Il fut à l’origine de la naissance d’une Bretagne unifiée et indépendante, d’où le qualificatif de père de la Patrie
Les moines de l’Abbaye de Saint-Florent-le-Vieil [1] dont il avait incendié le monastère ont complaisamment reproduit, dans une prose rythmée nommée “Versiculi ou Versus de eversione monasterii Glonnensis”, une légende qui indique que Nominoë était fils d’un paysan enrichi par la découverte d’un trésor, indications reprises par les Francs d’Anjou, hypothèse totalement fantaisiste car à l’époque carolingienne seuls les laïcs issus de familles de la haute aristocratie avaient le quasi-monopole des charges publiques.
Une charte de 834 le qualifie de prince des Vénètes [2], mais c’est seulement en raison de sa fonction de comte de Vannes. Il semblerait qu’il soit originaire du Poher [3], la région de Carhaix [4]
Selon Arthur de La Borderie , Nominoë est comte de Vannes dès juillet 819. Toutefois le titulaire de ce comté carolingien Gui II de Vannes exerçait encore sa fonction de comte de Vannes dans un acte du 16 janvier 830 daté de la 17ème année de Louis le Pieux. Il semble donc que l’autorité de Nominoë se limitait à une partie du comté avant qu’il ne soit reconnu comme “gubernans in Brittanniam” à partir de 833, “missus in Brittanniam” à partir de 837 par Louis le Pieux.
Nominoë apparaît pour la première fois dans un acte exerçant une charge publique comme “magistro in Britanniam” lors d’une donation en faveur de l’Abbaye de Redon [5] le 9 février 833.
À la mort de l’Empereur Louis en 840, il soutient dans un premier temps Lothaire 1er avant de se rallier à Charles le Chauve qui lui reconnaît le titre de “missus dominicus ducatus”, lorsque Nominoë lui rend l’hommage au printemps 841. Puis il entre en rébellion ouverte contre l’administration franque.
Nominoë trouve à cette époque un allié local en la personne de Lambert II de Nantes, fils d’un précédent comte de Nantes lui aussi ancien partisan de Lothaire, mais non confirmé dans cette charge par Charles le Chauve.
À la suite des batailles de Messac [6] en 843 et de Ballon [7] en 845, le roi Charles doit reconnaître l’autorité de Nominoë sur la Bretagne. Au cours de l’été 846 Charles et Nominoë concluent un traité. Charles accorde au Breton le titre officiel de dux et le dispense de tribut en échange de la reconnaissance de sa suzeraineté personnelle sur la Bretagne. En 847/848 Nominoë, occupé à résister difficilement aux attaques des Vikings sur la Bretagne qui lui infligent 3 défaites, ne mène aucune expédition contre la Neustrie [8].
Le pouvoir carolingien disposait en Bretagne d’évêques acquis à son autorité à Quimper, Vannes, Dol-de-Bretagne et Saint-Pol-de-Léon. Cette situation était inacceptable pour Nominoë qui désirait affirmer son émancipation. Ne pouvant rien attendre du pouvoir franc ni de l’archevêque de Tours dont dépendait la Bretagne, Nominoë se tourne vers le Pape Léon IV et lui envoie en 848 une délégation menée par Conwoïon l’abbé de Redon.
Le Pape réserve aux Bretons un bon accueil, il donne quelques reliques à Conwoïon mais refuse de se prononcer sur la déposition des évêques. Il se contente de préconiser la tenue d’un synode de 12 évêques devant lesquels les prélats en cause doivent comparaître.
Comme il était impossible de réunir une telle assemblée en Bretagne, Nominoë se résout à un coup de force. En avril 849 il réunit à Coët Louh une assemblée de clercs et de laïcs, et les évêques Suzannus de Vannes , Félix de Quimper, Salacon de Dol et Liberalis de Léon sont condamnés pour simonie [9], déposés et remplacés par des évêques bretons.
Les incursions bretonnes s’étendent jusqu’aux abords de Bayeux. En 849 Nominoë est de nouveau en guerre contre Charles le Chauve qui rappelle Lambert II et lui confie de nouveau la marche de Bretagne.
En février 850 Nominoë reprend ses agressions et occupe Angers et ses alentours. Lambert II trahit une nouvelle fois son suzerain et s’allie avec le chef breton. Alors que vers le 15 août 850 Charles le Chauve s’avance vers la Vilaine, Nominoë et Lambert II s’emparent de Rennes et de Nantes et lancent ensuite des raids sur le Bessin [10] et le comté du Maine [11] où Le Mans qui est prise à son tour.
Nominoë meurt subitement au cours d’une expédition en profondeur dans la Beauce près de Vendôme le 7 mars 851 après avoir une nouvelle fois occupé le Maine et l’Anjou. Il est inhumé dans l’abbaye Saint-Sauveur de Redon.