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Abraham de Kachkar dit Mar Abraham le Grand

lundi 10 janvier 2022, par ljallamion

Abraham de Kachkar dit Mar Abraham le Grand (491/492 ou 502/503-586 ou 588)

Moine chrétien de l’Église de l’Orient

Né à Kachkar [1], il est à l’origine d’un renouveau de la vie monastique dans son Église, où il est surnommé le père des moines.

Sa vie est racontée notamment par la Chronique de Séert [2]. Babaï le Grand avait écrit sa biographie.

Il fut d’abord missionnaire dans la ville arabe d’Hira [3], où, selon la Chronique de Séert, il détourna beaucoup de monde du culte d’Az-Zohra [4]. Il se rendit ensuite en Égypte et y partagea la vie des anachorètes [5] du désert. Il séjourna aussi parmi les moines du Mont Sinaï [6] et de Palestine [7]. De retour en Perse, il alla étudier à l’École de Nisibe [8], auprès d’Abraham et de Jean de Beth Rabban.

Il se retira ensuite sur le Mont Izla [9] lieu d’implantation d’ermites et de communautés monastiques depuis le 4ème siècle. Jacques de Nisibe y avait été ermite vers 300, et saint Eugène (Mar Awgin) y avait fondé une première communauté vers 350.

Selon la Chronique de Séert, Abraham y fut d’abord ermite dans la grotte qu’avait occupée Jacques de Nisibe. La vie monastique dans l’Église de l’Orient était alors bien déchue, une série de conciles de la fin du 5ème siècle avait imposé le mariage pour tous les clercs, y compris les moines, afin de se conformer aux mœurs perses. Ces dispositions avaient été abrogées au milieu du 6ème siècle sous l’impulsion du catholicos [10] Mar Aba 1er , mais la vie monastique restait à reconstruire.

Abraham de Kachkar fonda une nouvelle communauté dont il fit adopter les règles par une assemblée réunie autour du métropolite [11] de Nisibe [12] en 571. La vie cénobitique [13] était rendue obligatoire pour les trois premières années pour les hommes, pour toute la vie pour les femmes.

La réforme de la vie monastique fut un travail de longue haleine : un concile tenu en 576 par le catholicos Ézéchiel anathématisa les moines gyrovagues [14] qui allaient de couvent en couvent accompagnés de femmes, méprisant les sacrements, le jeûne et la prière, et niant la rétribution des actes. Tous les moines, désormais, devaient se rattacher à un monastère, et ne se déplacer qu’avec l’autorisation de leur abbé et de l’évêque du lieu ; il leur était interdit de mendier.

Abraham mourut en 586 ou 588, et fut remplacé par Dadicho, qui réforma la règle sur plusieurs points.

Un autre disciple d’Abraham de Kachkar fut Babaï le Grand, qui succéda à Dadicho à la tête du monastère en 604. Il appliqua la discipline de façon très rigoureuse, expulsant les moines qui menaient encore à cette époque une vie maritale, mais sa sévérité excessive provoqua un départ massif de moines, qui allèrent constituer d’autres communautés, comme le monastère de Beth’Abhé [15] dont l’histoire est racontée par Thomas de Marga .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Abraham de Kachkar/ Portail des chrétiens d’Orient/ Catégories : Église de l’Orient

Notes

[1] sud de la Mésopotamie

[2] La Chronique de Séert, dite aussi Histoire nestorienne, est un texte historiographique ecclésiastique arabe écrit par un écrivain nestorien anonyme vers 1036, et qui appartient à la littérature de l’Église d’Orient.

[3] Al-Hîra1 est une ville d’Irak située sur la rive droite de l’Euphrate à 18 km au sud-est de Nadjaf.

[4] Vénus

[5] L’ermite ou l’anachorète est une personne (le plus souvent un moine) qui a fait le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Les ermites étaient à l’origine appelés anachorètes, l’anachorétisme (ou érémitisme) étant l’opposé du cénobitisme. L’ermite partage le plus souvent sa vie entre la prière, la méditation, l’ascèse et le travail. Dans l’isolement volontaire, il est à la recherche ou à l’écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels.

[6] Le Sinaï est une péninsule égyptienne d’environ 60 000 km², à la forme triangulaire et située entre la mer Méditerranée (au nord) et la mer Rouge (au sud). Elle est géographiquement située en Asie du Sud-Ouest. Sa frontière terrestre longe le canal de Suez à l’ouest et la frontière entre l’Égypte et Israël et la bande de Gaza au nord-est.

[7] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[8] L’école théologique de Nisibe fut une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme. Elle fut la continuatrice de l’école d’Édesse (dite aussi école des Perses) après la fermeture de celle-ci en 489. Elle occupe une place importante dans l’histoire de l’Église de l’Orient.

[9] une crête montagneuse située à proximité de la ville

[10] Le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.

[11] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque.

[12] ville située aux confins des empires romain et perse, passée plusieurs fois de l’une à l’autre domination, située aujourd’hui dans le sud-est de la Turquie

[13] Aux premiers temps du christianisme, le cénobitisme était une forme de vie monastique en communauté, propre aux cénobites, par opposition aux ermites et anachorètes qui vivaient seuls une vie consacrée à la prière et à la contemplation.

[14] Le gyrovague est un moine chrétien itinérant et solitaire vivant dans l’errance et passant de monastère en monastère, sans être membre d’aucun. Plusieurs conciles ont condamné ce mode de monachisme.

[15] Le monastère de Beth’Abhé (« la maison des bois » en syriaque), situé près du Grand Zab à environ 80 km au nord-est de Mossoul, fut fondé au plus tard en 595, très probablement par Ya`qob de Lashom (Rabban Jacob). Thomas de Marga en écrivit l’histoire. Le monastère a joué un grand rôle dans l’histoire du monachisme syriaque et a été habité par d’importantes figures du christianisme oriental de l’Église de l’Orient, telles que Sahdona, Jean de Dailam, Giwargis II, Abraham II ou encore Thomas de Marga.