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Jean de Biclar dit Jean de Gérone

samedi 7 août 2021, par ljallamion

Jean de Biclar dit Jean de Gérone (vers 540-après 621)

Évêque catholique d’origine wisigothique

Évolution du royaume wisigoth jusqu'au 6ème siècleVers 560, il se rend pour ses études à Constantinople [1], y séjournant pendant une dizaine d’années. Il y acquiert une excellente connaissance du grec et du latin qui fera de lui un des derniers représentants de la culture antique en Occident. Il participe également aux débats théologiques orientaux, y compris à la querelle dite des Trois Chapitres [2].

Revenu en Hispanie [3] vers 575 d’après Isidore de Séville, il refuse de se rallier à l’Église officielle arienne [4] du royaume wisigothique [5] et le roi Léovigild l’exile à Barcelone [6]. À la mort du roi en 586, il fonde le monastère de Biclar [7] pour lequel il écrit une règle et qu’il gère pendant plusieurs années.

Entre 589 et 592, alors que règne le fils et successeur du roi Léovigild, Récarède, converti au catholicisme en 587, il est appelé à l’évêché de Gérone [8]. Il prend part à au moins 3 conciles, dont celui de Saragosse [9] en 592.

Il a laissé une courte chronique écrite entre 589 et 591 ; elle va de 567 jusque vers 590 et se présente comme une continuation de Victor de Tunnuna . Bien que concise, elle constitue une source précieuse pour le règne du roi Léovigild et la période qui voit se préparer la conversion des Wisigoths au catholicisme.

Il nous laisse des renseignements sur la ville de Recopolis [10]. Il donne quelques détails précieux issus de son séjour en Orient et mentionne également vers 569, la conversion au christianisme des Garamantes [11], berbères païens de l’actuelle Libye.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christophe Picard, Michel Zimmermann, Michel Kaplan - Histoire médiévale. Le Moyen Âge IVe-Xe siècle, Breal, 2000. (ISBN 978-2853947312)

Notes

[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[2] L’affaire dite des Trois Chapitres s’inscrit dans les efforts de Justinien pour réconcilier sur le plan religieux les parties orientale et occidentale de son empire en les persuadant que les décisions du concile de Chalcédoine de 451 étaient conformes à la christologie de l’école d’Alexandrie. En 544, il publia un édit en trois chapitres, le premier condamnant Théodore de Mopsueste, les deux autres condamnant les écrits jugés pro-nestoriens de Théodoret de Cyr et la lettre adressée par l’évêque d’Édesse, Ibas, à Mari. Cet édit n’eut d’autre résultat que de mécontenter à la fois Rome, les milieux chalcédoniens et les monophysites. Devant l’échec de ses tentatives de persuasion, Justinien convoqua un concile œcuménique (le cinquième) qui, sous la pression de l’empereur, finit par condamner les Trois Chapitres.

[3] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[4] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[5] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[6] Le comté de Barcelone est à l’origine une subdivision du royaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du 8ème siècle, reconquis par Charlemagne en 801, il est intégré à la marche d’Espagne, province frontière face aux musulmans d’Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche. À l’extinction de la dynastie carolingienne, les comtes se succèdent de façon héréditaire dans la descendance du comte Guifred, dit le Velu. Cette dynastie domine également les comtés de Girone et de Ausone, et rassemble peu à peu sous son autorité directe ou indirecte tous les comtés formant l’actuelle Catalogne : Besalú, Cerdagne, Empuries, Pallars, Roussillon et Urgell.

[7] Biclarum

[8] Gérone est une ville située dans le nord-est de l’Espagne en Catalogne. Elle est la capitale de la province de Gérone ainsi que de la comarque du Gironès.

[9] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon. Saragosse est située sur l’Èbre à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, environ 300 kilomètres de chacune d’elles, et à 340 kilomètres de Valence. Un important traité fut signé à Saragosse (traité de Saragosse) en 1529 entre Espagnols et Portugais pour le partage des découvertes du Nouveau Monde.

[10] unique source décrivant la ville fondée vers 580 par Léovigild en l’honneur de son fils Récarède

[11] Les Garamantes étaient un ancien peuple libyco-berbère qui nomadisait, depuis le 3ème millénaire avant notre ère, entre la Libye et l’Atlas plus particulièrement autour des oasis de Djerma (nom moderne de leur capitale, Garama) et de Mourzouk. Leur nom signifierait « les gens de la cité ». Ils faisaient partie de cet ensemble de populations à peau sombre qui se distingue des négroïdes soudanais et des blancs méditerranéens. Il est probable qu’ils auraient été encore plus au Sud, jusqu’au fleuve Niger et la région de Gao. Ils étaient en relation avec le Soudan et le Niger et faisaient le commerce d’ivoire, de métaux précieux et d’esclaves à destination de Carthage. Ce furent des cavaliers de l’armée carthaginoise. Les Garamantes avaient des chariots attelés à quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassaient les Éthiopiens Troglodytes.