Jean II d’Antioche dit saint Jean des Sédré (mort en 648)
42ème patriarche d’Antioche selon l’Église syriaque jacobite de 631 à sa mort
Il se fit moine au monastère Mor Eusébhona entre Antioche [1] et Alep [2], l’un des principaux centres d’étude de l’Église jacobite [3], et devint ensuite le secrétaire du patriarcheAthanase Gamolo, qui le dépêcha notamment à la cour du roi Kavadh II en 628. Il succéda à Athanase après sa mort en juillet 631.
Son pontificat correspondit à la conquête de la Syrie [4] et de la Mésopotamie [5] par les musulmans. Le dimanche 9 mai 639 ou 644, il eut un dialogue sur la question du christianisme avec Umayr ibn Sa’ad ibn Abi Waqqas al-Ansari, émir de la Jéziré [6] ; son argumentation fut couchée par écrit par Sévère, un de ses secrétaires [7].
D’après la Chronique de Michel le Syrien, Mar Jean fut à l’origine de la première traduction de l’Evangile en arabe.
Il composa des prières versifiées appelées sédré (au singulier sédro), qu’il intégra dans la liturgie et qui lui donnèrent son surnom. 9 lui sont formellement attribuées, correspondant à des jours du calendrier liturgique. On connaît également de lui 3 husoyé [8], récitées pendant la consécration de l’Eucharistie.
Il a également laissé un traité doctrinal où il condamne les phantasiastes [9] et fait l’histoire de cette hérésie ; une homélie sur la consécration du saint chrême ; et une lettre adressée à Marutha de Tikrit , datant du début de son pontificat.
Notes
[1] Antioche est une ville historique située au bord du fleuve Oronte. C’était la ville de départ de la route de la soie. Après la conquête romaine en -64 par Pompée, elle devient la capitale de la province de Syrie et, loin de s’affaiblir, conserve le surnom de « Couronne de l’Orient ». Sous le règne de Tibère, la ville est étendue vers le nord, reçoit une enceinte unique et son centre de gravité devient une avenue d’environ 30 mètres de largeur comportant 3 200 colonnes, presque parallèle à l’Oronte, séparant le quartier d’Épiphanie du reste de la cité, et offerte par Hérode le Grand. Ce type d’urbanisme est ensuite imité par presque toutes les cités d’Orient. On la connaît aussi sous le nom d’Antioche sur l’Oronte afin de la distinguer des quinze autres Antioche créées par le monarque. Particulièrement bien située, à la charnière des voies conduisant vers l’Anatolie, la Mésopotamie et la Judée, et sur l’Oronte alors navigable, Antioche devient la capitale du royaume séleucide et l’un des principaux centres de diffusion de la culture hellénistique. La ville se pose très tôt en rivale d’Alexandrie.
[2] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman
[3] L’Église syriaque orthodoxe est une Église orientale autocéphale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des trois conciles dites aussi « Églises antéchalcédoniennes ». Le chef de l’Église, porte le titre de Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, avec résidence à Damas. Du fait des querelles « christologiques » et des schismes qui s’ensuivirent, le titre de Patriarche d’Antioche se trouve porté également par quatre autres chefs d’Église.
[4] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.
[5] La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel.
[6] Haute-Mésopotamie
[7] Lettre du patriarche Mor Jean concernant sa discussion avec l’émir des musulmans
[8] ou prières d’absolution
[9] c’est-à-dire les partisans de Julien d’Halicarnasse