Fils du roi Égica et de la princesse Cixillo, fille du roi Ervige .
Devenu adolescent, son père le nomme dux [1] de Galice [2] et l’associe au pouvoir, au plus tard en 698, cherchant comme ses prédécesseurs à imposer sa dynastie.
Durant le règne de son père, Wittiza siège principalement à Tuy [3] en Galice, dans l’ancien royaume des Suèves [4]. Lors d’un excès de colère, le jeune prince tuera à coups de bâton Favila, le capitaine de sa garde. On soupçonna Wittiza d’avoir tué Favila pour abuser plus librement de sa femme.
À la mort du roi Égica en 702, il règne seul sur un royaume wisigoth [5] affaibli par les épidémies de famine et de peste et par les intrigues de la noblesse. La chronique mozarabe [6] de 754 dit que Wittiza répara les crimes de son père en rappelant notamment les bannis du royaume et en les dédommageant, leur restituant leurs biens et les rétablissant dans leurs fonctions.
La chronique d’Alphonse III dite ad Sebastianum [7], rédigée vers 900, trace un portrait peu flatteur du roi Wittiza. Il est décrit comme un homme malhonnête aux mœurs scandaleuses qui se souilla entre ses épouses et ses concubines et qui, pour ne pas lever la censure contre lui, déprava l’ordre religieux.
Toujours selon cette chronique, ses crimes furent la cause de la chute des Goths [8] et de la perdition de l’Espagne. La chronique est peut-être inspirée par une autre chronique rédigée au 9ème siècle, le Chronicon moissiacense [9], qui trace un portrait extrêmement défavorable de Wittiza, un roi adonné aux femmes, qui enseigna par son exemple aux prêtres et au peuple à vivre luxurieusement, irritant la colère du Seigneur.
L’archevêque Gondéric de Tolède , qui demandait à Wittiza de changer de mode de vie, fut remplacé à sa mort par l’une des créatures du roi, Sindred, qui fut complice de ses débauches. Wittiza l’imposait au clergé comme un exemple à imiter et punissait les prêtres qui osaient invectiver contre la corruption des mœurs.
Selon Cesare Baronio , le pape Constantin adressa à Wittiza de vives remarques et le menaça même de le déposer s’il ne rétractait pas les décrets qui portaient atteinte à l’autorité du Saint-Siège. Le roi menaça alors à son tour le pape de marcher sur Rome à la tête d’une armée pour le soumettre.
Son comportement scandaleux suscita des troubles dans le royaume et, selon Luc de Tuy , il fit abattre les murailles des villes à l’exception de Tolède [10], Astorga [11] et Tuy, afin de prévenir toute résistance à sa tyrannie.
Sous son règne se déroula le 18ème Concile de Tolède [12], probablement en 703, concile présidé par l’archevêque Gondéric de Tolède.
Selon Isidore de Beja , une flotte byzantine attaqua le royaume wisigoth, à l’instigation de l’empereur Justinien II, mais les forces grecques furent repoussées par le comte Théodemir ou Theudimer .
La fin de son règne reste mystérieuse. Selon la chronique d’Alphonse III, Wittiza mourut de causes naturelles tandis que d’autres sources laissent entendre qu’il aurait été renversé et éliminé par Rodéric qui s’empara de la royauté, montant sur le trône sur les instances du Sénat [13].
Selon une légende, le père de Rodéric, le noble goth Théodefred duc de Cordoue, avait été l’une des nombreuses victimes de la tyrannie du cruel Wittiza qui l’avait fait aveugler et jeter en prison, où il mourut. Rodéric, pour venger son père, complota pour renverser le tyran. Suscitant une révolte dans le royaume, il s’empara du roi à Tolède, capitale wisigothe, et le fit exécuter après l’avoir fait aveugler. Puis Rodéric monta sur le trône, évinçant les jeunes fils du roi déchu qui, pour se venger, s’allieront aux conquérants musulmans.