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Renaud de Dammartin

mercredi 1er octobre 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 24 mars 2012).

Renaud de Dammartin (vers 1165-1227)

Comte de Boulogne de 1190 à 1227-Comte de Dammartin de 1200 à 1214-Comte d’Aumale de 1204 à 1206 et comte de Mortain de 1206 à 1214

Philippe Auguste ramenant Ferrand de Portugal, comte de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne, faits prisonniers à la bataille de Bouvines. Enluminure des Grandes Chroniques de France, 14ème siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits/ (source wiki/ domaine public)Fils d’ Alberic III de Dammartin , comte de Dammartin [1], et de Mahaut de Clermont [2]. Elevé à la Cour de France, il devient l’ami d’enfance de Philippe II Auguste, roi de France. Il combat néanmoins sous la bannière des Plantagenêt [3] mais est pardonné, n’ayant fait que suivre les ordres paternels, et épouse une cousine du roi, Marie de Châtillon comtesse de Vendôme , fille de Guy II de Châtillon , et d’ Alix de Dreux .

Sur le conseil de Philippe Auguste, qui souhaite détacher le Boulonnais [4] de l’influence flamande, il répudie son épouse pour enlever et épouser de force Ide de Lorraine , comtesse de Boulogne, veuve de Bertold IV de Zähringen et fille de Mathieu d’Alsace et de Marie de Blois , comte et comtesse de Boulogne [5]. Ce faisant, il place le comté de Boulogne, qui dépendait jusque là du comté de Flandre, sous la vassalité directe du royaume de France. Ce mariage le rend puissant et suscite des jalousies, notamment dans la famille de Dreux, parente de Marie de Châtillon, et dans la famille de Guînes, le comte de Guînes [6] étant fiancé d’Ide.

En 1203, Renaud et son épouse octroient une charte à la ville de Boulogne, donnant des privilèges aux marchands de la ville. Ceux-ci ont en fait probablement acheté leur liberté moyennant finance à Renaud, toujours à court d’argent. En 1204, Philippe Auguste lui donne le comté d’Aumale [7], qu’il échange en 1209 contre le comté de Mortain [8], mais Renaud prend à nouveau ses distances.

En 1211, il refuse de comparaître devant le roi de France à la suite d’un différend qui l’opposait à l’évêque de Beauvais [9] Philippe de Dreux , puis négocie avec Jean sans Terre, le rejoint en 1212 et lui rend hommage.

Avec l’empereur Othon IV de Brunswick et le comte Ferrand de Flandre, il attaque le royaume de France en 1214, La bataille entre les deux armées eut lieu à Bouvines. Vaincu, il est l’un des derniers à se rendre et refuse de se soumettre au roi. Philippe Auguste lui confisque ses terres, pour les donner à son fils Philippe Hurepel et marie celui-ci avec la fille de Renaud Mathilde de Dammartin . Renaud restera emprisonné dans la forteresse de Péronne [10] jusqu’à sa mort en 1227.

Notes

[1] Petite ville de l’arrondissement de Meaux dans le département de Seine-et-Marne, ancien bourg de la région d’Île-de-France, elle paraît remonter aux temps les plus reculés ; Dammartin-en-Goële, dit Velly, était en 1031 une des places les plus considérables de France. Au centre de la plaine céréalière de France, le comté de Dammartin contrôlait les routes de Paris à Soissons et Laon.

[2] La maison de Clermont en Beauvaisis est une famille qui tire son nom de la ville de Clermont-en-Beauvaisis.

[3] Les Plantagenêts sont une maison royale issue de la première maison d’Anjou avec le mariage en 1127 de Geoffroy V dit Plantagenet, fils de Foulques V d’Anjou, comte d’Anjou et du Maine, avec Mathilde l’Emperesse, fille d’Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie, comte de Bretagne et roi d’Angleterre. Ils sont rois d’Angleterre de 1154 à 1485, ducs de Normandie et d’Aquitaine, comtes de Poitou et de Nantes, seigneurs d’Irlande (très brièvement comtes de Bretagne), seigneurs de Chypre, etc. Les maisons de Lancastre et d’York sont deux des branches des Plantagenêts, qui ont cessé de régner en 1485 à la mort du roi Richard III.

[4] Le Boulonnais est une région naturelle maritime et bocagère située sur le littoral de la Manche, dans le département du Pas-de-Calais. La principale ville du territoire est Boulogne-sur-Mer, suivie de plusieurs villes de sa banlieue

[5] Le comté de Boulogne est issu d’un pagus franc. Dès le 9ème siècle, ce comté se trouve sous la suzeraineté du marquisat de Flandre. Philippe Auguste le confisquera en 1212 pour le donner en apanage à son fils. Le comté suivra ensuite les destinées de l’Artois et sera finalement annexé au domaine royal au xve siècle

[6] Le comté de Guînes fut l’un des premiers grands comtés qui devinrent héréditaires sous les Carolingiens

[7] Aumale est une actuelle commune du département français de la Seine-Maritime. Son histoire est marquée par le long usage des titulaires de son nom. Vers 1055 ou peu après, Aumale est définitivement rattaché à la Normandie. En 1194, Philippe II Auguste, roi de France, confisque Aumale à Guillaume des Forts. Il confie le comté en 1204 à Renaud de Dammartin, ancien comte de Boulogne. Le système de pairie d’Angleterre continuera à attribuer des titres de comte et duc liés à Aumale, mais en utilisant sa forme latine : Albemarle. Les « honneurs d’Aumale », un ensemble de terres dans le Yorkshire anciennement associé au titre normand, constituera le fief des comtes et ducs anglais

[8] Le titre de comte de Mortain fut porté par deux rois d’Angleterre, des rois de Navarre et de nombreux membres de diverses familles royales et ducales. Ce fut dans ses premiers siècles d’existence un titre très prestigieux, mais son importance décrut vers le 14ème siècle pour ne devenir qu’un titre accessoire. Le comté de Mortain fut un comté médiéval centré sur la ville de Mortain (Manche). Les ducs de Normandie y placèrent des membres de leur famille.

[9] Depuis qu’il a été érigé au 3ème siècle, le diocèse de Beauvais a connu plusieurs évêques. À l’occasion du concordat de 1801, le diocèse fut supprimé le 21 novembre 1801 et regroupé avec celui d’Amiens, mais, reconstitué le 6 octobre 1822, le diocèse est depuis la réforme des circonscriptions françaises de 2002 appelé « diocèse de Beauvais, de Noyon et de Senlis ».

[10] Péronne est une commune française du département de la Somme. Châtellenie appartenant au duc de Bourgogne depuis 1418, Péronne fait partie des villes de la Somme (Péronne, Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Doullens, Abbeville, Montreuil, Rue, Saint-Valery, Le Crotoy, Saint-Riquier, Roye, Montdidier, auxquelles il faut ajouter Crèvecœur-en-Cambrésis et Mortagne qui, elles, ne sont pas à proximité de la Somme, que se disputèrent, de 1463 à 1477, Louis XI et Charles le Téméraire. En 1536, Henri III de Nassau-Breda commandant l’armée de Charles Quint assiège la ville du 14 août au 11 septembre. Malgré d’incessants bombardements et plusieurs assauts, la ville tient bon. Cet épisode glorieux de son histoire vaut à Péronne plusieurs privilèges de la part du roi François 1er, notamment celui de porter un « P » couronné sur son blason.