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Abū Qabūs Al-Nu’man III ibn al-Mundhir dit Nuʿman

dimanche 9 octobre 2022, par ljallamion

Abū Qabūs Al-Nu’man III ibn al-Mundhir dit Nuʿman (mort en 602)

Dernier roi lakhmide d’al-Hira

Né d’une mère juive de Khaybar [1], il est toutefois baptisé selon le nestorianisme [2] par Siméon ibn Jabir en 594. Il hérite de son père le royaume d’al-Hira [3] en 582 qu’il gouverne jusqu’à sa mort en 602.

Il reçoit dans son palais plusieurs poètes notoires tels qu’al-Yachkari, al-Mouthaqqib al-ʿAbdi ou encore al-Nabigha al-Dhubyani. Ce dernier est notamment célèbre pour avoir adressé à Nuʿman son grand poème d’apologie, inclus parfois dans les Muʿallaqat [4].

La fin du règne d’al-Nuʿman viendrait de ce qu’il a refusé la main de sa fille au roi sassanide [5] d’Iran, Khosro II. Celui-ci réussit à l’emprisonner, et l’aurait condamné à être exécuté. Cette mort d’al-Nuʿman est l’une des causes de la célèbre bataille de Dhi Qar [6].

Le roi Nuʿman a laissé son nom à la ville irakienne Nuʿmaniyya [7] qu’il bâtit de son vivant sur la rive droite du Tigre [8].

Le nom Nuʿman est également associé dans la littérature arabe à l’anémone couronnée. Cette plante aurait fleuri pour la première fois dans les fissures de la tombe de Nuʿman, après son supplice ordonné par Khosro II.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Nuʿman/ Portail du Proche-Orient ancien/ Catégories : Lakhmides

Notes

[1] Khaïbar a opposé, lors de la septième année de l’Hégire (628-629), Mahomet et ses fidèles aux Juifs vivant dans l’oasis de Khaybar, située à 150 kilomètres de Yathrib, actuelle Médine, dans la partie nord-ouest de la péninsule arabique, actuellement en Arabie saoudite. La ville était assez riche, bien fortifiée et majoritairement peuplée de juifs avant cette expédition. Au 7ème siècle, Khaybar était habitée par des juifs, qui furent les premiers à mettre en culture l’oasis. Vivant de la plantation de palmiers dattiers, du commerce, de l’artisanat, ils avaient réussi à accumuler une richesse considérable. Certains objets trouvés par les musulmans dans une redoute à Khaybar tels qu’un engin de siège, 20 balles d’habits yéménites et 500 capes, confirment une activité commerciale intense des juifs. Selon les sources musulmanes, les juifs vaincus négocièrent afin de demeurer à Khaybar et de continuer à pratiquer la religion juive, en échange de leurs biens (leur trésor) et du paiement d’un impôt (la moitié de leur récolte). Le sort des juifs de Khaybar diffère ainsi de celui des deux autres tribus juives de Médine, expulsées ou tuées, les Banu Nadir et les Banu Qurayza. Les habitants juifs de Khaybar furent donc épargnés.

[2] Le nestorianisme est une doctrine christologique affirmant que deux personnes, l’une divine, l’autre humaine, coexistent en Jésus-Christ. Cette thèse a été à l’origine défendue par Nestorius, patriarche de Constantinople de 428 à 431. Après la condamnation de Nestorius et de son enseignement, le nestorianisme devient une hérésie. Les Nestoriens rejettent les formulations dogmatiques issues du concile d’Éphèse et des conciles suivants. Le nestorianisme est une des formes historiquement les plus influentes du christianisme dans le monde durant toute la fin de l’Antiquité et du Moyen Âge à partir de l’Église d’Orient.

[3] L’un des premiers royaumes arabes en dehors de l’Arabie s’établit à Al-Hîra. La dynastie locale des Lakhmides, vassale des Sassanides depuis Shapur II, a pour mission de protéger l’empire Sassanide des incursions des autres tribus arabes. Elle devient la capitale des Lakhmides au 5ème au 6ème siècles. Au 6ème siècle, Al-Hira est à son apogée. Les Lakhmides ornent la ville de palais et de châteaux et en font un important centre de la culture arabe, du christianisme et de la poésie arabe, attirant certains des poètes les plus connus de l’Arabie préislamique tels que Ṭarafah ibn al-ʿAbd ou Al-Nābighah al-Dhubyānī. La tradition raconte que l’écriture arabe s’y est développée. Al-Hîra est longtemps chrétienne, au moins fortement christianisée, par l’activité missionnaire. Elle a ses anachorètes et certains saints, comme Siméon le Stylite. Elle est le siège d’un évêché de l’Église de l’Orient. Les rois Lakhmides ne sont pas chrétiens, sauf exception. Ils deviennent chrétiens nestoriens vers 594, construisent un monastère à proximité, puis d’autres (jusqu’à vingt), lieux de dévotion et d’écriture, qui ont beaucoup fait rêver, permettent la rédaction de livres comme les livres de Hîra, aujourd’hui disparus et exercent une forte influence sur la vie religieuse de l’Orient, aidant le monothéisme chrétien à pénétrer dans la péninsule arabique

[4] Les Mu’allaqāt, les Suspendues ou les Pendentifs, sont un ensemble de qasidas préislamiques jugées exemplaires par les poètes et les critiques arabes médiévaux. Rassemblées à la même époque que les Asma’iyyât et les Mufaddaliyyât, les Mu’allaqât constituent la plus célèbre des anthologies de la poésie pré-islamique. Elles occupent une place centrale dans la littérature arabe, où elles représentent les pièces les plus excellentes d’une poésie qui fournit à l’époque classique ses genres majeurs, ses valeurs et ses thèmes paradigmatiques. Le terme Mu’allaqât signifie littéralement Suspendues. L’interprétation la plus ancienne et la plus populaire mais à considérer avec prudence, apparue au 9ème siècle, veut que ces odes aient été jugées si excellentes qu’elles auraient été brodées en lettres d’or puis suspendues à la Ka’ba de La Mecque

[5] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[6] La bataille de Dhi Qar est une bataille préislamique qui s’est déroulée en 611 (certains indiquent 604) entre les Arabes et les Perses (sassanides) à Dhi Qar (dans l’actuel Irak). Selon l’historien arabe Abu Obayda (mort en 824), Khusraw Parviz (Khosro II) était fâché avec le roi Nuʿman qui refusait de lui donner sa fille en mariage, et il l’a donc fait exécuter. Plus tard, Khosro II envoie des troupes pour récupérer les armures de famille de Numan, mais Hany bin Masud (l’ami de Numan) refuse, et les forces persanes sont défaites à la bataille de Dhi Qar, près d’Al-Hira, la capitale de la dynastie des Lakhmides.

[7] Nuʿmaniyya (ou Al-Na’maniya) est une ville irakienne située sur la rive droite du Tigre dans la province de Wasit, à environ 140 km au sud-est de Bagdad. Elle doit son nom à son bâtisseur lakhmide Nuʿman. Elle abrite le tombeau du poète Mutanabbi, et divers centres d’entraînement de l’armée irakienne.

[8] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.