C’est le scientifique du gouvernement. Il y détient deux portefeuilles : la Guerre et la Marine, dont dépendent les colonies jusqu’en 1881
Aux yeux des observateurs c’est aussi un des hommes du National [1].
Originaire d’Estagel [2] dans les Pyrénées petite ville dont son père était le maire.
Il est l’aîné et le plus célèbre de sa fratrie, les 5 autres étant Jean , général au service du Mexique [3], Jacques , écrivain et explorateur, Victor et Joseph militaires, et Étienne écrivain et homme politique
Fils aîné de François Bonaventure Arago , propriétaire terrien, maire d’Estagel et juge de paix du canton en 1790 puis directeur de l’Hôtel de la Monnaie à Perpignan [4] en 1795, et de Marie Anne Agathe Roig , fille d’un paysan aisé de la région.
Il fait ses études secondaires au collège communal de Perpignan [5], puis ses études supérieures à l’École polytechnique [6] qu’il intègre en 1803, âgé de 17 ans afin de devenir officier. Il est reçu 6ème du concours d’entrée et devient porte-drapeau de l’École.
Remarqué par Monge et Laplace , il est nommé en 1805 secrétaire du Bureau des longitudes de l’Observatoire de Paris [7]. Il y mène des recherches en physique expérimentale sur la réfraction des gaz avec Jean-Baptiste Biot , professeur au Collège de France [8].
Tous deux proposent très vite à l’Observatoire de poursuivre jusqu’aux Baléares [9], la mesure de la méridienne passant par Paris. Ce calcul avait été entrepris par Pierre François André Méchain et Jean-Baptiste Delambre à la demande de la Convention : à partir de 1791, le méridien Dunkerque-Rodez-Barcelone fut mesuré par la méthode de triangulation [10] afin d’établir le mètre comme la dix millionième partie d’un quart de méridien terrestre. Chargé de la partie sud du méridien, Méchain mourut de la fièvre jaune en 1804 en Espagne près de Valence [11].
En 1806, il est envoyé en Espagne, à Majorque [12] avec Jean-Baptiste Biot pour poursuivre le relevé du méridien de Paris.
Alors que Arago et Biot sont en Espagne, la guerre éclate en 1808. L’entreprise scientifique connaît de nombreuses aventures
Pris dans la guerre d’Espagne [13], alors qu’il pratique seul une opération de triangulation, il est fait prisonnier. Interné au château de Bellver [14], il s’évadera plusieurs fois. Arago peut rentrer en France en 1808. Avec un certain humour, il fait le récit de ses mésaventures dans “Histoire de ma jeunesse”.
En 1809, il est élu à la chaire d’astronomie à l’Académie des Sciences [15] à seulement 23ans. Il en sera le secrétaire perpétuel de 1830 à sa mort, et succède à Monge comme professeur de géométrie à l’Ecole polytechnique. Il prend le titre de professeur adjoint en 1812. Il restera près de 20 ans professeur à Polytechnique.
Le 11 septembre 1811, Arago épouse Lucie Carrier-Besombes, fille d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, le couple aura 3 fils.
Parallèlement, il poursuit sa carrière à l’Observatoire de Paris, qui dépend du Bureau des longitudes. Après avoir été secrétaire bibliothécaire, il est nommé membre adjoint du Bureau en 1807. Il en deviendra membre titulaire en 1822, à la mort de Delambre.
De 1813 à 1846, il dirige et enseigne à l’Observatoire de Paris. Esprit curieux et ouvert, ses recherches portent tout autant sur l’astronomie, que le magnétisme et la lumière. Il met en évidence en 1811 la polarisation chromatique utilisée par les chimistes pour identifier certains minéraux, plus tard en 1820, la magnétisation du fer par le passage d’un courant électrique à travers une bobine de cuivre. Arago détermine également le diamètre de certaines planètes et explique le phénomène de scintillement des étoiles par celui des interférences.
Arago, d’abord adepte de la théorie corpusculaire de la lumière, est convaincu par la théorie ondulatoire de son collègue Fresnel , qu’il aide pour faire ses expériences à l’Observatoire ou présenter ses résultats à l’Académie des sciences. Avec Biot, il détermine l’indice de réfraction de l’air et d’autres gaz.
En 1816, il crée un cours original d’arithmétique sociale, donnant aux élèves des notions de calcul des probabilités, d’économie mathématique et de démographie.
En 1825, il est chargé avec Dulong de déterminer la tension de la vapeur d’eau à des pressions dépassant 3 MPa, soit 30 atm. Ses autres études sont consacrées à l’astronomie, au magnétisme et à la polarisation de la lumière. Il détermine, par exemple, le diamètre des planètes et explique entre autres la scintillation des étoiles à l’aide du phénomène des interférences.
Parallèlement à ses recherches, il réforme l’Académie des sciences, dont il est devenu le président dès 1824. Sensible à la vulgarisation scientifique il crée les séances publiques de l’Académie, et pour permettre de meilleurs échanges entre les chercheurs, il organise des Comptes Rendus de l’Académie.
La mort de son épouse, en août 1829, est parfois avancée comme l’une des raisons qui l’ont poussé à se tourner vers la vie publique, tant sur le plan scientifique que politique.
Après avoir été élu secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il remporte ses premiers succès électoraux.
En 1830, François Arago fait son entrée en étant élu député des Pyrénées-Orientales, et est réélu plusieurs fois en 1834, 1837, 1839, 1842 et 1846. Membre du Conseil général de la Seine, il le préside à deux reprises entre 1830 et 1849. Parlementaire jusqu’au coup d’Etat de 1852 [16], Arago prend parti pour l’adoption du télégraphe électrique et soutient les projets de développement des machines à vapeur en France.
Candidat aux élections législatives dans les Pyrénées-Orientales, le journal L’Indépendant des Pyrénées-Orientales [17] est fondé en 1846 afin de le soutenir. Il est alors élu avec succès cette même année remportant 98,9 % des suffrages exprimés. Il choisit cependant de représenter la Seine, où il est élu simultanément et avec un score aussi enthousiaste.
Parallèlement à ses recherches, Arago soutient de nombreux scientifiques et collabore volontiers à leurs recherches, parmi lesquels Fresnel, Ampère , Le Verrier qui détermine en 1846 la position d’une planète perturbant les mouvements d’Uranus : Neptune. Il est également très intéressé par les progrès de la photographie et soutient Daguerre .
En 1834, il prend le titre, dont il avait proposé la création au Bureau, de directeur des observations à l’Observatoire de Paris, que dirige l’astronome Alexis Bouvard . À la mort de Bouvard, en 1843, il devient directeur de l’Observatoire et le reste jusqu’à sa mort.
Défendant des valeurs “de gauche”, il s’oppose à toutes les lois de limitation de la liberté de la presse, sur les cours d’assise. Il soutient les initiatives républicaines en faveur de l’enseignement et devient en 1833 vice-président de l’Association libre pour l’éducation du peuple. Il défend l’idée de remplacer le latin et le grec par des langues vivantes dans l’enseignement primaire.
Toujours soucieux de protéger également les scientifiques et la recherche, il participe activement à l’élaboration de la loi du 6 juillet 1844 sur la protection des inventions et la création des brevets.
Il est colonel de la Garde nationale, puis une des figures du parti républicain pendant la monarchie de Juillet.
Après la révolution de 1848, il devient ministre de la Guerre, de la Marine et des Colonies dans le gouvernement provisoire de la Seconde République, mis en place par Lamartine puis membre de la Commission exécutive, dont il est la figure dominante, assumant de fait durant un mois et demi une charge proche de celle de chef de l’État.
Son choix de Schœlcher comme secrétaire d’Etat aux Colonies est déterminant dans la décision d’abolir l’esclavage dans un contexte politique instable. Il signe le 27 avril, malgré de nombreuses pressions, le décret abolissant l’esclavage et son application immédiate dans les colonies.
Scientifique unanimement reconnu, homme aux valeurs humanistes, fervent républicain, il est Président du Comité exécutif du 9 mai jusqu’à sa dissolution le 24 juin 1848.
Après la révolution de 1848 et l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte comme président de la IIe République, François Arago se retire progressivement de la vie politique et se consacre à l’édition de ses mémoires.
Il refuse par la suite de prêter le serment de fidélité à Louis-Napoléon Bonaparte qui est exigé des fonctionnaires et préfère démissionner de son poste au Bureau des longitudes. Le prince président refuse sa démission, le dispensant implicitement du serment d’allégeance
Après le coup d’État du 2 décembre 1851 qui aboutit à la création du Second Empire, il démissionne de ses fonctions. Napoléon III demande qu’il ne soit pas inquiété. Arago quitte la France
Malade, souffrant de diabète et de diverses affections, Arago meurt dans l’année qui suit, le 2 octobre 1853. Lors de ses obsèques, plusieurs dizaines de milliers de personnes assistèrent au passage du cortège entre l’Observatoire et le cimetière du Père-Lachaise où il est inhumé.
Dans ses mémoires, Alexandre Dumas lui rend un vibrant hommage.