Jean IV (pape) dit Jean IV le Dalmate (vers 580-642)
Pape du 24 décembre 640 au 12 octobre 642
Né à Salone [1], élu après que le siège fut resté vacant 4 mois.
Fils du scholasticus [2] Venance. Au moment de son élection, il est archidiacre de l’Église de Rome, poste important dans l’administration du diocèse et membre du conseil des seruantes locum sanctae sedis apostolicae* (chargé d’assurer l’intérim entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur). Comme sa consécration suit de très peu son élection, on suppose que les élections papales étaient confirmées par l’exarque [3] de Ravenne [4] plutôt que par l’empereur de Constantinople.
Des troubles dans son pays natal, causés par les invasions slaves, retiennent son attention. Pour soulager la détresse des habitants, il envoie l’abbé Martin en Dalmatie [5] et en Istrie [6] muni de grosses sommes d’argent pour racheter les captifs.
L’empereur Constantin Porphyrogénète dit que Porga, le duc des Croates de Dalmatie, qui appelé en Dalmatie par Héraclius, fait demander à ce dernier des maîtres chrétiens. On suppose que l’empereur à qui ce message fut envoyé était Héraclius lui-même, et qu’il l’a transmis au pape Jean IV.
Alors qu’il n’était encore que le pape élu, Jean IV, avec les autres dirigeants de l’Église de Rome, écrit au clergé du nord de l’Irlande pour lui signaler ses erreurs concernant la date de Pâques et l’exhorte à se méfier de l’hérésie pélagienne [7]. D’autre part, il condamne solennellement le monothélisme [8].
Jean IV est enterré dans la basilique Saint-Pierre.
Notes
[1] aujourd’hui Solin en Croatie
[2] responsable d’un service juridique
[3] L’exarchat de Ravenne, aussi connu sous le nom d’exarchat d’Italie, est une circonscription administrative de l’Empire byzantin comprenant, entre les 6ème et 8ème siècles, les territoires byzantins d’Italie. Son siège était Ravenne et le mot exarchat désigne par la suite en particulier le territoire autour de sa capitale. Cette institution visait à améliorer les conditions de défense contre les attaques des Barbares qui déferlaient sur l’Occident.
[4] Ravenne est une ville italienne de la province de Ravenne en Émilie-Romagne. Elle est considérée comme la capitale mondiale de la mosaïque. Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’Empire d’orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’Empire d’orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial. Ravenne fut prise en 752 par Aistolf, roi des Lombards. Deux ans après, Pépin le Bref, roi des Francs, la lui enleva et la donna au Saint-Siège.
[5] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.
[6] L’Istrie est une péninsule de l’Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, attachée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km². Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit une ligne rectiligne nord-ouest/sud-est longue de 242,5 km jusqu’au cap Kamenjak où il s’infléchit et suit une ligne sud-ouest/nord-est longue de 212,4 km jusqu’à la baie de Kvarner. Son territoire est principalement compris en Croatie.
[7] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.
[8] Le monothélisme est un courant de pensée du christianisme, développé au 7ème siècle dans le but de réunifier l’Église chalcédonienne et les Églises des trois conciles, et condamné comme hérésie au troisième concile de Constantinople en 681.