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L’histoire pour le plaisir

Agathon (pape)

samedi 25 février 2023, par ljallamion

Agathon (pape) (mort en 681)

79ème pape de 678 à 681

Sans doute d’origine orientale, il vécut longtemps à Palerme [1] avant de venir à Rome. Il est surtout connu pour avoir fait condamner le monothélisme [2] au concile de Constantinople de 680/681 [3], et pour avoir soustrait l’Église de Rome aux impôts de l’empereur. Il fit également reconnaître l’autorité du siège de Rome par l’archevêque de Ravenne [4] et accrut l’influence romaine sur le clergé d’Occident.

Agathon était grec, né en Sicile, de parents riches et pieux. On dit qu’il distribua leur héritage après leur mort pour se retirer dans un monastère de Palerme [5].

Peu de temps après qu’Agathon fut devenu pape, saint Wilfrid, archevêque d’York [6] arriva à Rome pour demander l’aide de l’autorité du Saint-Siège. Il avait été déposé de son siège parThéodore, archevêque de Cantorbéry [7], qui avait partagé son diocèse, nommant 3 évêques aux nouveaux sièges. Dans un synode que le pape Agathon convoqua au Latran pour étudier l’affaire, il fut décidé que le diocèse de Wilfrid devrait effectivement être partagé, mais que c’est Wilfrid lui-même qui devrait nommer les évêques.

Le concile commença avec l’envie de l’empereur Constantin IV de mettre fin au schisme qui séparait l’Église en deux. Il écrivit au pape Donus pour lui suggérer une conférence sur le sujet, mais Donus était mort quand la lettre arriva. Agathon cependant se hâta de saisir le rameau d’olivier offert par l’empereur. Il ordonna que des conciles se tinssent dans tout l’Occident pour que les légats [8] pussent présenter la tradition universelle de l’Église occidentale. Alors il envoya une grande délégation à Constantinople pour rencontrer les Orientaux.

Les légats et les patriarches se rassemblèrent au palais impérial le 7 novembre 680. Les Monothélites exposèrent leur point de vue. Alors fut lue la lettre du pape Agathon qui expliquait la croyance traditionnelle de l’Église selon laquelle le Christ avait deux volontés, divine et humaine. Le concile conclut que Pierre avait parlé par la bouche d’Agathon.

Le patriarche Georges de Constantinople accepta cette lettre d’Agathon, comme le firent la plupart des évêques présents. Le concile proclama l’existence dans le Christ de deux volontés et condamna le monothélisme, incluant le pape Honorius dans sa condamnation. Quand le concile prit fin en septembre 681, les décrets furent envoyés au pape, mais Agathon était mort en janvier. Le Concile n’avait pas seulement mis fin à l’hérésie monothélite, mais avait guéri le schisme.

Agathon engagea aussi des négociations entre le Saint-Siège et Constantinople [9], concernant les rapports de la Cour byzantine avec les élections papales. Constantin promit à Agathon d’abolir ou de réduire la taxe que les papes devaient payer à la trésorerie impériale à l’occasion de leur intronisation.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de l’Encyclopédie catholique > A > Le pape saint Agatho

Notes

[1] Sicile

[2] Le monothélisme est un courant de pensée du christianisme, développé au 7ème siècle dans le but de réunifier l’Église chalcédonienne et les Églises des trois conciles, et condamné comme hérésie au troisième concile de Constantinople en 681.

[3] Le Troisième Concile de Constantinople comporta dix-huit sessions qui se déroulèrent du 7 novembre 680 au 16 septembre 681. Il est considéré comme le Sixième Concile œcuménique tant par les Églises orthodoxes que par l’Église catholique romaine ainsi que par certaines autres Églises occidentales. Ce concile condamna les doctrines du monoénergisme et du monothélisme et jeta l’anathème sur ses premiers défenseurs, les patriarches de Constantinople Serge, Pyrrhus et Cyr, ainsi que le pape Honorius. Il confirma la doctrine que Jésus-Christ était doté de deux énergies et de deux volontés (divine et humaine). L’empereur Constantin IV prit une part active aux délibérations des onze premières sessions de même qu’à la session finale, ayant dû mener entre-temps une expédition contre les Bulgares.

[4] Ravenne est une ville italienne de la province de Ravenne en Émilie-Romagne. Elle est considérée comme la capitale mondiale de la mosaïque. Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’Empire d’orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’Empire d’orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial. Ravenne fut prise en 752 par Aistolf, roi des Lombards. Deux ans après, Pépin le Bref, roi des Francs, la lui enleva et la donna au Saint-Siège.

[5] Palerme est une ville italienne, chef-lieu et plus grande ville de la région Sicile Elle se situe dans une baie sur la côte nord de l’île.

[6] L’archevêque d’York est le troisième personnage de l’Église d’Angleterre, après le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque) et l’archevêque de Cantorbéry (le primus inter pares de tous les primats anglicans).

[7] L’archevêque de Cantorbéry est, après le Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque du Royaume-Uni), le chef de l’Église d’Angleterre et de la Communion anglicane.

[8] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[9] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.