Membre de l’une des plus grandes familles de Constantinople, il fut un général byzantin qui prit part à trois révoltes, l’une en appui à la dynastie macédonienne, les deux autres contre elle.
Dans la première, il défendit les intérêts de sa famille contre l’usurpation de Jean Tzimiscès . Dans la seconde, il défendit le jeune empereur Basile II contre Bardas Sklèros , usurpateur potentiel, enfin, il se retourna contre Basile II qui entendait affirmer son autorité sur l’armée.
Fils de Léon Phocas qui portait le titre de curopalate [1] et était le frère de l’empereur Nicéphore II Phocas .
Dès son plus jeune âge, il se tailla une réputation enviable pour sa connaissance de l’art de la guerre. Il s’illustra entre autres en envahissant ce qui restait de l’Arménie arabe et en détruisant sa capitale, Manzikert [2].
L’année suivante, en 970, lorsque Nicéphore fut assassiné par son épouse Théophano Anastaso et son amant, Jean 1er Tzimiscès, Phocas et sa famille se rebellèrent contre le nouvel empereur, qui était également leur cousin.
Bardas fut proclamé empereur par les troupes stationnées à Césarée, le fief de la famille Phocas, mais sa rébellion fut rapidement maîtrisée par un autre commandant de grande réputation, Bardas Skléros, beau-frère de Jean Tzimiscès, membre de l’une des plus anciennes et des plus riches familles byzantines qui avait exercé la fonction de domestique d’Orient*. Phocas et les siens furent capturés et exilés sur l’île de Chios* où ils passèrent les 7 années suivantes.
À la mort de Jean Tzimiscès , il semblait dans cette époque de pronunciamientos militaires que son beau-frère, Bardas Skléros , hériterait du trône. Toutefois, avec l’appui de leur grand-oncle, l’eunuque Basile Lékapène , les fils de Romain II , Basile II coempereur en 960 alors âgé de 18 ans et Constantin VIII âgé de 16 ans furent proclamés empereurs.
Mais si Constantin était un jouisseur qui n’aspirait guère à gouverner, son frère aîné était doué d’un caractère énergique à qui il tardait de se débarrasser de la tutelle du parakimomène [3] Basile. C’est du reste contre lui plus que contre les héritiers du trône que Bardas Skléros se rebella en 976.
Après s’être emparé pratiquement de toute l’Asie Mineure [4], il s’approcha de Constantinople en 978. Basile Lékapène fit alors appel à Bardas qui fut libéré de prison et envoyé dans sa Cappadoce [5] natale, fief des Phocas, pour soulever l’aristocratie locale. Évitant d’engager le combat près de Constantinople, Phocas parvint à attirer Skléros vers Césarée de Cappadoce [6], la citadelle des Phocas. Si Skléros gagna les premières batailles, il fut défait par Phocas lors d’un combat singulier le 24 mai 979 dans la plaine de Pankaleia [7]. Skléros dut s’enfuir à la cour des califes.
Bardas Phocas fut récompensé de ses services et nommé au poste prestigieux de domestique des Scholes [8]. Il se mit immédiatement en frais de prendre charge des armées byzantines pour aller reconquérir Alep [9] alors aux mains des Sarrasins. Après quoi, aux dires de Psellos : on lui accorda le privilège du triomphe et il put prendre place parmi les amis personnels du souverain
Basile II ne pouvait supporter plus longtemps la tutelle de son grand-oncle. Il était déterminé à prendre personnellement le contrôle de l’armée, ce qui alarma rapidement à la fois Basile Lékapène et Bardas Phocas. Le premier fut envoyé en exil en 986, alors que Bardas Phocas se vit retirer le commandement des armées pour devenir duc d’Antioche [10], poste qui le retiendrait loin de Constantinople.
Encouragés par l’échec de l’empereur dans sa lutte contre Samuel de Bulgarie , Phocas et Skléros entamèrent en 987 des négociations secrètes, s’entendant sur un partage éventuel de l’empire. Skléros se verrait attribuer des pouvoirs extraordinaires en Syrie byzantine et en Mésopotamie, alors que Phocas se verrait reconnu empereur. Ce sur quoi, Bardas Phocas fut à nouveau acclamé empereur par ses troupes le 15 août 987.
C’était un marché de dupes, car l’Asie Mineure appartenait déjà à Phocas. Peu après la conclusion de l’entente, Phocas, qui avait été entre-temps nommé domestique d’Orient, fit emprisonner Skléros et demeura seul prétendant.
Il s’approcha alors de Constantinople, préparant une attaque à la fois par terre et par mer. Basile II, dont la situation était presque désespérée, fit alors appel à son beau-frère Vladimir, prince de Kiev [11], lequel, au printemps de 988 lui envoya une troupe de 6 000 Varègues [12] qui remportèrent une victoire éclatante devant Chrysopolis [13].
La bataille finale eut lieu à Abydos [14], le 13 avril 989. Les deux armées se faisaient face ; Phokas galopa vers l’avant, cherchant manifestement à attirer l’empereur qui chevauchait devant ses troupes dans un combat singulier. Alors que les deux hommes étaient tout près, Phocas fit sans doute un arrêt cardiaque, tomba de cheval et mourut. La rébellion se terminait et un ultime soulèvement de Bardas Skléros se termina par un arrangement à l’amiable et la soumission de l’usurpateur.