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Urbain Grandier

samedi 29 octobre 2022, par ljallamion

Urbain Grandier (vers 1590-1634)

Prêtre français accusé de sorcellerie

Fils d’un notaire royal de Sablé-sur-Sarthe [1], Grandier fut, après son noviciat, nommé à 27 ans curé de l’Église Saint-Pierre-du-Marché et chanoine de l’Église Sainte-Croix de Loudun [2], dans le diocèse de Poitiers [3], en juillet 1617.

Cultivé, ses sermons du dimanche marqués par sa liberté de penser faisaient déplacer les foules. Il avait acquis une réputation de séducteur et eut plusieurs relations sexuelles et affectives avec des femmes. Il mit enceinte la fille du procureur du roi Louis Trincant, élève de 15 ans à qui il enseignait le latin, puis l’abandonna pour se mettre en ménage avec Madeleine de Brou, orpheline issue de la haute noblesse dont il avait la charge spirituelle et qu’il devait préparer à prendre le voile. Comme ils étaient amoureux l’un de l’autre, Madeleine de Brou réclama le mariage. Grandier construisit tout un argumentaire dans un pamphlet, le Traité contre le célibat des prêtres, alors que l’Église catholique menait sa Contre-réforme, pour pouvoir l’épouser secrètement en tenant le rôle du marié, du prêtre officiant et du témoin. Arrêté pour débauche, Grandier gagna son premier procès et revint à Loudun.

La supérieure mère Jeanne de Belcier dite Jeanne des Anges , du couvent des Ursulines [4] de Loudun, lui proposa peu après de devenir confesseur de sa communauté. Grandier se récusant, la mère supérieure porta son choix sur le chanoine Mignon, ennemi de Grandier qui réprouvait sa conduite. Pendant 10 ans, le père Mignon et des notables de Loudun menèrent une cabale contre le prêtre, enchaînant les procédures judiciaires pour mauvaise vie, impiété. Les historiens s’interrogent sur l’influence du cardinal de Richelieu dans cette affaire.

Loudun était une cité où cohabitaient réformés et catholiques, Richelieu voulait abattre son château, ce à quoi s’opposa Grandier. Enfin la ville de Loudun fut frappée par une épidémie de peste début 1632.

Des religieuses de ce couvent l’accusèrent en septembre 1632 de les avoir ensorcelées, en leur envoyant, entre autres, le démon Asmodée , pour les amener à commettre des actes impudiques avec lui. Grandier fut arrêté, interrogé et jugé par un tribunal ecclésiastique, qui l’acquitta.

Malheureusement pour lui, Grandier s’était, pour l’avoir publiquement attaqué en paroles, attiré l’hostilité du puissant cardinal de Richelieu qui ordonna un nouveau procès, qu’il confia à un homme spécialement envoyé par lui : Jean Martin de Laubardemont, un parent de la mère supérieure.

La procédure extraordinaire imposée par Richelieu ne donna pas le droit à Grandier, arrêté de nouveau à Angers [5], de faire appel au Parlement de Paris [6]. Interrogées une deuxième fois, les nonnes et jusqu’à la mère supérieure ne répétèrent pas leurs accusations, mais cela ne changea rien au procès où tout était décidé d’avance.

Après avoir torturé Grandier aux brodequins [7], les juges produisirent des documents prétendument signés par le prêtre et plusieurs démons comme preuve qu’il avait passé un pacte diabolique.

Malgré la défense de son ami Claude Quillet , Grandier fut reconnu coupable et condamné à mort. Les juges ordonnèrent sa mise à la question extraordinaire [8].

Malgré la torture, Grandier refusa d’avouer ce dont on l’accusait. Il fut brûlé vif

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Urbain Grandier »

Notes

[1] Sablé-sur-Sarthe est une commune française située dans le département de la Sarthe. Sablé-sur-Sarthe est située au carrefour du Bassin parisien, de la Normandie, de la Bretagne, du Centre-Val de Loire et des Pays de la Loire. Elle est traversée par la Sarthe et deux de ses affluents : l’Erve et la Vaige.

[2] Loudun est une commune du Centre-Ouest de la France, située dans le département de la Vienne. En 1542, lors de la création de la généralité de Tours, la sénéchaussée de Loudun intègre cet ensemble territorial constitué par les provinces d’Anjou, du Maine et de la Touraine. En 1568, les luttes entre protestants et catholiques reprennent. Henri, roi de Navarre, alors âgé de 16 ans se trouve à Loudun avec l’armée protestante. Les protestants brûlent la collégiale Sainte-Croix, le couvent de l’église des Carmes (Saint-Hilaire-du-Martray) et l’échevinage. Le duc d’Anjou (futur Henri III) fait le siège de Loudun pour récupérer la cité aux mains des protestants. En 1569, Coligny assiège Poitiers, mais l’arrivée de l’armée royale le force à lever le siège. L’affrontement a lieu lors de la bataille de Moncontour : le duc d’Anjou inflige une défaite sanglante aux Huguenots. En 1579, le roi Henri III élève Loudun au rang de duché non héréditaire au profit de Françoise de Rohan. En 1584, Henri III donne l’ordre de faire détruire la forteresse érigée par Philippe II Auguste, le palais des ducs-rois d’Anjou-Sicile et l’enceinte fortifiée de Loudun. En 1587, Henri de Navarre s’empare de Loudun, ainsi que de Vivonne, Mirebeau et Châtellerault. En 1605 fut prévu un siège de présidial à Loudun, qui aurait compris le bailliage de Chinon, mais l’opposition de Tours et Poitiers empêcha le projet d’aboutir. En 1616, pour mettre un terme à une nouvelle révolte des nobles, la paix de Loudun (désastreuse pour la Cour) est signée entre Marie de Médicis (la régente) et le prince de Condé.

[3] L’archidiocèse de Poitiers est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, il s’étend depuis le Concordat de 1801 sur deux départements, les Deux-Sèvres et la Vienne.

[4] L’ordre de Sainte-Ursule est un ordre religieux catholique fondé en novembre 1535 à Brescia en Lombardie (Italie) par sainte Angèle Mérici. Il se consacre principalement à l’éducation des filles ainsi qu’aux soins des malades et des nécessiteux dans de nombreuses maisons qui en vinrent à être appelées couvents des Ursulines.

[5] Angers est une commune de l’Ouest de la France située au bord de la Maine, préfecture du département de Maine-et-Loire. Capitale historique et place forte de l’Anjou, berceau de la dynastie des Plantagenêts, Angers est l’un des centres intellectuels de l’Europe au 15ème siècle sous le règne du « bon roi René ». La ville doit son développement comme son rôle politique et historique à sa position au niveau d’un point de convergence géologique, hydrographique, culturel et stratégique.

[6] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».

[7] La torture des brodequins fut utilisée en France jusqu’en 1780 pour soutirer des aveux. Inscrit dans le système judiciaire du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, ils étaient conçus pour broyer les jambes. Les blessures étaient souvent si sévères que les os éclataient.

[8] forme de torture qui était d’habitude fatale, mais pas immédiatement, et qui n’était donc appliquée qu’aux victimes qui devaient être exécutées ensuite