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Ferdinand de Majorque

samedi 3 juillet 2021, par ljallamion

Ferdinand de Majorque (1278-1316)

Prince catalan du Moyen Âge

Troisième fils du roi de Majorque Jacques II et de son épouse la reine Esclarmonde de Foix, il reçut de son père la baronnie d’Aumelas [1]. D’esprit aventureux, il se rendit à la cour de son cousin le roi Frédéric III de Sicile au début du 14ème siècle.

En 1308, le roi l’envoya en Thrace [2] prendre la direction de la compagnie catalane, une troupe de mercenaires appelés Almogavres [3] alors installés dans la péninsule de Gallipoli [4], depuis laquelle ils ravageaient les terres de l’Empire byzantin [5]. Toutefois un des chefs de la Compagnie, Bernat de Rocafort , jaloux de l’ascendant de Ferdinand sur ses hommes, créa une scission dans les rangs des Almogavres, dont quelques-uns seulement, sous la direction de Ramon Muntaner , rejoignirent le parti de Ferdinand. En route pour la Sicile, il fut capturé à Négrepont [6] par les Vénitiens [7], et envoyé en prison courtoise à Naples [8] sous la garde de son beau-frère Robert puis relâché au bout d’un an.

Après un épisode guerrier en Castille [9], à la prise d’Almería [10], il revint en Sicile [11] en 1313 pour aider Frédéric III, alors en lutte contre les rois angevins de Naples et fut créé seigneur de Catane [12] en récompense de ses services.

En 1314, il s’associa avec Marguerite de Villehardouin , qui revendiquait la principauté d’Achaïe [13], et épousa sa fille et héritière Isabelle de Sabran à peine âgée de 16 ans. L’expédition destinée à prendre le contrôle de la principauté fut cependant retardée par la grossesse puis la mort de sa femme peu de temps après la naissance de son fils Jacques en 1315. Ferdinand s’employa à conquérir l’Achaïe au nom de son fils. Il y débarqua en juin 1315 et connut des succès initiaux, occupant une partie de la principauté et obtenant le ralliement de certains barons.

L’autre prétendante, Mathilde de Hainaut , cousine d’Isabelle de Sabran, et épouse de Louis de Bourgogne , débarqua cependant à la fin de l’année et fut reconnue princesse par les barons, qui quittèrent le parti de Ferdinand sauf l’un d’eux.

Malgré une victoire sur les troupes de Mathilde en février à Picotin [14], il dû affronter au printemps 1316 les troupes de Louis qui avait débarqué en avril. Ferdinand attendit en vain des renforts siciliens et il est vaincu et tué à la bataille de Manolada, le 5 juillet 1316. Comme Gautier V de Brienne 5 ans plus tôt, il est décapité et le trophée est présenté le lendemain aux portes de la forteresse où les Aragonais s’étaient réfugiés.

Les châteaux de Clermont, Beauvoir, Stamira et Clarence sont rendus et la flotte aragonaise quitte la Morée emmenant son fils Jacques à Perpignan sous la conduite du fidèle Ramon Muntaner. Il devint roi de Majorque à la mort sans enfants de son oncle le roi Sanche.

Ferdinand avait épousé en 1315 Isabelle d’Ibelin qui lui donna un fils posthume, Ferdinand.

La fin de sa vie est connue grâce à la chronique écrite par Ramon Muntaner.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Robert Vinas, L’infant Ferran de Majorque (1278-1316) : entre Orient et Occident, TDO éditions, 2017, 127 p. (ISBN 978-2-36652-195-5, notice BnF no FRBNF45235056).

Notes

[1] Aumelas est une commune française située dans le département de l’Hérault

[2] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[3] Les Almogavres étaient des soldats mercenaires ou miliciens au service de la Couronne d’Aragon, majoritairement catalans et aragonais, constitués en compagnies qui avaient vu le jour dans la péninsule Ibérique à l’occasion des guerres contre les Sarrasins, entre le 13ème et le 15ème siècle. La Reconquête achevée, ils participèrent ensuite à la Guerre de Sicile, au service du roi Frédéric II. Ils étaient réputés pour leur habileté et leur agressivité au combat. En terre ennemie, ils vivaient de pillage, mais en temps de paix ils causaient des problèmes en s’en prenant aux habitants des campagnes.

[4] La péninsule de Gallipoli, aussi connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles, l’ancien Hellespont. Sa rive nord est baignée par la mer Égée. Durant l’Antiquité, Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate, y fonda une colonie athénienne. C’est sur cette péninsule qu’eut lieu la célèbre bataille de Gallipoli durant la Première Guerre mondiale.

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] Chalcis est la principale ville de l’île et du district régional d’Eubée, en Grèce, située sur le détroit de l’Euripe. Elle est le siège d’un dème (municipalité) et d’une éparchie de l’Église de Grèce : la Métropole de Chalcis. En 1210, à la suite de la quatrième croisade, elle passe sous la domination vénitienne et prend le nom de Négrepont ou Negroponte, déformation du grec Egripos. Elle connaît dans cette période un regain de prospérité. Le 12 juillet 1470, la ville est prise par les Ottomans, qui massacrent la quasi-totalité de sa population. Elle est rattachée au pachalik de l’Archipel, province maritime placée sous l’autorité du Capitan Pacha, chef de la marine ottomane.

[7] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[8] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[9] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.

[10] Almería (est une ville d’Espagne, capitale de la province d’Almería en Andalousie. Port sur la mer Méditerranée. Ville côtière et portuaire, entre Grenade et Murcie. Elle est délimitée par le mont Gádor (Sierra de Gádor) à l’ouest, au nord par la montagne Alhamilla (Sierra Alhamilla), à l’est par une grande plaine qui culmine au pic de Cabo de Gata, situé dans le parc naturel de Cabo de Gata-Níjar, et au sud par l’ouverture sur une grande baie. Après la chute des Omeyyades d’Al-Andalus (Omeyyades de Cordoue), la cité devint le siège d’un royaume taifa, qui fut ensuite conquis par le royaume taïfa de Murcia, puis par les Almoravides. La ville fut conquise en 1147 par Alphonse VII, roi de Castille. Cette période marquée par deux guerres et une occupation impliqua le déclin économique de la ville. Reconquise une dizaine d’années plus tard par les Almohades, elle fut intégrée dans le royaume de Grenade un siècle plus tard. Les Rois Catholiques la conquirent en 1489, et de port commercial avec l’Afrique, elle devint une ville côtière menacée par les pirates barbaresques. Elle fut délaissée par le commerce avec les Amériques dont Séville et son port Cadix avaient le monopole. Le 16ème siècle fut marqué par le tremblement de terre de 1522, et par plusieurs révoltes morisques, durement réprimées.

[11] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[12] Catane est une ville de la province du même nom en Sicile en Italie. C’est la deuxième ville la plus peuplée de l’île derrière Palerme. Le 4 février 1169, un séisme provoqua la mort de milliers de personnes. L’empereur Frédéric II fit construire le Castello Ursino (fort militaire) entre 1239 et 1250. La ville subit des destructions lors de la guerre des Vêpres siciliennes en 1282. À partir de 1282, sous l’influence aragonaise, Catane devint la capitale du royaume de Sicile. En 1376, les reliques de sainte Agathe furent déposées dans la cathédrale de Catane. La première université sicilienne fut fondée à Catane en 1434.

[13] La principauté d’Achaïe également écrit Achaye ou de Morée est une seigneurie fondée par Guillaume de Champlitte pendant la quatrième croisade (1202/1204). La principauté, s’étendant au départ sur tout le Péloponnèse, est vassale du royaume de Thessalonique jusqu’à la disparition de celui-ci, date à laquelle elle devient la principale puissance franque de la région. La bataille des îles Échinades en 1427 ouvre la voie à sa reconquête par les troupes byzantines. La Chronique de Morée relate la conquête franque et une partie de l’histoire de la principauté.

[14] La bataille de Picotin se déroule le 22 février 1316 entre les forces catalanes de l’infant Ferrand de Majorque, prétendant à la principauté d’Achaïe, et les forces fidèles à la princesse Mathilde de Hainaut, constituées de levées autochtones provenant des barons fidèles à la princesse, ainsi que de chevaliers bourguignons. La bataille se solde par une victoire écrasante de Ferrand, mais ce dernier et ensuite attaqué et tué par les troupes du mari de Mathilde, Louis de Bourgogne, lors de la Bataille de Manolada.