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L’histoire pour le plaisir

Kılıç Arslan 1er

mercredi 22 juin 2022, par ljallamion

Kılıç Arslan 1er (mort en 1107)

Sultan seldjoukide de Roum de 1092-1107

"Une carte montrant le Grand Empire seldjoukide à son apogée, à la mort de Malik Shah Ier en 1092 (source : wiki/Seldjoukides)"Fils et successeur de Süleyman 1er. Après la mort au combat de son père à Alep en 1086, il est capturé par le vainqueur Tutuch, fondateur de la dynastie seldjoukide [1] de Syrie [2]. Le sultanat de Rum [3] est alors confié au régent Ebul Kasim Saltuk . Tutuch marche sur l’Anatolie [4] afin de l’éliminer. Les Byzantins [5] l’obligent à se retirer, sauvant du désastre les seldjoukides de Roum.

Profitant de la mort du sultan seldjoukideMalik Châh 1er en 1092, Kılıç Arslan regagne l’Anatolie à la fin de l’année. L’émir de Smyrne [6], Zachas , lui offre la main de sa fille pour s’en faire un allié contre Byzance [7]. Kılıç Arslan le fait assassiner l’année suivante pour obtenir la faveur d’Alexis 1er Comnène.

Il a 17 ans quand commence la première croisade [8]. Il anéantit la croisade populaire de Pierre l’Ermite au camp de Civitot [9], près de Nicée [10] le 21 octobre 1096. Croyant le danger écarté, il se retourne alors contre ses ennemis turcs à l’Est.

En mai 1097, Kılıç Arslan est en campagne dans la région de Malatya [11]. Les Croisés assiègent Nicée avec le soutien de l’empereur byzantin Alexis 1er Comnène.

Kılıç Arslan conclut une trêve avec Danichmend et marche vers l’ouest mais doit se replier le 21 mai sur Konya [12] devant l’ampleur des forces croisées.

Nicée est livrée aux Byzantins le 19 juin. Les dignitaires du sultanat sont épargnés et la jeune sultane, accompagnée de son nouveau-né, est reçue à Constantinople avec les honneurs royaux. Elle est conduite auprès de son frère, l’émir de Smyrne, qui devant la menace franque et byzantine abandonne ses possessions en Égée [13] pour reconduire sa sœur auprès de Kılıç Arslan.

Kılıç Arslan conclut alors une alliance avec Danichmend et rassemble les Turcs, tandis que les Francs quittent Nicée pour marcher sur Konya. Les Turcs leur tendent une embuscade près de Dorylée [14] le 1er juillet 1097. Mais la cavalerie légère turque ne peut rien contre les armures des chevaliers francs qui forcent le passage.

Kılıç Arslan, encerclé, prend la fuite, suivi par Danichmend et la plupart des émirs. L’armée turque restée sur place est taillée en pièces. Les Francs traversent lentement l’Anatolie et le 21 octobre 1097, mettent le siège devant Antioche [15] puis se lancent à la conquête de la Syrie et de la Palestine [16].

Durant l’été 1101, les Turcs provisoirement unis massacrent 3 expéditions de croisés qui traversaient l’Anatolie.

En 1106, Kılıç Arslan prend Mayyafarikin [17] aux Artukides [18] et Malatya qu’il convoitait depuis longtemps.

En 1107, Kılıç Arslan, appelé par les habitants de MossoulMossoul est une ville du nord de l’Irak, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute mésopotamie. Appartenant de jure à l’Irak, Mossoul est située sur les ruines de Ninive. C’est la ville qui lui a succédé comme métropole régionale à l’époque chrétienne. Elle est alors d’obédience nestorienne et abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs. Prise en 641 par les Arabes, elle devient le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C’est à cette époque qu’elle devient réputée pour ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre. Au 10ème siècle, l’émirat de Mossoul acquiert une quasi-indépendance avant de devenir au 11ème siècle la capitale d’un État seldjoukide. Au 13ème siècle, elle est conquise et pillée par les Mongols. En 1262, elle passe sous domination perse, puis ottomane., entre dans la ville, chasse l’atabeg [19] Jâwali Saqâwâ et s’y fait proclamer sultan.

Il nomme son fils Malik Shah de 11 ans comme son lieutenant. Vaincu par le Grand seldjoukide Muhammad 1er (Seldjoukide) , il doit se replier et se noie en traversant le fleuve Khabur.

Resté à Mossoul, Malik Shah est fait prisonnier et emmené à Ispahan [20].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Janine et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, Éd. PUF, (ISBN 978-2-130-54536-1), article Seljoukides, p. 740-743 et l’article Kiliç Arslan p. 481.

Notes

[1] es Seldjoukides, sont les membres d’une tribu turcique qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l’Irak actuel, et l’Asie Mineure, entre le milieu du 11ème siècle et la fin du 12ème siècle.

[2] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[3] Le sultanat de Roum (c’est-à-dire du « pays des Romains ») ou sultanat d’Iconium est un sultanat seldjoukide établi de 1077 à 1307 en Anatolie à la suite de la bataille de Mantzikert. Le sultanat est établi à la suite d’un accord entre l’Empire byzantin et le chef seldjoukide Süleyman 1er Shah. Son nom se réfère aux “romains” au sens où l’entendaient les Arabes puis les Turcs entre les 7ème et 15ème siècles : les anciens citoyens de l’Empire romain d’Orient (que l’on nomme communément, à partir du 16ème siècle donc a posteriori : « Empire byzantin ») devenus sujets (dhimmis) des seldjoukides.

[4] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] aujourd’hui Izmir, en Turquie

[7] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[8] La première croisade s’est déroulée de 1096 à 1099 à la suite, entre autres, du refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem. Cette croisade s’achève par la prise de Jérusalem et la création du royaume chrétien de Jérusalem.

[9] Civitot est le nom d’un camp militaire de la première croisade, installé à proximité de Nicée et où s’installa la croisade populaire de Pierre l’Ermite peu après son arrivée à Constantinople en 1096.

[10] Nicée est une cité fondée vers 300 av. jc, tour à tour hellénistique, byzantine et ottomane du Nord-Ouest de l’Anatolie. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée en, respectivement, 325 et 787, le lieu où fut rédigé le symbole de Nicée (datant du premier concile) et la capitale de l’empire de Nicée après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204 jusqu’à ce que cette dernière soit reprise par les Byzantins en 1261. La ville ancienne est située dans le périmètre de la nouvelle ville turque d’Iznik (dont le nom dérive de Nicée) à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’hui lac d’İznik), entouré de collines au nord et au sud.

[11] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne et kurde. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie. Mélitène fut un grand centre du christianisme monophysite. Byzantine, la ville tombe aux mains des Arabes au 7ème siècle. Basile 1er l’isole mais ne réussit pas à la prendre. Reprise par les Byzantins en 934, la cité est ensuite intégrée aux possessions de Philaretos Brakhamios, serviteur arménien de l’empire qui prend son autonomie à la mort de Romain IV Diogène, en 1071. Après sa chute en 1085, Mélitène est défendue par son lieutenant Gabriel contre les Seldjoukides, qui assiègent la cité en 1097. L’arrivée des Croisés les oblige cependant à lever le siège et à quitter la région. Malgré l’alliance avec Baudouin du Bourg, comte d’Édesse, Mélitène est prise en 1103 par les Danichmendides. Militène fut le siège du patriarcat jacobite de 1094 à 1293.

[12] Konya est l’ancienne Iconium de l’Antiquité, capitale de la Lycaonie. Elle est une ville connue pour ses tapis à motifs de maisons (en frise) et ses etliekmek. Elle abrite dans la mosquée d’Ala’ad Dîn le mausolée dynastique où sont enterrés huit sultans du sultanat d’Iconium, ainsi que le mausolée de Jalâl ud Dîn Rûmî, appelé couramment Mevlana, un mystique persan soufi, fondateur de l’ordre des derviches tourneurs.

[13] La mer Égée est une mer intérieure du bassin méditerranéen, située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Elle s’étend de la côte thrace et du détroit des Dardanelles au nord jusqu’à la Crète au sud.

[14] Dorylée ou Dorylaion est une ancienne cité d’Anatolie, en Turquie. Ses ruines sont aujourd’hui situées à proximité de la ville d’Eskişehir. La ville existe déjà sous les Phrygiens, mais pourrait être plus ancienne. Après la conquête d’Alexandre le Grand, les terres restées au nord du ruisseau Porsuk sont donnés au royaume de Bithynie, celles restées au sud passant aux rois galates. Sous l’empire romain, la ville est un important centre commercial ; base militaire, elle devient également le siège d’un évêché.

[15] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[16] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[17] de nos jours Silvan

[18] Les Artukides, Artuqides, Ortokides ou Ortocides, c’est-à-dire fils d’Artuq (Ortok), dynastie turcomane, s’établit en Syrie et en Arménie en 1082. Les Artukides se reconnaissaient comme vassaux de Duqaq, roi de Damas, fils de Tutuş.

[19] Atabeg, atabey ou atabek (père du prince) est un titre de noblesse turc. À l’époque des Seldjoukides, il s’agissait d’un dignitaire jouant le rôle de tuteur d’un jeune prince. Quand un prince seldjoukide mourait, la régence était attribuée à un atabeg chargé de protéger et de guider les héritiers. Ils épousaient souvent les mères veuves et, de ce fait, assumaient d’une certaine manière la paternité par procuration. Aux 11ème et 12ème siècles, des dynasties ont été fondées par des mamelouks affranchis qui occupaient des hauts postes administratifs dans la cour des puissants émirs. À la mort de ces derniers, ils se sont retrouvés titulaires eux-mêmes de la régence et ont privé les héritiers de la légitimité de leur pouvoir, profitant de l’occasion pour usurper le trône. Ces usurpateurs prirent le titre d’atabeg car ils n’osaient pas prendre le titre de sultan. Aussi, le 12ème siècle, en Mésopotamie (Irak) est l’« âge des atabegs » (des régents). Ils ont fondé différentes dynasties et ont placé leurs héritiers, les émirs seldjoukides, dans diverses principautés.

[20] Ispahan ou Isfahan est une ville d’Iran, capitale de la province d’Ispahan. Elle est située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Téhéran. Ispahan a été capitale de l’empire perse sous la dynastie des Safavides entre le 16ème siècle et le 18ème siècle. La ville est bien irriguée et sa verdure offre un contraste bien particulier avec les étendues désertiques qui l’entourent. Les travaux entrepris sous le chah Abbas faisant d’Ispahan une vitrine de l’architecture et de l’art safavide extrêmement raffiné, ainsi que les nombreux monuments islamiques construits entre le 11ème et le 19ème siècle, font d’Ispahan un des joyaux du Moyen-Orient.