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Venceslas II de Bohême

samedi 1er novembre 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 13 juin 2012).

Venceslas II de Bohême (1271-1305)

Roi de Bohême de 1278 à 1305)-Duc de Cracovie de 1291 à 1305-Roi de Pologne de 1300 à 1305

Venceslas II de Bohême Roi de Bohême de 1278 à 1305)-Duc de Cracovie de 1291 à 1305-Roi de Pologne de 1300 à 1305

Fils d’Ottokar II de Bohême et de Cunégonde de Slavonie. Venceslas n’a pas encore 7 ans lorsque son père décède le 26 août 1278. Le margrave [1] du Brandebourg [2] Othon IV de Brandebourg assure la régence aux dépens d’Henri IV le Juste qui espérait devenir le protecteur du jeune prince. Venceslas et sa mère sont emprisonnés par Othon. Venceslas est libéré en 1283 et commence à régner sur la Bohême. Le 24 janvier 1285, il épouse Judith de Habsbourg, la fille de l’empereur Rodolphe 1er. En 1290, il fait exécuter son tuteur et conseiller, Záviš de Falkenstein, qui avait épousé sa mère, et prend seul les rênes du pouvoir.

Après la mort d’Henri IV le Juste le 23 juin 1290, c’est Przemysl II qui hérite du trône de Cracovie [3]. La bourgeoisie allemande de Cracovie et le clergé ont soutenu, sans succès, la candidature de Venceslas. En 1291, les ducs de Cieszyn [4] et d’Opole [5] deviennent des vassaux de la Bohême. La même année, menacé par Ladislas 1er le Bref et impopulaire à Cracovie, Przemysl II est contraint de signer un accord avec Venceslas II. Il lui abandonne la Petite Pologne [6] ainsi que le duché de Sandomierz [7] dont Ladislas le Bref s’était emparé. Pour s’assurer du soutien de la Petite Pologne, Venceslas exempte de nouveaux impôts le clergé, la bourgeoisie et la haute noblesse. Ceux-ci conservent également tous leurs anciens privilèges.

En 1292, Venceslas fonde la ville de Nowy Sącz [8]. Pour renforcer sa position en Petite Pologne, il s’empare des duchés de Sandomierz et de Sieradz [9] qui étaient occupés par son principal adversaire, Ladislas 1er le Bref, qui se retranche dans son duché de Cujavie [10]. Le 6 juin 1293, à Kalisz [11], à l’initiative de l’archevêque Jakub Świnka, Przemysl II, Ladislas le Bref et son frère Casimir II de Łęczyca s’allient contre Venceslas.

En 1298, Ladislas 1er le Bref, qui est devenu duc de Grande Pologne [12] mais dont le prestige s’est érodé, reconnaît Venceslas comme suzerain. Les puissants de Grande Pologne acceptent que Venceslas II devienne roi de Pologne, à la condition qu’il épouse Élizabeth Ryksa, la fille de Przemysl II, dès qu’elle aura atteint l’âge de 15 ans Judith de Habsbourg étant décédée en 1297) Il se fiance avec Élizabeth Ryksa qui s’installe à Prague [13]. En 1300, Venceslas chasse du pays Ladislas 1er le Bref et s’empare de la Grande Pologne ainsi que de la Poméranie de Gdańsk [14].

Ayant réunifié une grande partie des territoires polonais à l’exception de la Mazovie [15], Venceslas II est couronné roi de Pologne (sous le nom de Venceslas 1er de Pologne), à Gniezno [16] le 25 juillet 1300, par l’archevêque Jakub Świnka.

En 1301, il offre à son fils Venceslas III, âgé de 11 ans, la couronne de Hongrie [17]. Il renforce aussi son influence en Silésie en devenant le protecteur des jeunes ducs de Legnica et de Wrocław [18]. Cette montée en puissance de Venceslas II est mal acceptée par les Hongrois, par le pape et par Albert de Habsbourg. En 1302, le pape Boniface VIII interdit à Venceslas II de porter le titre de roi de Pologne.

Le 26 mai 1303, à la cathédrale de Prague [19], Élizabeth Ryksa épouse Venceslas II et est couronnée reine de Bohême et de Pologne.

En Pologne, Venceslas mène une politique de développement des villes et essaie de placer ses partisans aux fonctions les plus élevées de l’Église. Venceslas II envisageait d’envahir l’Autriche lorsqu’il décède des suites d’une tuberculose le 21 juin 1305. Son fils Venceslas III lui succède.

Grâce à Venceslas, après avoir surmonté la crise économique des années 1280, un essor sans précédent se produit dans le pays : C’est sous son règne que le couvent des Cisterciens [20] est fondé à Prague. A l’époque de l’essor le plus important de l’extraction de l’argent à Kutna Hora [21], il promulgue le code royal minier Jus regale montanorum qui détermine les bases de l’industrie minière.

En vertu de ce code, le roi dispose librement des ressources minières, il a le droit à une quote-part de la production et son administration accorde des licences d’exploitation. La promulgation de ce code est suivie d’une réforme monétaire, lorsque le roi décide de lancer une monnaie unique à l’échelle du royaume.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pavel Bělina, Petr Čornej et Jiří Pokorný, Histoire des Pays tchèques, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire U 191 », 1995, 510 p. (ISBN 2020208105).

Notes

[1] Le titre de margrave était donné aux chefs militaires des marches (ou mark), dans l’empire carolingien, puis à certains princes du Saint Empire romain germanique. Le titre équivalent en français est marquis. Le margraviat est la juridiction sur laquelle il a autorité.

[2] La marche de Brandebourg est un ancien État du Saint Empire romain. Elle tire son nom de l’ancienne résidence des margraves à Brandebourg-sur-la-Havel. Fondée le 11 juin 1157, elle joue un rôle majeur dans l’histoire de l’Allemagne. La Bulle d’or de 1356 confirme le margrave au statut de prince électeur, lui permettant ainsi d’élire le roi des Romains. De ce fait, son margraviat devient plus connu sous le nom d’électorat de Brandebourg. Le territoire englobe la Vieille-Marche à l’ouest du fleuve Elbe, la Moyenne-Marche s’étendant entre l’Elbe et l’Oder, et la Nouvelle-Marche (l’ancien pays de Lubusz) dans l’est, ainsi que la Prignitz et l’Uckermark au nord. La dynastie des Hohenzollern obtient la souveraineté en 1415 et déplace la résidence au château de Berlin. Sous leur règne, le margraviat croît en puissance et s’étend territorialement. À partir de 1618, ils règnent également sur le duché de Prusse en union personnelle ; en 1701, l’État de Brandebourg-Prusse est érigé en royaume de Prusse. Le margraviat devient alors de fait une province

[3] Chef-lieu de la voïvodie de Petite-Pologne, elle est située à 300 km au sud de Varsovie, sur la Vistule. Datant du 7ème siècle, c’est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de Pologne, dont le patrimoine architectural est très bien conservé. La ville historique se situe au pied de la colline du Wawel. Cracovie était, avant Varsovie, la capitale de la Pologne et elle est souvent considérée comme le véritable centre du pays avec ses traditions et son passé vieux de plus de 1 000 ans. Elle est le centre culturel et scientifique du pays, avec l’Université jagellonne de Cracovie, la deuxième plus ancienne université d’Europe centrale (1364, après celle de Prague fondée en 1348 ; celle de Varsovie date de 1816).

[4] Le duché de Cieszyn, plus connu comme duché de Teschen ou duché de Těšín, fut un duché vassal silésien, ayant pour centre la cité de Cieszyn (Teschen) en Haute-Silésie. Lors de la partition féodale du royaume de Pologne au Moyen-Âge tardif, il est séparé au duché de Ratibor en 1290 et régi par des ducs de Silésie issu de la dynastie Piast jusqu’en 1653.

[5] Le duché d’Opole était un duché silésien. Sa capitale était Opole (Oppeln) en Haute-Silésie. Lors de la partition féodale du royaume de Pologne au Moyen-Âge tardif, il est séparé du duché de Silésie en 1172 et régi par des ducs de Silésie issu de la dynastie Piast jusqu’en 1532. Le duché devient un fief des rois de Bohême en 1327 ; puis, lorsque, en 1532, la ligne des ducs d’Opole s’éteignit, leurs territoires par le droit de déshérence revinrent à la couronne de Bohême. À ce titre, le territoire appartint à la monarchie de Habsbourg jusqu’en 1742, lorsque l’essentiel de la Silésie fut conquis par le roi Frédéric II et annexé au royaume de Prusse.

[6] La Petite-Pologne est une des régions historiques de Pologne. Située au sud-est du territoire de l’actuelle république de Pologne, elle avait une superficie triple de celle de la voïvodie qui aujourd’hui porte ce nom. Sa capitale est Cracovie. Le nom de Petite-Pologne provient d’une habitude polonaise. Lorsqu’un nouveau village est situé près d’un plus ancien, le nouveau prend le nom de l’ancien précédé du terme petit, l’ancien village étant lui-même précédé de grand.

[7] Le duché de Sandomierz, est un ancien duché de la Pologne médiévale, créé au début du 12ème siècle, par scission de la province séniorale, lors de la période de fragmentation de la Pologne. Sandomierz en est la capitale.

[8] Nowy Sącz est une ville (avec rang de powiat) du Sud de la Pologne, proche de Cracovie. La ville est le chef-lieu du Powiat de Nowy Sącz.

[9] Sieradz est une ville du centre de la Pologne. Située sur la rivière Warta, elle est le siège d’un district (powiat) et fait partie de la voïvodie de Łódź. Sieradz est une des plus anciennes villes de Pologne. Les fouilles archéologiques montrent que le site esy déjà habité au 7ème siècle. Une place forte apparaît au 11ème siècle. Le géographe arabe Al Idrissi mentionne Sieradz en 1154 et la met sur le même pied que Gniezno, Cracovie et Wrocław. Elle est la capitale d’un des duchés de la Pologne pendant le démembrement territorial du pays, au 13ème siècle, le duché de Sieradz et Łęczyca.

[10] La Cujavie, ou Coujavie, ou Couïavie, est une région historique de la Pologne, bordée par la Vistule à l’est et la Noteć à l’ouest, par la Noteć et la Krówka au sud. Au début du Moyen Âge, la Cujavie faisait partie de la Grande-Pologne et se limitait principalement à la région de Kruszwica. Au 12ème siècle, l’influence politique des ducs locaux s’est étendue à une grande partie de la Mazovie. Grâce aux sols très fertiles et à la densité élevée des rivières, la région s’est développée très rapidement. L’histoire politique de la Cujavie est aussi compliquée que celle de la région voisine de Mazovie. Au 11ème siècle, Kruszwica devient le siège d’un évêché. Il est très vite supprimé mais vers 1123 un nouvel évêché est fondé à Włocławek qui devient la capitale de la région. En 1186 ou 1194, Mieszko III le Vieux s’empare de la région qu’il offre à son fils Boleslas qui devient duc de Cujavie. En 1195, à la mort de Boleslas, la Cujavie réintègre le duché de Mazovie. Vers 1231, Conrad 1er de Mazovie recrée le duché de Cujavie et l’offre à son fils Casimir 1er de Cujavie. Après sa mort en 1267, la Cujavie est divisée en deux parties (ayant pour capitales Inowrocław et Brześć Kujawski) sur lesquelles règneront ses successeurs.

[11] Kalisz (en latin Calisia, en allemand Kalisch, en russe Калиш) est une ville de Pologne. Elle devient le siège d’un gouverneur (castellan) en 1136. En 1139, les premiers Juifs commencent à s’installer à Kalisz. Suite au démembrement féodal de la Pologne, la ville devient la capitale d’un duché en 1190. En 1233, Henri 1er le Barbu détruit l’ancien fort dans sa guerre contre Ladislas Odonic. Il fait reconstruire la ville et un nouveau fort. Boleslas le Pieux accorde les privilèges urbains (droit de Magdebourg) à Kalisz vers 1257. Le 16 août 1264, la communauté juive de Kalisz est la première à être gratifiée par Boleslas le Pieux de statuts particuliers, calqués sur les droits des Juifs du Saint Empire : liberté de culte, statut juridique distinct (permission de commercer et de pratiquer l’usure) et protection ducale (Charte de Kalisz). Après la réunification des territoires polonais par Ladislas 1er le Bref, Kalisz devient le chef-lieu d’une voïvodie en 1314. En 1343, Casimir III le Grand conclut à Kalisz un traité de paix avec les Teutoniques.

[12] La Grande Pologne est une région historique de la Pologne, située dans le centre ouest du pays, comportant une grande partie du secteur irrigué par le fleuve Warta et ses affluents, ainsi que le fleuve Noteć.

[13] Prague est la capitale et la plus grande ville de la République tchèque, en Bohême. Située au cœur de l’Europe centrale, à l’ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava. Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au 14ème siècle sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l’Empire. Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences. Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des 16ème et 17ème siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu’à la Renaissance nationale tchèque au 19ème siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale.

[14] La Poméranie orientale ou Pomérélie connue aussi sous les noms de Poméranie de Dantzig puis de Gdańsk, est une région historique et géographique située dans le Nord de la Pologne et constituant l’extrémité est de la Poméranie historique : elle s’étend le long de la baie de Gdańsk jusqu’au delta de la Vistule ; son périmètre recouvre à peu près les deux tiers de l’actuelle voïvodie de Poméranie et l’extrémité nord de la Couïavie-Poméranie.

[15] La Masovie ou Mazovie est une région géographique et historique situé dans le centre et le nord-est de la Pologne, de part et d’autre des cours moyen de la Vistule et de ses affluents le Bug et la Narew. Ses capitales historiques sont Płock, qui reçoit des privilèges urbains en 1237, Czersk puis Varsovie à partir de 1413. Ses frontières diffèrent de celles de l’actuelle voïvodie de Mazovie.

[16] Gniezno est une ville située dans le Centre-Ouest de la Pologne, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Poznań. Étant l’une des premières places fortes de la dynastie des Piast, Gniezno devient la première capitale de la Pologne au 10ème siècle, et est resté tout au long de l’histoire du pays une ville de premier plan. Premier archevêché polonais (fondé en l’an mil), ce chef-lieu de district (powiat) fait partie de la voïvodie de Grande-Pologne.

[17] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.

[18] Wrocław est la troisième plus grande ville de Pologne après Varsovie et Cracovie par sa population, la cinquième par sa superficie (293 km2), et l’une des plus anciennement fondées (vers le 9 et 10ème siècle). Aujourd’hui chef-lieu de la voïvodie de Basse-Silésie. Située au sud-ouest de la Pologne, au sud des « monts des Chats » et au nord des Sudètes, la ville est traversée par le fleuve Oder, qui se divise ici en plusieurs bras, et quatre de ses affluents : la Bystrzyca, l’Oława, la Ślęza et la Widawa. Elle se situe à 140 km de l’Allemagne et à 70 km de la Tchéquie.

[19] La cathédrale Saint-Guy est une cathédrale à Prague, capitale de la Tchéquie, et le siège de l’archevêché de Prague. Le nom complet de la cathédrale est Saint-Guy-Saint-Venceslas-et-Saint-Adalbert. Située à l’intérieur du château de Prague, elle est un excellent exemple d’architecture gothique.

[20] L’abbaye de Zbraslav est une abbaye cistercienne située dans le quartier éponyme, à une dizaine de kilomètres au sud du centre-ville de Prague, en Tchéquie. Fondée en 1292 par Venceslas II puis soutenue par Élisabeth de Bohême, elle est tout d’abord très prospère, notamment du fait de la vocation de nécropole des Přemyslides qui lui est confiée. Lors des guerres hussites, les troupes de l’empereur Sigismond s’y installent, pillent et incendient l’abbaye. 2 siècles plus tard, les troupes suédoises la ravagent à 3 reprises durant la première moitié du 17ème siècle. Alors que des travaux de restauration ambitieux sont lancés pour la restaurer, elle est fermée en 1785.

[21] Kutná Hora est une ville de la région de Bohême centrale, en Tchéquie, et le chef-lieu du district de Kutná Hora. Kutná Hora est célèbre en raison de ses mines d’argent d’où est sorti, au Moyen Âge, jusqu’au tiers de la production européenne ; elles ont permis de financer la construction d’églises, de monuments