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L’histoire pour le plaisir

Nasr II

lundi 17 mars 2025, par lucien jallamion

Nasr II (mort en 943)

Émir de la dynastie des Samanides en Perse de 914 à 943

Son règne correspond à l’apogée des Samanides [1].

Il succéda, à l’âge de 8 ans, à son père Ahmad II, assassiné en janvier 914. À cause de son jeune âge, son premier ministre Abu Abd-Allah al-Jaihani prend la régence. Presque immédiatement une série de révoltes se déclarent à l’intérieur de l’État, la plus sérieuse étant menée par son grand-oncle Ishaq ibn Ahmad. Les fils d’Ishaq prennent part à la rébellion. Un de ses fils, Mansur, prend le contrôle de Nichapur [2] et de plusieurs autres villes du Khorassan [3].

L’ascension de Nasr apporte aussi de l’instabilité aux périphéries de l’État Samanide. Les Abbassides [4] essayent de récupérer le Sistan [5] pour la dernière fois, tandis que Ray [6] et le Tabaristan [7] sont prises par l’Alide [8] al-Utrush.

Malgré le fait qu’ils soient incapables de reconquérir les provinces, les Samanides emploient de nombreux chefs locaux Daylamite [9] et Gilite et restent actifs dans les zones de combats. Une menace de mobilisation de Nasr en 933 provoque de la part du Ziyaride [10] Mardavij ben Ziyar , qui était devenu la puissance dominante dans la région, la restitution du Gorgan [11] et le paiement d’un tribut pour sa possession de Rayy.

Le frère de Vushmgir, qui prend le pouvoir en 935, accepte la suzeraineté samanide. L’armée samanide est à partir de cette date très impliquée dans la protection des Ziyarides contre les Bouyides [12], qui sont une puissance montante de la Perse centrale.

Jaihani est destitué en 922 par Nasr sous prétexte de sa foi chiite [13]. Il est remplacé par Abu’l-Fadl al-Balami, qui continue presque l’ensemble des politiques de son prédécesseur. En 929 une révolte des frères de Nasr éclate. Ils proclament l’un des leurs, Yahya, en tant qu’émir. Balami se débrouille pour étouffer la rébellion en tournant les frères les uns contre les autres. En 938 Jaihani est réinstallé en tant que premier ministre, poste qu’il détient jusqu’en 941.

Les ministres de Nasr l’aident à transformer la cour samanide en un centre culturel. Jaihani est connu pour être un auteur, il a écrit dans le domaine de la géographie. Son intérêt pour le sujet le pousse à inviter à Boukhara [14] des géographes de plusieurs lieux différents. Scientifiques, astronomes et autres affluent ainsi vers la ville. Balami s’intéresse également aux arts et patronne des intellectuels et des auteurs.

Nasr fut affermi sur le trône par son vizir Abou-Abdaliah-Siohamoiddfct et son général Hamouyah, et su, par sa clémence, sa justice, sa libéralité, son amour pour les lettres et les sciences, mériter d’être placé au rang des plus grands monarques.

En 943, plusieurs officiers de l’armée samanide, en colère à cause du soutien de Nasr aux missionnaires ismaéliens [15], fomentent une conspiration pour tuer l’émir. Le fils de Nasr Nouh a eu cependant vent du complot. Il vient à un banquet désigné pour être le lieu où sera organisé le complot et décapite les chefs.

Pour calmer les autres officiers, il promet de stopper l’activité des missionnaires ismaéliens. Nuh convainc son père d’abdiquer en sa faveur, celui-ci meurt peu de temps après.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de R.N. Frye (1975). The Cambridge History of Iran, Volume Four : From the Arab Invasion to the Saljuqs. (ISBN 0-521-20093-8)

Notes

[1] Les Samanides sont une dynastie iranienne qui reprend le pouvoir après la conquête arabe

[2] Nishapur est une des principales villes de la région du Khorassan, en Iran. Elle est construite par les sassanides : Shapur 1er la fonde, Shapur II la reconstruit, d’où son nom de Nev-Shabur. Elle fut un évêché nestorien au 5ème siècle. Occupée par les Arabes en 651. Les révoltes ne sont pacifiées qu’en 692. En 901, elle tombe aux mains des Samanides. Des tremblements de terre la détruisent.

[3] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[4] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[5] Le Sistan-et-Baloutchistan ou Sistan-Baloutchistan est une des 31 provinces d’Iran. Elle est située au sud-est du pays, à la frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan. Sa capitale est Zahedan. La province est la deuxième plus grande province d’Iran, avec une superficie de 181 600 km². Les départements de la province sont : Iran Shahr, Chabahar, Khash, Zabol, Zahedan, Saravan (en), et Nik Shahr

[6] Rayy, Ray ou Rey actuellement Chahr-e-Rey. Ville de la province de Téhéran, située à 10 km au sud de la ville de Téhéran dans le district de Shahrak-e Rah-Ahan du district 20. Ray est la deuxième ville de l’Empire abbasside après Bagdad. Le futur calife al-Mahdî y fut nommé gouverneur. Il rebâtit la ville et la renomma al-Muhammadiya. Hârûn ar-Rachid y naquit en 766. Rhazès (arabe : Ar-Râziy), médecin et philosophe persan y est né en 860. Philosophe et médecin rationaliste, il s’oppose au despotisme et suscite la polémique pour son agnosticisme. Plusieurs personnalités musulmanes ont porté le nom d’Ar-Râziy qui signifie « natif de Ray ». Ray devient la capitale du royaume des Bouyides à la fin du 10ème siècle. Elle est prise par les Seldjoukides en 1042. Le poète et philosophe Fakhr ad-Dîn ar-Râzî y naît en 1149. La ville est totalement détruite par les Mongols en 1220 et ne se relève plus. Après que les Qadjars établissent leur capitale en 1786 à Téhéran, Ray en devient au fil des années un faubourg dépendant. Cette ville a été un foyer de contestation pendant tout le califat abbasside. Motazilites et chiites de toutes les sectes y ont trouvé refuge.

[7] Le Tabarestan est une région ancienne d’Iran. Elle s’étendait du sud et sud-est de la mer Caspienne sur un territoire de 500 km de long sur 70 km de large. Elle correspond aux provinces actuelles de Mazandéran, Gilan, Golestan et au nord de la province Semnan ainsi qu’une petite région du Turkménistan

[8] Les Alides sont les descendants en lignée patrilinéaire d’Ali, qu’ils soient descendants de Fatima, fille de Mahomet, ou des autres femmes d’Ali. Tous les descendants d’Ali sont membres de l’Ahl Al Bayt qu’ils soient Seyyed / Chérifs (titre des descendants du prophète) ou non.

[9] Les Daylamites ou Dailamites était un peuple iranien habitant le Daylam, région montagneuse du nord de l’Iran actuel, au sud de la mer Caspienne. Sous l’empire Sassanides, ils étaient souvent employés comme soldats, ils ont longtemps résisté à la conquête musulmane de la Perse. Dans les années 930, les Daylamites de la dynastie Bouyides ont contrôlé la plus grande partie de l’Iran d’aujourd’hui, ceci jusqu’à la conquête Seldjoukides à la fin du 11ème siècle.

[10] Les Ziyarides (ou Zeyarides) étaient une dynastie persane qui gouverna les provinces caspiennes de Gourgan et de Mazandaran de 927 à 1090 environ (région aussi appelée Tabaristan). Le fondateur de la dynastie était Mardâvij ben Ziyâr, qui profita d’une rébellion dans l’armée des Samanides d’Iran pour prendre le pouvoir dans le nord de Iran. Il agrandit rapidement son domaine et conquit les villes de Hamadan et Ispahan.

[11] Gorgan est une ville du nord-est de l’Iran, à l’extrémité sud-est de la mer Caspienne. C’est la capitale de la province du Golestan, située à 400 km de Téhéran. Dans l’Antiquité, elle était nommée Tambrax ou Thambraces, et était capitale de la région antique appelée Hyrcanie. La ville fut capitale aux 10ème et 11ème siècles sous les Ziyarides. L’un de ses notables fut Qabus, mécène d’al-Biruni en l’an 1000, qui est enterré dans la tour Gonbad-e Qabus voisine.

[12] Les Bouyides sont une dynastie chiite qui règne en Perse et dans l’Irak-Adjémi (Jibâl) aux 10ème et 11ème siècles, de 945 à 1055.

[13] Le chiisme constitue l’une des deux principales branches de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne]. Il pensait que les Perses étaient favorables aux Hachémites[[La dynastie des Hachémites désigne les descendants de Hachim ibn Abd Manaf, de la tribu des Quraychites. Les Hachémites ont longtemps été les gardiens de la ville sainte de La Mecque, ils sont aujourd’hui la famille royale régnant en Jordanie, et ont régné sur le Royaume d’Irak jusqu’à la révolution républicaine de 1958.

[14] Boukhara est une ville d’Ouzbékistan, située au centre-sud du pays. C’est la capitale de la province de Boukhara.

[15] L’ismaélisme est un courant minoritaire de l’islam chiite. Ses membres sont appelés ismaéliens. Son nom provient d’Ismaïl ben Jafar. L’ismaélisme n’est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et, loin d’être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux (Mubârakiyya, Khattâbiyya, Qarmates, Druzes, Mustaliens, Nizârites, Septimain). Les adeptes de l’ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlis ; il ne faut pas les confondre avec les ismaélites descendants d’Ismaël, prophète de l’islam et patriarche biblique.