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Éléonore d’Arborée (1340-1404)

lundi 15 avril 2024, par lucien jallamion

Éléonore d’Arborée (1340-1404)

Fille de Mariano IV d’Arborée , juge du judicat d’Arborée [1], et de Timbora de Rocabertí.

Le judicat d’Arborée s’étendait alors sur un tiers de la Sardaigne [2] et en était le seul territoire indépendant.

Elle passe son enfance et sa jeunesse à Oristano [3], auprès de son frère Ugone III d’Arborée et de sa sœur Béatrice. Elle épouse Brancaleone Doria , un général génois [4], avec qui elle va habiter à Castelgenovese [5] vers 1367. C’est le double assassinat de son frère et de sa nièce Benedetta et l’emprisonnement de son mari, Brancaleone, par les Aragonais qui la poussent à sortir du sort habituel des femmes de l’époque.


Après la mort de la peste du juge Mariano IV d’Arborée en 1375, son fils Ugone III d’Arborée, frère d’Éléonore, lui succède comme juge. Il rallie la partie anti-catalan.

En 1383, pendant une révolte nobiliaire, Ugone III et sa fille Benedetta sont assassinés. Éléonore devient jugesse. Son époux, Brancaleone Doria, est arrêté, conduit à Barcelone [6] et emprisonné et son fils aimé Federico d’Arborée , encore mineur, est reconnu juge d’Arborée sous la tutelle de sa mère.

Le 31 aout 1386, un traité de paix est signé entre Arborée et l’Aragon [7]. Le pacte ne sera pas respecté et Mariano V d’Arborée, le second fils d’Éléonore et de Brancaleone, est élu juge d’Arborée en 1387 après la mort de son frère aîné. Un nouveau traité de paix entre Arborée et l’Aragon est conclu en 1388. Le texte de l’accord reprend intégralement celui du traité de 1386. Les Sardes, qui doivent restituer les territoires conquis, se retrouvent dans la situation d’avant 1353. Après la libération de Brancaleone Doria le 1er janvier 1390, Éléonore reprend les hostilités contre la couronne d’Aragon dès 1392.

Les territoires perdus lors du traité de 1388 sont intégralement reconquis. Éléonore promulgue la Carta de Logu [8] en 1392. Son fils, Mariano V, émancipé, assume effectivement le pouvoir. Éléonore d’Arborée meurt le 23 septembre 1404 à Oristano, en Sardaigne. Son décès semble être dû à la peste.

Après la mort de son fils le juge Mariano V en 1407, l’alliance entre la famille Doria et l’Arborée devient caduque. La Corona de Logu offre le pouvoir de juge à Guillaume II de Narbonne, un petit-fils de Béatrice d’Arborée, fille du juge Mariano IV, et épouse du vicomte Aymeri VI de Narbonne.

Éléonore d’Arborée est encore célébrée à cause de la Carta de Logu qu’elle fit promulguer, une charte, premier code civil de ce type en Europe qui resta en vigueur jusqu’en 1827.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Éléonore d’Arborée/ Portail de la Sardaigne/ Catégories : Femme politique italienne/ Histoire de l’Italie médiévale/ Histoire de la Sardaigne

Notes

[1] Le Judicat d’Arborée est un des quatre judicats qui naquirent en Sardaigne au 8ème siècle pour remplacer un Empire romain devenu trop lointain (celui de Byzance) et pour se protéger notamment des razzias arabes. L’Arborée se développa dans la partie centre-occidentale de l’île, riche en terres agricoles et pastorales (les autres judicats sont ceux de Logudoro ou de Torres, de Gallura, de Cagliari ou Pluminos). Le Judicat d’Arborée, comme du reste les trois autres judicats était un royaume souverain selon le principe juridique Superiorem non recognoscens, avec un territoire subdivisé en Curatorie, des districts dirigés par un curateur et comprenant des centres habités appelés « ville » (différent du mot français homonyme, du latin villa). Le judicat avait son propre Parlement, la Corona de Logu, composé des représentants des Curatorie. Il possédait son propre domaine public, le Rennu, votait les lois, avait des frontières et frappait monnaie. Son chef était le Judex ius dicens (celui qui dit la loi). Le juge tirait son autorité non seulement de l’hérédité mais également par la reconnaissance de son Imperium par la Corona de Logu.

[2] La Sardaigne est une île de la mer Méditerranée et une région italienne, qui se trouve à l’ouest de l’Italie continentale, au sud de la Corse. Son chef-lieu est la ville de Cagliari. Lorsque l’affaiblissement de l’Empire romain se propage jusqu’à l’île, cela a pour conséquence l’abandon progressif des terres agricoles et des côtes, ainsi qu’une perte de dynamisme notable de la démographie. Abandonnée à elle-même et sans défense, la Sardaigne est occupée et subit les razzias durant quelque 80 ans (vers 460-530) par les Vandales d’Afrique qui, défaits sous Justinien, laissent l’île sous la domination de Byzance.

[3] Oristano est une ville, chef-lieu de la province de même nom en Sardaigne (Italie). C’était la capitale du judicat d’Arborée jusqu’en 1410, après l’abandon de la première capitale, Tharros. En 1637, dans le cadre de la guerre de Trente Ans, la flotte française commandée par le comte d’Harcourt débarquait et prenait possession de la ville en détruisant les fortifications.

[4] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[5] Castelsardo est une commune italienne de la province de Sassari en Sardaigne. Castelsardo est situé sur un promontoire face au golfe d’Asinara, dans la région historique d’Anglona au nord de la Sardaigne. La côte près de la ville est principalement rocheuse avec de petites criques, à l’exception de la longue plage de Lu Bagnu. L’ancien nom de la ville était CastelGenovese ou CastelDoria, littéralement « château génois », car fondé par Gênes et appartenant alors à la famille Doria. Elle n’a pris son nom actuel que le 8 mai 1767

[6] Barcelone est la capitale administrative et économique de la Catalogne, de la province de Barcelone, de la comarque du Barcelonès ainsi que de son aire et de sa région métropolitaines, en Espagne. Lors de la guerre de Succession (1701-1714), Barcelone, comme la plupart de la Catalogne, prit le parti de l’archiduc Charles contre le roi Bourbon, Philippe V. Après le siège de 1697, la ville s’ouvre à l’armée de l’archiduc et le proclame roi sous le nom de Charles III. Barcelone est assiégée par les Franco-Espagnols en 1705 et 1706, puis à nouveau de juillet 1713 à septembre 1714. La capitulation a pour conséquence, dans le cadre de la politique centralisatrice et répressive des Bourbon, la disparition des institutions propres à la Catalogne (conseil de Cent et Generalitat).

[7] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[8] La Carta de Logu était un code juridique du Judicate d’Arborea, écrit en langue sarde et promulgué par la juighissa Eleanor d’Arborea en 1392. Elle était en vigueur en Sardaigne jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par le code savoyard de Charles Felix en avril 1827. La Carta était une œuvre d’une grande importance dans l’histoire sarde. Il s’agissait d’un travail de législation organique, cohérent et systématique englobant le droit civil et pénal. L’histoire de la rédaction de la Carta est inconnue, mais la Carta elle-même offre un excellent aperçu de la situation ethnologique et linguistique de la Sardaigne médiévale tardive. Dans la Carta, il y a la modernisation de certaines normes et la sagesse juridique qui contient des éléments de la tradition canonique romaine, la tradition byzantine, la jurisprudence bolognaise et la pensée des glossateurs de la culture de la cour catalane, mais surtout l’élaboration juridique locale des coutumes sardes faites par la loi municipale sarde. Une disposition notable du Code est qu’il accordait aux filles et aux fils les mêmes droits de succession.