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Fakhr al-Dïn dit Fakhreddine II

dimanche 12 janvier 2020, par ljallamion

Fakhr al-Dïn dit Fakhreddine II (1572-1635)

Émir et prince des Druzes

Portrait de Fakhreddine. Emir du Liban, Sidon, la Galilée et le reste du Levant au cours du premier quart du 17ème siècle, et figure la plus célèbre de l'Empire ottoman à cette époqueNé dans la ville de Baakline [1], dans les montagnes du Chouf [2], prince des Druzes [3] de la dynastie Maan [4] et fils de l’émir Korkmaz. Il fut maître de l’émirat du Mont-Liban [5] qui englobait le mont Liban et ses périphéries littorales et intérieures.

Son père Korkmaz et son grand-père Fakhr al-Dïn 1er ayant été exécutés par les Turcs ottomans, sa mère le fait élever au Kesrouan [6], dans la famille chrétienne maronite [7] des Khazen [8], dont le fils Abounadir resta son ami et son conseiller. En 1590, il prend possession de son fief du Chouf [9] et, profitant de la mobilisation des Ottomans contre la Perse et en Hongrie, agrandit considérablement son domaine.

À la suite d’une réaction ottomane qui conduit à un conflit armé, à l’invasion de son territoire et à la bataille de Mzayrib [10], il doit s’exiler de 1613 à 1618.

Il confie la régence à son fils aîné Ali et à son frère cadet Younès, et séjourne en Italie en particulier en Toscane [11], où il est accueilli par les Médicis [12], et s’informe sur les techniques et l’administration occidentales.

Il installa la première imprimerie du monde arabe dans un couvent chrétien, invita des peintres et architectes européens qui formèrent l’école dite du Paysage libanais, et créa le premier embryon du Liban moderne.

Il remporta en 1623 la bataille d’Anjar [13] sur une puissante armée coalisée commandée par Moustafa Pacha, Wali [14] de Damas et composée de troupes ottomanes, damascéennes et de contingents libanais sous les ordres de seigneurs féodaux libanais hostiles. Attaqué par Mourad IV , il fut vaincu après une vigoureuse résistance, et périt étranglé sur l’ordre du sultan en 1635.

Son frère cadet Younès qui avait exercé la régence en 1613-1618 avec son fils aîné Ali est tué en même temps que ce dernier. La succession de Fakhr-al-Din II est donc assurée par son neveu Melhem puis par les deux fils de ce dernier

Fakhr-al-Din II reste dans les annales de la Syrie ottomane comme une figure brillante et exceptionnelle. Sous sa domination ont prospéré les villes de Beyrouth [15], de Sidon [16] et d’Acre [17], aussi bien que leur arrière-pays montagneux. L’agriculture a été modernisée avec l’aide d’experts italiens que l’émir a conviés à cette intention. Il a été également précurseur en encourageant l’exportation vers le marché mondial de la production locale de soie du mont Liban, qui devient une véritable manne financière.

L’héritage politique original de Fakhr-al-Din II a été de contribuer au développement d’une subtile symbiose entre les communautés druzes et maronites dans le mont Liban. L’entité juridico-politique que constitue l’émirat libanais va se perpétuer au mont Liban et connaîtra un nouvel âge d’or sous la domination de Bachir Chehab II .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité, issu du dictionnaire d’histoire universelle, le petit mourre édition Bordas 2004 p 452/Kamal Salibi, A House of Many Mansions : The History of Lebanon Reconsidered, University of California Press, 1990 (ISBN 978-0520071964)

Notes

[1] Baakline est un village libanais situé dans le caza du Chouf au Mont-Liban au Liban. C’est une ville située dans le Mont-Liban, Chouf District, à 45 kilomètres au sud-est de Beyrouth. Fondée au 12ème siècle par les émirs Maan, Baakline servi comme leur capitale jusqu’au début du 17ème siècle, lorsque son plus célèbre émir Fakhreddine II, déménagea à Deir el Qamar. Aujourd’hui Baakline est la plus importante ville druze, siège historique de la Machyakhat al Akl la plus haute autorité spirituelle de la communauté druze.

[2] Liban actuel

[3] Les Druzes, population du Proche-Orient professant une religion musulmane hétérodoxe (branche de l’ismaélisme), sont principalement établis dans le sud du Liban et dans la partie centrale du Mont-Liban, dans le sud de la Syrie (où ils occupent notamment la zone montagneuse du Hawran, connue sous le nom de djebel Druze), dans le nord de l’État d’Israël en Galilée, et sur le plateau du Golan. Leur religion, le druzisme, est une doctrine philosophique fondée sur l’initiation et centrée sur la seule recherche du côté ésotérique de la religion musulmane. Elle est aussi considérée comme ayant été initialement une école de la branche ismaélienne du courant musulman du chiisme. C’est ensuite la volonté de s’en démarquer, par l’abandon de préceptes islamiques, qui l’a transformé en religion à part.

[4] La tribu Banu Ma’an, était une tribu et une dynastie d’arabes qahtani , dont certains plus tard sont devenus druzes et dirigeants de l’ émirat du Mont-Liban dans les montagnes du Liban pendant une période de l’Empire ottoman, et l’une des dynasties dirigeantes les plus réussies de l’histoire druze. Ils provenaient de Hadhramaut côtier dans le sud du Yémen. Ils ont emménagé dans le Levant via Al-Hasaet formé une alliance tribale avec la plus grande tribu Al Azd pendant le voyage. Leur autorité a commencé à augmenter avec Fakhr-al-Din 1er , qui a été autorisé par les autorités ottomanes à organiser sa propre armée, et a atteint son apogée avec Fakhr-al-Din II (1572-1635). Le règne de Fakhr ad Din II s’étendait "d’Antioche au nord à Tsfat (Safed ) au sud". Bien que les aspirations de Fakhr-al-Din II à l’indépendance complète du Liban se soient terminées par son exécution par les autorités ottomanes, il a considérablement amélioré le développement militaire et économique du Liban. Remarqué pour sa tolérance religieuse, Fakhr ad Din a tenté de fusionner les différents groupes religieux du pays en une seule communauté libanaise. Le règne de la dynastie en tant que chefs druzes dans les montagnes du Liban a duré de 1517 à 1697.

[5] L’émirat du Mont-Liban est le nom attribué à une séquence de l’histoire du mont Liban et de ses périphéries, constitués en une entité politique relativement autonome de l’Empire ottoman et aux frontières changeantes. L’émirat n’a jamais formé une province ottomane au sens propre du terme, puisqu’il est partagé entre les pachaliks de Damas, de Tripoli puis également de Saïda. Il se caractérise cependant par une administration ottomane indirecte qui s’y exerce via le pouvoir de familles locales ainsi que par une symbiose des deux principales communautés du Mont-Liban, les druzes et les maronites. Formé à partir du 16ème siècle, gouverné par la dynastie des Maan, puis des Chehab, l’émirat disparaît vers la fin du 19ème siècle peu après la fin du règne de l’émir Bachir Chehab II.

[6] Le Kesrouan est un des cazas (divisions administratives) de la subdivision du Mont Liban au Liban. Il se situe dans la partie centrale du pays, délimité au Sud par Nahr el-Kelb et au Nord par Nahr Ibrahim, à l’Ouest la mer Méditerranée et à l’Est la chaîne du Mont Liban qui le sépare de la Békaa. Le chef-lieu du Kesrouan est Jounieh, situé à 17 km au nord de Beyrouth. La population de ce caza est exclusivement chretiens en particulier Maronites

[7] Les maronites sont des chrétiens catholiques orientaux, qui sont en pleine communion avec le Saint-siège, c’est-à-dire avec le pape, évêque de Rome. Ils représentent la plus grande communauté catholique au Proche-Orient et sont, en fait, l’Église catholique au Liban, mais il existe aussi des communautés maronites en Syrie, à Chypre et en Turquie. Le nom « maronite » vient de celui de saint Maron (ou Maroun), qui a vécu à Brad, en Syrie, où les premières communautés maronites se sont formées au début du 5ème siècle. Les maronites constituent la plus importante communauté chrétienne du Liban, où siège l’Église maronite, une des Églises catholiques orientales. Ils occupent une place importante dans l’histoire, la politique et l’économie du Liban.

[8] La famille Khazen est une des plus grandes familles du Liban. Les origines de la famille ont été localisées au Levant depuis l’ère antique. Maronites et traditionnellement francophiles, les Khazen sont anoblis par le Roi Louis XIV, qui leur attribue le titre de "Prince des Maronites"

[9] Le Chouf au Liban est une région naturelle au sud-est de Beyrouth. La partie sud de la chaîne du mont Liban se compose de deux cazas suivants qui sont, du nord au sud : le caza d’Aley, et le caza du Chouf. Le caza du Chouf est délimité au nord par le fleuve Damour, et au sud par le fleuve Awali (issu du Nahr El Barouk). Le Chouf est une région mixte du point de vue communautaire, avec essentiellement des Druzes et des chrétiens maronites. C’est l’un des fiefs traditionnels de la communauté druze, à côté du Wadi Taym (région de Hasbaya - Rachaya) au Liban et du djébel el-Druze en Syrie. Par son histoire, cette région personnalise le besoin d’indépendance du Liban.

[10] La bataille de Mzayrib est livrée en 1613 en Syrie pendant la première guerre qui oppose l’émir Fakhreddine II Maan à l’Empire ottoman. À la suite de la dégradation de leurs relations avec l’émir libanais, leur vassal, les autorités ottomanes entreprennent contre lui des opérations militaires afin d’abaisser sa puissance. Le pacha de Damas attaque en conséquence des tribus bédouines alliées de Fakhreddine. Ces dernières l’ayant appelé à l’aide, l’émir envoie à leur secours son fils Ali à la tête d’une armée de 3 000 hommes qui affronte les troupes du pacha non loin de Damas et les mettent en déroute.

[11] La Toscane dirigée d’abord par des margraves et des marquis au 9ème et 10ème siècles, devint un ensemble de Cité États à statut républicain oligarchique. Au 15ème siècle, avec Cosme de Médicis, elle est progressivement réunifiée dans une seule entité politique et passe entre les mains de la famille des Médicis, l’une des plus puissantes durant la Renaissance. Cette famille a gouverné la Toscane du 15ème au 18ème siècle. Le Grand-duché de Toscane est fondé officiellement au début du 16ème siècle, lorsque Cosme de Médicis (1519-1574) reçoit le titre de Duc puis de Grand-Duc. Le Grand-duché disparaît en 1801, lorsque Napoléon Bonaparte, le transforme en royaume d’Étrurie. Cependant, le titre de grand-duc de Toscane perdure et est toujours porté par une branche cadette de la famille de Habsbourg Lorraine.

[12] La maison de Médicis (Medici en italien) est une famille patricienne de Florence dont la puissance commence à l’époque de la Renaissance italienne entre le Moyen Âge et les Quattrocento et Cinquecento (15ème et 16ème siècles italiens).

[13] La bataille d’Anjar est livrée dans la plaine de la Békaa au Liban le 1er novembre 1623. Elle oppose l’armée de l’émir libanais Fakhreddine II Maan dit « le Grand » aux forces coalisées commandées par le wali de Damas, Moustafa Pacha, et qui comprennent des troupes ottomanes et damascènes ainsi que des contingents de soldats libanais sous les ordres des seigneurs féodaux Harfouche et Sayfa, hostiles aux Maan. Quoique son armée (environ 4 000 hommes) soit numériquement très inférieure à celle de ses adversaires (près de 12 000 hommes)1, Fakhreddine remporte une victoire décisive et capture Moustafa Pacha.

[14] Dans les pays de langue arabe, le wāli dirige une wilaya

[15] Beyrouth est la capitale du Liban et la ville la plus importante du pays. Béryte est fondée vers 5000 av. jc. Petit port à l’origine, moins puissante que les autres cités phéniciennes tel que Tyr, Byblos, ou Sidon, elle gagne de l’importance pendant l’Empire romain. Elle est renommée pour son école de droit mais elle est ravagée en 552 par un violent séisme accompagné d’un tsunami. Pendant les croisades, elle est le centre de la seigneurie de Beyrouth, vassale du royaume franc de Jérusalem. Elle est prise par les mamelouks en 1291. Sous l’Empire ottoman, elle joue un rôle commercial actif parmi les échelles du Levant mais subit les effets du déclin économique de la Syrie ottomane. Elle ne retrouve sa place qu’au 19ème siècle.

[16] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’Antiquité la capitale incontestée de la Phénicie.

[17] Acre ou Saint-Jean-d’Acre ; appelée Ptolémaïs dans l’Antiquité est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. En l’an 700 avant l’ère chrétienne, elle est dominée par les Assyriens avant d’être intégrée, 3 siècles plus tard, aux territoires conquis par Alexandre le Grand, puis au 3ème siècle av. jc par Ptolémée II, souverain d’Égypte qui débaptisa son nom en Ptolémaïs. Ce nom sera conservé jusqu’au Moyen Âge. Vers 52-54 sous le règne de l’empereur Claude, elle devient colonie romaine sous le nom de Colonia Claudii Caesaris. Dans la continuité de l’Empire romain, la ville d’Acre fait partie de l’Empire byzantin avant d’être conquise en 638 par les musulmans. Elle est rattachée successivement aux califats omeyyades, abbassides puis fatimides. Pendant les croisades, la ville est prise le 26 mai 1104 par Baudouin 1er, roi de Jérusalem. Reprise par le sultan Saladin, le 9 juillet 1187, elle est reconquise en 1191 par les rois Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion durant la 3ème croisade. Au 13ème siècle, elle devient la capitale du royaume de Jérusalem, la ville sainte restant entre les mains des sultans ayyoubides. Saint-Jean-d’Acre est alors le principal port de Terre sainte, divisé en quartiers contrôlés par des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen, notamment vénitiens, pisans, génois, français et germaniques.