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Abû Ishâq al-Mu`tasim bi-llah ’Abbas ben Hârûn ar-Rachîd dit Al-Mu`tasim (Abbasside)

vendredi 9 octobre 2020, par lucien jallamion

Abû Ishâq al-Mu`tasim bi-llah ’Abbas ben Hârûn ar-Rachîd dit Al-Mu`tasim (Abbasside) (794-842)

Troisième fils de Hârûn ar-Rachîd à prendre le titre de calife le 10 août 833 où il succède à son frère Al-Ma’mûn.

Déjà sous le règne de Al-Mu`tasim, on avait commencé à enrôler dans l’armée des jeunes gens capturés aux franges de l’empire. Ces soldats, les ghilmân [1], étaient des esclaves recrutés dans les régions nouvellement conquises. Ce procédé de recrutement a anticipé le devchirmé [2] et les janissaires [3] qui eurent cours pendant l’Empire ottoman. Ces ghilmân qui n’avaient à répondre que devant le calife [4] lui-même, se sont révoltés pendant le règne de Ar-Radhî.

Al-Mu`tasim était à Tarse [5] quand il apprit la nouvelle de la mort de son frère Al-Ma’mûn. Il y reçut le serment de ses troupes. Il est revenu à Bagdad [6] au commencement du mois de ramadan.

Le dissident Babak Khorramdin était devenu puissant dans l’Azerbaïdjan [7]. Al-Mu`tasim envoya contre lui une armée qui attaqua les Khurramites [8] à Hamadān [9] et remporta une victoire complète.

Ces ghilmân ont provoqué la colère des troupes arabes régulières. Les ghilmân Arméniens et Turcs ont même été la cause d’émeutes dans la population de Bagdad en 836. C’est à la suite de ces événements que la capitale fut transférée à Samarra [10], une ville nouvelle conçue pour être une ville de garnison. Les califes ne sont revenus à Bagdad qu’en 892 sous le règne d’ Al-Mu’tamid .

Al-Mu`tasim a résidé à Bagdad 2 mois et s’est résolu à changer de résidence. Il aimait les Turcs et avait pris de nombreux Turcs à son service. Ces soldats parcouraient la ville en galopant pour aller s’entraîner au tir en dehors des murs. Al-Mu`tasim eut l’occasion d’entendre les plaintes des habitants. Il décida de quitter Bagdad avec la cour et ses esclaves. Il laissa son fils comme gouverneur de Bagdad et résida sous une tente à Samarra jusqu’à la fin de la construction du palais.

Al-Mu`tasim désigna un général d’origine perse, nommé Afchîn , pour aller combattre contre Bâbek. Afchîn avec difficulté finit par capturer Bâbek. Bâbek fut exécuté le 4 janvier 838 à Samarra.

Les Tâhirides [11] qui ont pris le pouvoir dans le Khorasan [12] pendant le règne d’Al-Ma`mûn continuèrent à asseoir leur domination sur la région : Ils reçurent le gouvernorat sur la Transoxiane [13], Samarkand [14], la Ferghana [15] et Hérat [16].

En Ifriqiya [17] les Aghlabides [18] tout en restant théoriquement des vassaux du calife, prennent de plus en plus d’indépendance et partent à la conquête de la Sicile.

Sous le règne d’Al-Mu`tasim l’empire abbasside continua à se diviser. L’Irak et la Syrie sont restés arabes, le Khorasan et tout le nord-est de l’empire ont repris une personnalité persane.

Al-Mu`tasim s’était fait faire une saignée le vendredi 21 octobre 841. Il contracta une fièvre et il est mort le jeudi 5 janvier 842 des suites de cette maladie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Al-Mu’tasim »

Notes

[1] Un ghulam était un esclave militaire. Le terme de mamlūk ou mamelouk en français moderne était également utilisé en arabe. Ce dernier terme s’imposera progressivement en Europe pour le remplacer complètement au 13ème siècle alors qu’ils prenaient le pouvoir en Égypte. En Perse, les ghulams désignaient des esclaves islamisés qui faisaient allégeance personnelle au chah perse.

[2] Le devchirmé, aussi connu sous le nom d’impôt sur le sang ou de tribut du sang, était, dans l’Empire ottoman, le système de recrutement forcé annuel opéré par les armées du sultan. Il consistait à réquisitionner des garçons âgés de 8 à 18 ans parmi les populations chrétiennes des Balkans et d’Anatolie. Une fois récoltés, les garçons étaient envoyés à Constantinople, convertis à l’islam, éduqués comme des Turcs musulmans et formés à exercer des fonctions civiles ou militaires dans l’Empire, en particulier au sein du corps des janissaires. Établi par Çandarlı Kara Halil Hayreddin Pacha, grand vizir de Mourad 1er dans la deuxième moitié du 14ème siècle pour contrebalancer le pouvoir grandissant de la noblesse turque dans l’administration et l’armée ottomane, ce système d’esclavage pourtant en contradiction avec la loi islamique, puisque les peuples non musulmans, conquis militairement par l’islam, et soumis au statut de dhimmis, doivent être démilitarisés et protégés par les musulmans militarisés contre le versement d’un impôt, la jizya a perduré jusqu’au début du 19ème siècle durant le règne de Mahmoud II.

[3] Les janissaires formaient un ordre militaire très puissant composé d’esclaves d’origine européenne et de confession chrétienne, ils constituaient l’élite de l’infanterie de l’armée ottomane, à l’apogée de l’Empire ottoman. Les janissaires appartenaient à la classe des « esclaves de la Sublime Porte », qui occupait les postes les plus influents dans l’administration et l’armée. Ils ont commencé en tant que corps d’élite d’esclaves, composé de jeunes garçons chrétiens kidnappés qui ont été forcés de se convertir à islam, et sont devenus célèbres pour leur cohésion interne et leur discipline. Contrairement aux esclaves typiques, ils étaient régulièrement payés. Interdit de se marier ou de s’engager dans le commerce, on s’attendait à leur dévouement total au Sultan. Au 17ème siècle, en raison d’une augmentation spectaculaire de la taille de l’armée permanente ottomane, la politique de recrutement initialement stricte du corps a été assouplie. Le corps a été aboli par le sultan Mahmoud II en 1826 lors du Vaka-i Hayriye dans lequel 7 000 janissaires ont été massacrés à Constantinople, 120 000 dans tout le pays sur 140 000 janissaires.

[4] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[5] Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. D’origine hittite, comme la plupart des villes de Cilicie, Tarsus fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saül.

[6] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[7] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[8] Le mouvement khurramite aussi appelé la Khurramiya (La religion joyeuse) était un mouvement religieux et politique iranien qui est apparu en Azerbaïdjan au début du 9ème siècle. Ce mouvement, aussi appelé Surkh jāmgān (aux habits rouges) à cause de leur couvre-chef rouge, était une réaction iranienne, contre le pouvoir arabe et contre l’islam, qui a contribué à affaiblir le califat. Sous la direction de Bâbak, les Khurammites ont commencé à attaquer en Iran et en Irak à partir de 816, sous le règne d’Al-Mamun. Bâbak fut exécuté en janvier 838 à Samarra.

[9] Hamadan ou Hamedan est l’une des principales villes d’Iran dans la région occidentale et montagneuse du pays, capitale de la province du même nom. Cette ville est située sur les pentes de l’Alvand, à plus de 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui fait d’elle l’un des villes les plus froides de l’Iran. Hamadan est considérée comme la plus ancienne ville d’Iran et l’une des plus anciennes du monde. Elle est connue dès l’Antiquité sous le nom d’Ecbatane capitale de la Médie et du premier empire iranien.

[10] Sāmarrā est une ville d’Irak. Son nom est l’abréviation de l’arabe signifiant « celui qui l’aperçoit est heureux », nom que lui avait donné le calife abbasside Al-Mutasim. Elle se situe sur la rive est du Tigre dans la province de Salah ad-Din, à 125 km au nord de Bagdad. Sāmarrā était autrefois l’une des plus grandes villes de Mésopotamie. La ville pré-islamique a été remplacée par une nouvelle ville en 833 par le calife abbasside Al-Mutasim, afin d’y installer ses mercenaires turcs recrutés la même année lors de son accession au califat. Écartée de Bagdad où elle molestait la population locale, la nouvelle garde du calife y vécut en véritable micro-société et Samarra devint alors la nouvelle capitale du monde musulman. Durant le règne de son successeur Al-Wathiq et davantage sous celui du calife Al-Mutawakkil, Sāmarrā se transforme en une ville commerciale. Ce dernier a été le garant de la construction de la Grande Mosquée de Sāmarrā en 847 avec son célèbre minaret en spirale.

[11] Les Tahirides sont une dynastie ayant gouverné le Khorassan de 820 à 872. Au 9ème siècle, le conflit opposant le calife Al-Amîn à son frère Al-Ma’mûn provoque l’affaiblissement de l’empire abbasside, dans lequel se trouvent opposés les Arabes et les Iraniens (Ces derniers aspirent à retrouver une autonomie politique).

[12] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[13] La Transoxiane est l’ancien nom d’une partie de l’Asie centrale située au-delà du fleuve Oxus (actuel Amou-Daria). Elle correspond approximativement à l’Ouzbékistan moderne et au sud-ouest du Kazakhstan. Géographiquement, il s’agit de la région située entre les fleuves Oxus et Syr-Daria. L’utilisation de ce terme de nos jours implique généralement que l’on parle de la région à une époque antérieure au 8ème siècle. Cependant le terme est resté en usage parmi les historiens occidentaux plusieurs siècles après.

[14] Samarcande ou parfois Samarkand est une ville d’Ouzbékistan, capitale de la province de Samarcande. Elle fut une des plus grandes cités d’Asie centrale. Lors de ces différentes occupations, Samarcande a abrité des communautés religieuses diversifiées et est devenue le foyer de plusieurs religions tel que le Bouddhisme, le Zoroastrisme, l’Hindouisme, le Manichéisme, le Judaïsme et l’Église de l’Orient. Les armées des Omeyyades sous Qutayba ben Muslim conquièrent la ville vers 710. Après la conquête de la Sogdiane, l’Islam devient la religion dominante à Samarcande où beaucoup d’habitants se convertissent. Selon la légende, durant le règne des Abbassides, le secret de la fabrication du papier est obtenu de deux Hans, prisonniers faits lors de la Bataille de Talas en 751. Cette invention permit la fondation de la première papeterie de Samarcande et se diffusa dans le reste du monde islamique et plus tard en Europe

[15] La vallée de Ferghana ou Fergana est une vallée fertile couvrant l’est de l’Ouzbékistan, le sud du Kirghizistan et le nord du Tadjikistan. Elle est traversée par le Syr-Daria. Elle s’étend sur environ 22 000 km². La vallée est gouvernée successivement par les Arabes, les Perses, puis les Turcs. Elle joue au Moyen Âge un rôle central dans l’histoire du puissant Empire moghol d’Asie du sud et de l’Inde dont le roi ferghan Babour fut le fondateur.

[16] Hérat, Herat ou Hérât est une ville de l’Ouest de l’Afghanistan proche des frontières de l’Iran et du Turkménistan, et située dans la province de Hérat.

[17] L’Ifriqiya, est une partie du territoire d’Afrique du Nord pour la période du Moyen Âge occidental, qui correspond aux provinces d’Afrique romaine dans l’Antiquité tardive. Le territoire de l’Ifriqiya correspond aujourd’hui à la Tunisie, à l’est du Constantinois (est de l’Algérie) et à la Tripolitaine (ouest de la Libye). C’est sous ce nom que ce territoire est connu au moment de l’arrivée des Arabes musulmans et de la résistance qui leur est opposée par les populations berbères païennes, chrétiennes ou juives. Le continent, qui était auparavant nommé « Libye » par Hérodote tire son nom de cette dénomination que les Romains imposèrent par leur conquête.

[18] Les Aghlabides ou Banû El Aghlab sont une dynastie d’émirs issue de la tribu arabe des Banu Tamim. Deuxième dynastie arabe après les Muhallabides ayant régné sur l’Ifriqiya au nom du calife abbasside, de 800 à 909, elle compte onze souverains avant d’être évincée avec l’installation des Fatimides.