Abû Muslim Abd ar-Râhman ben Muslim al-Khurâsânî dit Abu Muslim al-Khurasani (718/719-755)
Général abbasside
Né à Balkh [1], fils d’un Zoroastrien [2] persan, khorassanien [3] originaire de Mahan [4]. Il a grandi à Kufa [5], en Irak.
Il fut un grand défenseur de la cause abbasside [6], il rencontra leur Imam [7] Ibrahim ben Muhammad à La Mecque et devint plus tard un ami personnel d’Abû al-`Abbas as-Saffah, le futur Calife.
Il fut envoyé à Merv [8] par les Abbassides en 747, contre le gouverneur Nasr, qui avait tenté de s’allier à l’insurgé sogdien [9] Harith Ibn Sarayi.
Reçu avec enthousiasme, il bénéficia du soutien aussi bien des chiites [10] que des kharidjites [11], mazdéens [12], mazdakites [13] et même des chrétiens et juifs, fortunés et influents dans la région.
C’est en janvier 748 qu’avec 10 000 hommes Abû Muslim marche finalement sur Merv, capitale du Khorassan, d’où il chasse Nasr. Le poursuivant, il met en déroute les deux armées que les Omeyyades [14] avaient envoyé contre lui, obligeant le calife Marwan II à se réfugier en Égypte.
Al-Mansûr haïssait Abû Muslim en raison d’humiliations subies pendant le règne d’As-Saffah.
Al-Mansûr et lui se querellèrent à propos de la garde du butin amassé lors d’une dernière campagne, victorieuse en Syrie, d’Abû Muslim. Ce dernier refusa d’obéir au calife et se dirigea vers le Khorasan en passant par Hulwân [15].
Al-Mansûr finit par promettre que si Abû Muslim venait à sa rencontre, il ne lui serait fait aucun mal. Abû Muslim tomba dans le piège et se rendit auprès d’Al-Mansûr.
Au mois de février 755, quand Abû Muslim fut mis en confiance, Al-Mansûr l’invita et lui fit part de tous les griefs qu’il avait à son encontre l’appelant à cette occasion Abû Mujrim [16].
Sur un signal d’Al-Mansûr, cinq hommes armés, tuèrent Abû Muslim à coups de sabre. Le cadavre d’Abû Muslim fut enroulé dans le tapis qui garnissait le sol, puis jeté dans le Tigre.
À peine Abû Muslim mort, son ancien ministre des finances Simbad de Nichapur tente de le venger. Celui-ci est arrêté à Hamadan [17] en 755 après avoir guerroyé dans le nord de l’Iran.
Notes
[1] Ispahan ou Isfahan est une ville d’Iran, capitale de la province d’Ispahan. Elle est située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Téhéran. Ispahan a été capitale de l’empire perse sous la dynastie des Safavides entre le 16ème siècle et le 18ème siècle. La ville est bien irriguée et sa verdure offre un contraste bien particulier avec les étendues désertiques qui l’entourent. Les travaux entrepris sous le chah Abbas faisant d’Ispahan une vitrine de l’architecture et de l’art safavide extrêmement raffiné, ainsi que les nombreux monuments islamiques construits entre le 11ème et le 19ème siècle, font d’Ispahan un des joyaux du Moyen-Orient.
[2] Le zoroastrisme est une religion monothéiste de l’Iran ancien. Elle est une adaptation du mazdéisme et tire son nom de son « prophète » ou fondateur Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en Zoroastre par les Grecs. Cette réforme est intervenue au cours du 1er millénaire av. jc. Le zoroastrisme a fait fonction de religion officielle de l’empire perse à trois reprises (sous le roi Hystaspès, sous les Achéménides, et sous les Sassanides jusqu’en 651, date de l’assassinat du dernier roi zoroastrien). Malgré l’arrivée de l’islam et les persécutions qui en découlèrent, il a réussi à se maintenir dans le patrimoine culturel iranien, afghan et d’Asie centrale. En effet, les Iraniens, les Kurdes et les Afghans, indépendamment de leur religion, accordent beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes, en particulier celle de Nowruz, le nouvel an zoroastrien, célébré le 21 mars
[3] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran. Dans sa longue histoire le Khorassan a connu de nombreux conquérants : Grecs, Arabes, Turcs, Mongols, etc.
[4] petite bourgade située près de Merv
[5] Koufa ou Kûfa est une ville d’Irak, environ 170 km au sud de Bagdad, et à 10 km au Nord-est de Nadjaf. Elle est située sur les rives du fleuve Euphrate. C’est la deuxième ville de la province de Nadjaf. Avec Kerbala, et Nadjaf, Koufa est une des trois villes irakiennes de grande importance pour les musulmans chiites.
[6] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.
[7] Un imam est une personne qui dirige la prière en commun. C’est de préférence une personne qui doit être instruite en ce qui concerne les rites et la pratique au quotidien de l’islam. Pour les chiites, tenant d’une tradition cléricale de l’islam, l’imam est le guide spirituel et temporel de la communauté islamique. Chez les duodécimains, ils portent souvent le titre de mollah ou d’ayatollah et, de ce fait, celui d’imam est plus usité dans le sunnisme. Dans les autres communautés chiites, l’imam est le seul guide. Dans le cadre du sunnisme, on peut comparer la fonction d’imam à celle du pasteur ou de prédicateur protestant. En effet, l’imam ne fait pas partie d’une structure hiérarchique : il est désigné par la communauté elle-même et ne prétend à aucun lien privilégié avec Dieu. Il peut être licencié s’il n’accomplit pas sa mission.
[8] Merv autrefois satrapie de Margiane, était une ville de l’Asie centrale, sur la route historique de la soie. Ses vestiges sont situés aujourd’hui près de la ville de Mary au Turkmenistan. La ville a connu plusieurs refondations au cours d’une histoire millénaire et a connu divers noms comme « Mourou » à l’époque Achéménide, puis « Alexandrie de Margiane » (ville fondée par Alexandre) et enfin « Antioche de Margiane » sous les macédoniens. Ce fut un important évêché du christianisme nestorien entre le 6ème et le 14ème siècle. En 651, le dernier roi perse sassanide, Yazdgard III, fut assassiné à Merv. Merv fut un temps, capitale des Seldjoukides avant leur avancée vers l’Iran. Ce fut une ville de haute culture, renommée pour ses 10 bibliothèques, et Yaqout al-Rumi y resta deux ans, peu avant sa destruction par les Mongols en 1221.
[9] La Sogdiane ou Sogdie est une région historique recouvrant en partie l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et l’Afghanistan et englobant les villes historiques de Samarcande et Boukhara et la vallée irriguée de Zeravchan (ancienne Polytimetus). Elle se situe au nord de la Bactriane, à l’est de Khwarezm et au sud-est de Kangju entre l’Oxus (Amou-Daria) et le Jaxartes (Syr-Daria). La Sogdiane fut la 18ème province de l’Empire perse achéménide, selon l’Inscription de Behistun de Darius 1er.
[10] Le chiisme duodécimain désigne le groupe des chiites qui croient dans l’existence des douze imams. 90 % des chiites sont duodécimains et ils sont majoritaires parmi les écoles de la pensée chiite. Ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et constituent la communauté musulmane majoritaire au Liban.
[11] Le kharidjisme ou kharijisme est une secte de l’islam apparue lors de la première fitna et le conflit entre Ali et Mu’awiya. Selon al-Shahrastani, un khariji est toute personne qui se révolte contre le dirigeant autour duquel sont réunis les musulmans. Les khawarij sont ainsi considérés comme des dissidents. Le kharijisme est l’une des toutes premières factions apparues en Islam. Les kharijites se divisèrent, par la suite, en une multitudes de groupes (près d’une vingtaine). Sept d’entre eux ont été principalement recensés : les mouhakkimites, les azraqites, les najadites, les thaalabites, les ajradites, les ibadites et les sufrites. Tous partagent des fondements communs comme l’excommunication (takfir) des musulmans commettant des grands péchés, l’obligation de se révolter contre le dirigeant injuste ou débauché, ou encore l’excommunication de certains compagnons de Mahomet.
[12] Le mazdéisme est une religion iranienne qui doit son nom à son dieu principal, Ahura Mazda. Le livre sacré du mazdéisme est l’Avesta. Le zoroastrisme, du nom de Zoroastre/Zarathoustra, est une réforme du mazdéisme. Le zoroastrisme est la forme monothéiste sous laquelle s’est répandue cette religion, qui existe toujours.
[13] Le mazdakisme est un courant religieux né en Perse, dans l’Empire sassanide, à la fin du 5ème siècle, dérivé du mazdéisme et du manichéisme. Son influence s’est prolongée jusqu’au 14ème siècle environ. Il doit son nom à son fondateur, Mazdak. Cette religion n’est connue par aucune source directe. On doit se référer à ce qu’en disent des auteurs de langues persane, arabe, syriaque et aussi grecque.
[14] Les Omeyyades, ou Umayyades sont une dynastie arabe de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre Umayya ibn Abd Shams, grand-oncle de Mahomet. Ils sont originaires de la tribu de Quraych, qui domine La Mecque au temps de Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire.
[15] Sarpol–e Zahab ou Sar-e Pol-e Zahab est une ville de la province de Kermanshah, en Iran, capitale du district de même nom. La ville est proche du site de la ville nommée Hulwân, Hulwan, Hulvan dans les textes du Moyen Âge.
[16] Le père du crime
[17] Hamadan ou Hamedan ou en dialecte locale Hemedan est l’une des principales ville d’Iran dans la région occidentale et montagneuse du pays, capitale de la province du même nom. Cette ville est située sur les pentes de l’Alvand, à plus de 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui fait d’elle l’un des villes les plus froides de l’Iran. Hamadan est considérée comme la plus ancienne ville d’Iran et l’une des plus anciennes du monde. Elle est connue dès l’Antiquité sous le nom d’Ecbatane capitale de la Médie et du premier empire iranien.