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Constantin II dit Constantin II d’Écosse

mercredi 14 février 2018, par lucien jallamion

Constantin II dit Constantin II d’Écosse (mort en 952)

Roi d’Écosse de 900 à 942 ou 943

Fils du roi Aed , cousin germain de son prédécesseur le roi Donald II et cousin de son successeur Malcom 1er , à qui il laissa son royaume en abdiquant pour devenir moine. Le règne de Constantin II est le second plus long règne de l’histoire d’Écosse.

Le règne de Constantin II représente également un tournant important dans la lutte du royaume pour sa survie, contre les agressions des Vikings.

En 903, dans la troisième année de son règne, les Uí Ímair [1], pillent encore Dunkeld [2] mais en 904 Constantin II les rencontre dans une bataille à la localisation inconnue en Strathearn [3] il les défait pendant que Ímar Uí Ímair , l’ex roi de Dublin [4] appartenait à la famille des Uí Ímair ou Ua h-Ímair [5] est tué par les Hommes Fortriú [6]. Cette victoire est si totale que l’on n’enregistre plus d’autres dans les chroniques d’invasions scandinaves pendant un demi siècle.

Dans la décennie 910 Constantin prend l’offensive et appuie les Berniciens [7] contre Ragnall Uí Ímair , roi du royaume viking d’York [8] le conflit culmine lors de la grande mais indécise bataille, connue dans l’historiographie moderne sous le nom de bataille de Corbridge [9] livrée en 918 sans doute probablement sur la rivière Tyne [10] dans le Lothian [11].

Cependant l’émergence de la puissance des rois de Wessex [12], modifie l’équilibre des forces en Grande-Bretagne. En 920 aux côtés d’autres rois du nord Constantin II fait la paix avec Édouard l’Ancien, mais il s’allie ensuite avec le roi de Dublin, en mariant sa fille à Olaf Gothfrithson, le fils de Gothfrith Uí Ímair.

Après la mort d’Édouard, Constantin confirme les accords de paix avec son successeur, AEthelstan , en 927 ; lors d’une nouvelle rencontre avec les souverains du nord à cette occasion AEthelstan devient peut-être le parrain de son fils Indulf .

En 934, Constantin II renouvelle son alliance avec le royaume de Dublin contre AEthelstan, Siméon de Durham relève que c’est cette année-là que Constantin II roi d’Écosse est vaincu avec Owen 1er de Strathclyde , lors de la grande expédition menée en Écosse par le roi Athelstan d’Angleterre jusqu’à Dunnottar [13] et aux collines du Fortriú par ses forces terrestres et jusqu’au Caithness [14] par sa flotte.

La montée en puissance du royaume de Wessex conduit les royaumes du nord de la Grande-Bretagne à s’allier malgré leurs différends. Quand Olaf, le gendre de Constantin devient roi de Dublin, il joint ses forces avec celles de son beau-père et du roi de Dumbarton [15] et envahit l’Angleterre. La coalition est écrasée en 937 lors de la sanglante Bataille de Brunanburh [16] qui voit la victoire du roi Athelstan et de son demi-frère Edmond sur les armées combinées d’Olaf Gothfrithson, le roi viking de Dublin, de Constantin II d’Écosse et de Owen 1er de Strathclyde .

En 905/906 il conclut un accord sur la Colline de la croyance près de la cité royale de Scone [17] avec l’évêque Cellach, probablement le premier chef des évêques d’Écosse, dans lequel Constantin II s’appuie sur l’église dans sa tentative de restaurer l’ordre social selon les coutumes des gaëls [18] notamment par la création de comtés afin de réorganiser le territoire après plus de 60 ans d’invasions scandinaves répétées qui avaient aggravé l’instabilité politique depuis l’avènement de Donald II d’Écosse .

Il est possible que Constantin II soit ainsi le véritable initiateur de l’établissement de Saint Andrews [19] comme principal évêché d’Écosse. Il en est de même pour la création du titre de Mormaer [20] qui est constaté pour la première fois sous son règne et qui en quelque sorte semble lié à son initiative, Dans ce contexte on peut considérer que Constantin II est le premier véritable roi d’Écosse et qu’il lègue au royaume les fondements de ses structures politiques et ecclésiastiques pour les 5 siècles suivants.

La défaite de Brunanburh affaiblit Constantin II et le royaume lui-même. Peu de temps après entre 940 et 945 en 943 il abandonne le royaume à son cousin, Malcolm, le fils de Donald II, et se retire à Saint Andrews, où il serait devenu abbé de la Céli Dé [21] avant d’y mourir en 952 et d’y être inhumé.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Marjorie Ogilvie Anderson Kings and Kingship in Early Scotland 3e réédition par John Donald Birlinn Ltd, Edinburgh (2011)

Notes

[1] c’est-à-dire les petits-fils d’Ímar

[2] Dunkeld est une petite ville d’Écosse. À partir de l’an 700, elle fut un centre monacal et rivalisa pendant une brève période avec Scone. On y construisit une majestueuse cathédrale gothique. Aujourd’hui, la petite ville de Dunkeld est concentrée autour du charmant enclos au bord de l’eau de sa cathédrale partiellement en ruine.

[3] dans l’actuel Perthshire

[4] Les Vikings envahissent le territoire environnant Dublin au cours du 9ème siècle, établissant ainsi le royaume de Dublin, le premier et le plus durable des royaumes vikings en Irlande, Grande-Bretagne et dans toute l’Europe hors Scandinavie à l’exception du Royaume de Man et des Îles. L’étendue du royaume correspond peu ou prou à l’actuel Comté de Dublin.

[5] Les Uí Ímair ou Uí Ímhair étaient une dynastie celto-norroise qui régna sur la mer d’Irlande et la côte ouest de l’Écosse de la fin du 9ème siècle jusqu’au 10ème siècle.

[6] Fortriú ou royaume de Fortriú est le nom donné par les historiens à un ancien royaume picte et qui est souvent utilisé comme un synonyme de « Royaume des Pictes » en général. Le Fortriú était sans doute localisé dans le Moray et l’est du Ross dans le nord de l’Écosse mais il était traditionnellement associé avec le Strathearn dans l’Écosse centrale.

[7] La Bernicie est un royaume anglo-saxon situé dans le nord de l’Angleterre et le sud de l’Écosse actuelles. Fondé au 6ème siècle, il est uni au royaume voisin de Deira au début du 7ème siècle pour former le royaume de Northumbrie. Son territoire se serait étendu depuis la Tyne vers le nord, atteignant finalement le Firth of Forth. Sa frontière occidentale s’est graduellement étendue, mordant sur les royaumes de langue brittonique de Rheged, Gododdin et Dumbarton. La résidence royale principale est le château de Bamburgh, près de l’île de Lindisfarne.

[8] Le royaume viking de York existe entre 866 et 954. Des Vikings originaires du Danemark établissent un potentat coupant en deux l’île de Bretagne, la future Grande-Bretagne, avec pour capitale York, ville qu’ils appellent Jórvík après l’avoir investie. La région autour de cette ville est appelée le Danelaw, terme qui s’applique aussi à la juridiction mise en place par les Danois jusqu’à la seconde moitié du 10ème siècle

[9] La bataille de Corbridge se déroule en 918 à Corbridge, dans le Northumberland. Elle oppose le chef norvégien-gael Ragnall Uí Ímair au roi d’Écosse Constantin II et son allié Ealdred de Bamburgh. Chassé de ses terres par Ragnall à une date incertaine, Ealdred sollicite l’aide du roi Constantin pour recouvrer son domaine. D’après le récit des Annales d’Ulster, l’armée de Ragnall est organisée en quatre bataillons. Les Écossais parviennent à vaincre les trois premiers, mais le quatrième, posté en embuscade et mené par Ragnall lui-même, fond sur eux par surprise et les écrase. L’armée de Constantin parvient néanmoins à s’enfuir en bon ordre, et l’affrontement ne semble pas avoir eu de vainqueur clair, même si la Historia de Sancto Cuthberto le décrit comme une victoire de Ragnall. Corbridge permet en tout cas à Ragnall d’asseoir davantage son autorité sur la Northumbrie : il s’empare de la ville d’York la même année.

[10] La Tyne est un fleuve du nord de l’Angleterre, long de 100 km, et qui se jette dans la mer du Nord.

[11] Le Lothian est une région traditionnelle d’Écosse, s’étendant entre la rive sud du Firth of Forth et les Lammermuir Hills. Son nom provient du semi légendaire roi breton Loth ou Lot. Au 7ème siècle, il devient la partie nord du royaume saxon de Northumbria. Mais au 8ème siècle les clans pictes la revendiquèrent en profitant de l’affaiblissement de la Northumbrie. Le Lothian est connu en Écosse pour avoir été la seule partie Anglo-saxonne de cette nation, et une des rares où l’écossais n’ait pas pris racine.

[12] Le Wessex est l’un des royaumes fondés par les Anglo-Saxons en Angleterre durant le Haut Moyen Âge. Il s’étend sur une partie du sud-ouest de la Grande-Bretagne, entre la Domnonée à l’ouest, la Mercie au nord et les royaumes de Kent, de Sussex et d’Essex à l’est. Au IXe siècle, le Wessex est le dernier royaume anglo-saxon à résister aux invasions vikings.

[13] Dunnottar joua un rôle important dans l’histoire de l’Écosse depuis le Moyen Âge jusqu’à la période des Lumières, de par sa position stratégique sur une étroite terrasse côtière, surplombant d’un côté les voies de navigation vers le nord de l’Écosse et de l’autre pouvant contrôler les mouvements terrestres.

[14] Caithness est un ancien comté et une région de lieutenance dans les Highlands du nord de l’Écosse, dont la capitale était la ville de Wick.

[15] Le royaume de Strathclyde dont la capitale était Dumbarton sur le Firth of Clyde a été constitué sous une dynastie d’origine brittonique vers la fin de l’occupation romaine en Bretagne insulaire à la frontière nord-ouest du Mur d’Hadrien. Il est connu sous le nom de royaume d’Ath Clut (Scot Ail Cluaithe).

[16] La bataille de Brunanburh vit la victoire du roi Athelstan et de son frère Edmond sur les armées combinées d’Olaf Gothfrithson, le roi viking de Dublin, de Constantin II d’Écosse et d’Owen de Strathclyde. Certaines sources mentionnent également des mercenaires irlandais, voire gallois.

[17] Scone est un village d’Écosse, dans la région de Perth and Kinross. À Scone se trouvait la Pierre du destin, dite aussi Pierre de Scone, sur laquelle les rois d’Écosse étaient couronnés. La pierre fut emmenée comme butin de guerre à Westminster par le roi Édouard 1er d’Angleterre en 1296. Mais les rois écossais continuèrent à se faire couronner à Scone, jusqu’à Charles II, en 1651.

[18] Les Gaels ou Gaëls sont un groupe ethnolinguistique indigène au nord-ouest de l’Europe qui comprend les Irlandais, les Écossais et les Mannois de culture gaéliques. Dans un sens plus restreint, le terme désigne, dans ces langues, les locuteurs des langues gaéliques. La langue et la culture gaéliques sont originaires d’Irlande, mais se sont propagées en Écosse à l’époque du royaume de Dál Riata

[19] L’évêché lui-même a été créé entre 700 et 900 lors de la fusion des églises des Pictes et Scots devenue effective sous le règne du roi Constantin d’Écosse. Au 11ème siècle, il est clair que c’est le plus important évêché d’Écosse.

[20] Le titre de Mormaer désigne un souverain régional ou provincial dans le royaume des Scots médiéval. En théorie, bien que cela n’ait pas toujours été vrai dans la réalité, un Mormaer venait juste après le roi d’Écosse en termes de statut, et était supérieur au toisech. Un Mortuath ou Mormaerdom (« territoire du mormaer ») n’était pas simplement une seigneurie régionale, mais possédait également un rang officiel de comté.

[21] Les Culdee ou Céli Dé (compagnons de dieu) sont des moines ayant vécu au Moyen Âge dans les Îles Britanniques. Ils ont maintenu la tradition du christianisme irlandais en Irlande, en Écosse et en Angleterre.