’archevêque autocéphale d’Ohrid [9], Démétrios Chomatènos, couronne en 1224 le despote d’Épire, Théodore Ange Doukas, empereur à Thessalonique [10], geste qui concernait à la fois l’empereur et le patriarche puisqu’il récusait en même temps la prétention de l’archevêque de Nicée à la succession des patriarches de Constantinople. Le schisme ainsi inauguré dura jusqu’en 1231.

En 1232, il se retira au monastère de Kozyle, près d’Arta [11], où il devait mourir l’année suivante.

Partisan de l’indépendance de l’Épire sur le plan politique, il se fit le défenseur des citoyens ordinaires sur le plan social et eut maille à partir avec le souverain local, Constantin Comnène Doukas , frère cadet du despote d’Épire, Théodore Comnène Doukas. Apokaukos protesta conte le gouvernement autoritaire et les taxes exagérées qui frappaient l’Église et, par conséquent, la population établie sur ses terres.

Ces conflits conduisirent à sa déposition et à son exil en 1220, conflit qui ne fut résolu qu’en mai de l’année suivante à la suite d’un synode réunissant les représentants des sièges apostoliques les plus importants de Grèce et d’Épire. Les relations devaient s’améliorer par la suite entre Constantin Comnène et Jean Apokaukos, et devenir suffisamment cordiales pour qu’Apokaukos rédige un “encomium” à la mémoire de ce dernier.

L’œuvre littéraire d’Apokaukos consiste en poésies de jeunesse, quelque 145 lettres dont plusieurs sont destinées à Michel Choniatès , alors métropolite d’Athènes, et Théodore Comnène, despote d’Épire, ainsi que divers documents du synode de Naupacte.

Sa correspondance, adressée à d’autres métropolites, à ses propres suffragants, aux autorités politiques d’Épire, bref à ceux qui pouvaient l’aider à redresser la situation économique de son territoire, se distingue de celle des autres écrits similaires de cette époque.

Ses lettres sont importantes tant pour la compréhension de l’histoire du despotat d’Épire que de la rivalité existant entre le despotat et l’Empire de Nicée pour la reconquête de Constantinople et le retour à l’unité de l’empire

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « John Apokaukos »

Notes

[1] Le despotat d’Épire est un des États successeurs de l’empire byzantin né après la quatrième croisade en Épire, une région qui s’étend sur la côte adriatique entre le sud de l’Albanie actuelle et le golfe de Corinthe. Le terme de despotat est formé sur celui de despote, qui désigne alors à la cour de Constantinople un membre de la famille impériale. Son équivalent le plus proche est prince ; un despotat serait donc une principauté.

[2] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[3] Lépante

[4] Le titre de Patriarche de Constantinople est porté par le chef de la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe qu’est le patriarcat œcuménique de Constantinople. Le titre de « patriarche » est traditionnellement porté par l’archevêché orthodoxe de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul). Ce diocèse est l’un des plus anciens de la chrétienté. Le patriarche de Constantinople est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Églises autocéphales formant l’Église orthodoxe

[5] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.

[6] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque. Dans l’Église orthodoxe d’aujourd’hui, les deux termes ont des usages distincts. Mais il faut distinguer l’usage grec, l’usage russe et l’usage roumain.

[7] Famille qui avait détenu d’importants postes civils et militaires depuis la fin du 10ème siècle

[8] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[9] Ochrid appartenait au 13ème siècle au despotat d’Épire. La ville d’Ohrid est née pendant l’Antiquité, elle s’appelait alors Lychnidos et possédait un théâtre antique et une acropole. Après les invasions slaves du début du Moyen Âge, la ville devient au 9ème siècle un grand centre religieux et culturel. Saint Clément d’Ohrid y fonde alors un grand monastère et participe à l’établissement de l’alphabet cyrillique et de la culture bulgaro macédonienne. Un siècle plus tard, Samuel 1er de Bulgarie fait d’Ohrid la capitale de son empire. Conquise par les Ottomans, Ohrid connaît un certain déclin avant de devenir au 19ème siècle un foyer de développement du nationalisme macédonien.

[10] Le royaume de Thessalonique est l’un des États latins qui apparurent après la conquête de Constantinople par les Croisés en 1204. Érigé autour de Thessalonique, qui avait été la deuxième ville en importance de l’empire byzantin, vassal de l’empire latin de Constantinople, son existence fut éphémère, se terminant vingt ans après sa création par la prise de la ville par le despote d’Épire, Théodore 1er l’Ange, et la création d’un « empire de Thessalonique » encore plus éphémère.

[11] Árta est une ville d’Épire en Grèce du nord. Elle est située, à 362 km d’Athènes, dans une boucle du fleuve Árachthos. La ville est dominée par sa forteresse du 13ème siècle : le frourion. Ses églises byzantines, dont l’église de la Parigoritissa (Notre-Dame de la Consolation), datant de 1290 font, avec son pont du 17ème siècle, sa réputation touristique. La ville est aujourd’hui un centre agricole (agrumes principalement) et artisanal (broderies et lainages flokates). Árta est aussi le siège de la métropole d’Árta et de l’Institut technologique de l’Épire.