Yogi [1] accompli, contemporain du roi Trisong Detsen, qui régna de 755 à 797.
Vairotsana est un des 25 principaux disciples de Padmasambhava. Sur une prédiction de ce dernier, le roi le trouva à Pagor, et le garçon de 8 ans exprimait déjà la plus subtile compréhension, étant l’incarnation d’un bodhisattva [2] de la dixième terre [3].
Il fut l’un des 7 premiers moines ordonnés par Shantarakshita. Il apprit le sanskrit de sorte qu’il put être envoyé à 15 ans auprès de Shri Singha, et connut 16 épreuves durant le périlleux périple vers l’Inde. Il rencontra cependant de nombreux maîtres dont il reçut les enseignements et qui lui indiquèrent le chemin vers l’énigmatique Dhahena*, où résidait Shri Singha.
Shri Singha lui transmit, rare privilège, l’enseignement complet de l’Atiyoga [4]. Il lui enseignait de nuit, dans le plus grand secret, parce que d’importants bris de serment tantrique avait été commis, empêchant la propagation de sa lignée en Inde. De jour, il recevait les enseignements tantriques dualistes des autres érudits.
Avant de retourner au Tibet [5], à force d’ingéniosité et de siddhis, Vairotsana dut ravir les soutras et tantras souillés qui avaient été cachés et scellées à Bodhgaya [6]. Il s’ensuivit une poursuite, les coursiers de l’université de Nalanda [7] pourchassant Vairotsana. Celui-ci su cependant s’allier un de ces coursiers, ainsi que plusieurs gardes-frontières, par le charisme de sa réalisation et de ses enseignements.
Vairotsana retourna enfin au Tibet à l’âge de 57 ans, soit un périple indien de 42 ans. Il entreprit alors son énorme tâche de traduction de soutras et tantras, dont aussi des traités de médecine et d’astrologie. De jour il enseignait le tantrisme [8], et de nuit, en secret, il enseignait l’atiyoga au roi... Cependant, grâce à la conjonction des amours déçues de la reine Margyen envers lui, des manœuvres de discrédit des autorités de Bodhgaya, et des luttes d’influence de divers ministres, il fut contraint à l’exil, le roi ayant déjà tenté une première fois de prétendre le noyer, alors qu’il lui avait substitué un mendiant...
Bien que la reine se fut repentie, Vairo dut se rendre à Tsawarong, un pays limitrophe du Tibet. Chemin faisant, il fut escorté par tous ceux qui lui restaient fidèles, et en profita pour donner de nombreux enseignements.
Croyant qu’il s’agissait d’un espion, les gens de Tsawa le retinrent prisonnier et lui infligèrent des tortures desquelles il restait détaché, épuisant ainsi d’anciens karmas [9]. Voyant cela la reine Dru, ainsi que le roi et ses sujets, s’excusèrent puis lui rendirent hommage, particulièrement le prince Yudra Nyingpo qui devint son principal disciple. Celui-ci avait entendu et mémorisé les tantras que Vairotsana récitait alors qu’il était prisonnier dans sa fosse. Yudra le supplia ardemment, et Vairotsana l’accepta en lui imposant 9 ans d’ardues conditions visant à l’aguerrir et le purifier. Il fut notamment envoyé en ambassade au Tibet, auprès de Vimalamitra et du roi.
Entre-temps, Trisong Detsen avait invité Vimalamitra à sa cour pour remplacer Vairo, mais le roi mourut avant son arrivée. Vimalamitra avait aussi reçu l’enseignement complet de Shri Singha et réalisé les plus hauts accomplissements. Le conflit appréhendé des deux yogis n’eut donc pas lieu, et, après des démonstrations de siddhis, ceux-ci coopérèrent à compléter l’œuvre de Vairotsana. Tous deux initièrent d’excellents disciples. Quant au nouveau roi, son orgueil dut être rabaissé avant qu’il ne puisse recevoir les meilleurs enseignements des deux maîtres.