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Abū Ḫālid An-Nāqiṣ Yazīd ibn Al-Walīd dit Yazīd III le Réducteur

mardi 28 septembre 2021, par lucien jallamion

Abū Ḫālid An-Nāqiṣ Yazīd ibn Al-Walīd dit Yazīd III le Réducteur (705-744)

Douzième calife omeyyade

le Califat omeyyade en 750Il succède à son cousin Al-Walīd II en 744. Il est le fils d’Al-Walīd 1er et d’une princesse sogdienne [1]. À la mort de son père, il ne peut lui succéder, étant trop jeune. Pendant le règne de son cousin Al-Walīd II, Yazīd se prononce contre son attitude, jugée immorale, ainsi que sa politique qui favorise les Arabes, notamment les Banū Qays [2], aux dépens des Yéménites [3] et des non Arabes. Yazīd reçoit le soutien de nombreuses factions, notamment les qadarites, et finit par renverser Al-Walīd II. Les fils de ce dernier, qui avaient été choisis de son vivant pour lui succéder, sont emprisonnés.

Lorsqu’il devient calife, Yazīd III promet de bien gérer les finances du Califat, notamment en évitant de se lancer dans des travaux de construction, de dépenser de l’argent pour femmes et enfants et de transférer des fonds d’une province à l’autre, sans raison. Il promet également de ne pas maintenir les troupes sur le terrain trop longtemps, d’éviter les sur-taxations, de lutter contre les discriminations et de rendre ses paiements à temps. Aussi, il promet d’abdiquer s’il ne tient pas ses promesses, et tient au principe électif du califat. Yazīd III tient son surnom de Réducteur du fait de sa réduction des rentes militaires de 10 %.

Yazīd III laisse le gouvernement de l’Arménie [4] à Marwān ibn Muḥammad et celui du Khorassan [5] à Naṣr ibn Sayyār Al-Layṯiyy . Il remplace cependant Yūsuf ibn Umar par Manṣūr ibn Ǧumhur en tant que gouverneur d’Irak [6]. Yūsuf ibn Umar, qui avait torturé puis tué Ḫālid ibn Abd Allāh, est tué par le fils de ce dernier.

Yazīd III meurt d’une tumeur cérébrale le 3 ou le 4 octobre 744, après 6 mois de règne. Son frère Ibrāhīm lui succède.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Philip Khuri Hitti, History of Syria : Including Lebanon and Palestine, Gorgias Press, 30 janvier 2004 (ISBN 1593331193)

Notes

[1] Les Sogdiens étaient un peuple de langue indo-européenne de la branche des langues iraniennes (comme les Scythes), qui vivait autrefois dans une région recouvrant une partie des actuels Turkménistan oriental, Ouzbékistan, Tadjikistan occidental et Afghanistan septentrional, englobant Samarcande et Boukhara, région à laquelle ils ont donné leur nom : la Sogdiane. Important peuple de commerçants, ayant joué un rôle fondamental dans le développement de la route de la soie et des routes commerciales de l’Asie centrale, les Sogdiens ont connu un apogée entre le début de l’ère chrétienne et le 7ème siècle. Héritiers des civilisations précédentes, ces « Phéniciens » de l’Asie centrale en ont accumulé et transmis les richesses et complexités jusqu’au 8ème siècle

[2] Qayssites, Banu Qays ou Banu Qays ‘Aylān est le nom d’une ancienne confédération arabe d’origine adnanite de souche ismaélite. Ils font partie des Arabes du nord (musta’riba), ils auraient eu pour ancêtre Adnan, descendant d’Ismaël, fils d’Abraham. À l’époque préislamique ce groupe était constitué de beaucoup de tribus, comme les Banu Sulaym, les Banu Ghatafan, les Thaqif, les Banu Amir ibn Sa’sa’ah ou les Abs. Ils étaient proches également des Banu Tamim et des Taghlib qui vivaient déjà en Mésopotamie. Les Qayssites affirment avoir eu comme ancêtre Mudhar, dont Qays Aylan aurait été le fils. Les Qayssites ont participé aux conquêtes musulmanes, et se sont érigés en confédération à l’époque des Omeyyades.

[3] Le Yémen est l’un des plus anciens centres de civilisation du Moyen-Orient, dans l’antiquité le pays était un territoire du Royaume de Saba. Le royaume de Saba est un royaume habituellement situé en Arabie du sud, actuel Érythrée, Yémen et nord de Éthiopie. Ce royaume, évoqué par la Bible et le Coran, a bel et bien existé, mais il est difficile de séparer le mythe de l’histoire. Ses habitants s’appellent les sabéens. Les sources suggèrent une existence bien postérieure à la période biblique du règne de Salomon.

[4] L’Arménie fut la première nation à adopter le christianisme comme religion d’État en 301. Bien que l’Arménie actuelle soit un pays constitutionnellement séculier, la religion chrétienne y tient une place importante. Au 9ème siècle, le royaume d’Arménie est rétabli par la dynastie bagratide. Les guerres contre les Byzantins l’affaiblirent jusqu’à sa chute en 1045 puis l’invasion des Turcs seldjoukides s’ensuivit. La principauté et ensuite le royaume arménien de Cilicie a perduré sur la côte méditerranéenne entre les 11ème et 14ème siècles.

[5] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran. Dans sa longue histoire le Khorassan a connu de nombreux conquérants : Grecs, Arabes, Turcs, Mongols, etc.

[6] L’Irak est le berceau de la civilisation sumérienne, civilisation qui a inventé le plus ancien système d’écriture connu, le cunéiforme, et qui maîtrisait à un haut niveau les techniques d’irrigation. L’histoire de l’Irak commence avec les cités-États de Mésopotamie, en particulier Uruk, Ur et Babylone. La région est ensuite dominée par les Hittites, puis par les Assyriens, et par les Mèdes. En 586 avant l’ère commune, Nabuchodonosor II, souverain de Babylone, y déporte, après la prise de Jérusalem, 20 000 Juifs qui forment le noyau de la plus vieille diaspora juive au monde. Les vallées du Tigre et de l’Euphrate appartiennent ensuite à une succession d’empires : empires achéménide (qui apportent le zoroastrisme, religion encore présente dans certaines provinces), grec (à travers les conquêtes d’Alexandre le Grand), sassanide, musulmans (Omeyyades, Abbassides). À l’époque pré-islamique, cette région porte le nom de Khvarvaran, qui est une des provinces de l’empire sassanide. Le nom Irak dérive du terme persan Erak, qui signifie « bas-Iran ». Avec l’invasion arabe, au 7ème siècle, Bagdad devient la capitale du califat islamique et une des plus grandes villes du monde, au grand rayonnement intellectuel.