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Ibn Abi Amir al-Mansûr dit Almanzor

dimanche 9 juillet 2017, par lucien jallamion

Ibn Abi Amir al-Mansûr dit Almanzor (vers 937/938-1002)

Chef militaire et homme d’État d’al-Andalus-Vizir du palais du calife omeyyade de Cordoue

Né à Algésiras [1], fils d’Abd-Allah, issu d’une riche famille yéménite de cadis [2] et de juristes, les Banû Ma’âfir. Sa mère Borayha quant à elle est issue d’une famille berbère.

L’enfance d’Almanzor est tout aussi méconnue. Son père meurt à Tripoli au cours de son pèlerinage à la Mecque. Très jeune, il quitte sa famille pour suivre des cours de magistrature à Cordoue [3], à l’époque un des centres d’études les plus prestigieux du monde musulman. Studieux, il y acquiert de solides connaissances juridiques sous les cours d’éminents enseignants dont certains, invités par la calife Al-Hakam II proviennent même de Baghdad.

Très tôt, il fait preuve d’ambition, annonçant par exemple un soir à ses amis qu’un jour il deviendra gouverneur du pays. Chacun des présents, se prenant au jeu, lui annonce la fonction qu’il souhaiterait occuper ; une fois arrivé au pouvoir, il attribue les charges ainsi demandées.

Il débute comme écrivain public, poste qu’il occupe jusqu’en 967 où il devient aide-greffier au prétoire du cadi en chef de la capitale. Apprécié pour ses qualités, il est rapidement transféré aux ordres du vizir Al-Mushafî, un vieil homme originaire d’une famille modeste de Valence qui a gravi les échelons sous le règne d’Al-Hakam II. Cette mutation lui permet d’atteindre les hautes sphères du pouvoir.

Au service d’Al-Mushafî, Al-Mansûr devient, grâce à ses compétences, son honnêteté et son éducation, administrateur des biens du fils du calife Abd al-Rahmân et de sa mère la princesse Subh, une captive vasconne [4] qu’Al-Hakam II avait choisie pour favorite.

Cette fonction marque le début de la carrière politique d’Almanzor. D’une habileté remarquable il est désigné dès septembre 967 sâhib al-sikka [5].

L’appui de la princesse Subh lui permet de gravir rapidement les échelons. Le 1er décembre 968, il est promu comme sâhib al-mawârîth [6].

En octobre 969, il devient cadi de Niebla [7] et de Séville [8] et finalement, en juillet 970, après la mort du jeune prince Abd al-Rahmân, il reçoit de nouveau la charge de gérer la fortune du nouvel héritier, Hicham II . Cette très rapide ascension est l’objet de critiques au sein du peuple et éveille la méfiance du calife Al-Hakam II, qui continue néanmoins à lui confier différentes missions.

Almanzor reçoit rapidement le titre de qâdi al-qudât [9], et traite les affaires relatives aux testaments, aux biens de mainmorte, aux divorces, aux partages, aux successions et à l’administration des biens des orphelins.

Au mois de juillet 973, il est chargé de se rendre au Maghreb afin de porter des présents à plusieurs chefs berbères ralliés à la cause du calife. C’est au cours de ce voyage qu’il comprend le parti qu’il peut tirer des populations berbères et de leurs chefs qui constituent un réservoir inépuisable de combattants.

La mission au Maghreb d’Almanzor est un succès et il ne manque d’ailleurs pas d’informer régulièrement le calife de son bon déroulement et ne rentre à Cordoue qu’au mois de septembre 974 avec tous les honneurs.

En moins de dix ans, Almanzor est devenu un des personnages les plus importants du régime et une personne de confiance pour le calife Al Hakam II.

Toutefois il lui reste encore un obstacle, le hâdjib [10], Dja’far al-Mushafî, à la tête du gouvernement, de l’armée et des services de renseignement, qui étend son autorité sur les gouverneurs provinciaux et surtout bénéficie du privilège d’être le seul vizir à pouvoir s’entretenir quotidiennement avec le calife. C’est ce titre qu’Almanzor convoite désormais.

Au printemps 975, Al-Hakam II vieillissant quitte Madînat al-Zahra [11] pour rentrer à Cordoue et s’assure de nommer son fils comme successeur en invitant le 5 février 976 les notables à signer l’acte déclarant Hishâm comme son héritier et c’est à Al-Mansûr, entre autres, que revient la charge de faire parvenir à travers la péninsule et en Afrique du Nord le document qu’aucun notable n’osera refuser de peur de désobéir au calife.

Al-Hakam meurt quelques mois plus tard, le 1er octobre 976, laissant un royaume divisé. Le parti saqâliba [12], a acquis en quelques décennies une grande puissance du fait de l’importante des fonctions de ses membres au sein du gouvernement. Les esclavons, dont la seule ville de Cordoue compte près de 15 000 membres, s’opposent régulièrement à l’aristocratie arabe.

Ce conflit fragilise la stabilité du pays et un complot esclavon est organisé dès la mort d’Al-Hakam II. Menés par Fâ’ik al-Nizâmî, grand maître de la garde-robe et des manufactures, et Djawdhar, grand orfèvre et grand fauconnier, le groupe des eslavons [13] souhaite placer sur le trône le frère d’Al-Hakam II, Al-Mughîra.

Ce dernier présente l’avantage d’être âgé de 27 ans, alors que Hishâm le successeur désigné n’avait qu’une dizaine d’années. La crainte que son très jeune âge puisse provoquer une crise dynastique est une menace que les esclavons souhaitent écarter. Mis au courant du complot, le chambellan Al-Mushafî dénonce immédiatement les meneurs et la tentative de priver le futur calife de ses droits est un échec.

Un conseil est tenu afin de porter au pouvoir le jeune Hishâm tandis qu’al-Mushafî décide d’assassiner al-Mughîra et charge Al-Mansûr de la besogne.

À son arrivée au palais d’Al-Mughîra, Al-Mansûr l’interroge sur ses intentions et son aspiration au pouvoir. Al-Mughîra, comprenant le but de la visite, jure une totale obéissance au nouveau calife Hishâm.

Pris de pitié, Al-Mansûr envoie immédiatement une lettre à Al-Mushâfi pour lui assurer que le frère du défunt calife ne constitue pas une menace et que son élimination n’est pas nécessaire. En dépit de ses arguments, Al-Mansûr doit accomplir sa mission et charge ses soldats d’étrangler Al-Mughîra et de maquiller le meurtre en suicide. À son retour auprès d’Al-Mushâfi, Al-Mansûr est accueilli avec reconnaissance.

Craignant pour leurs vies, Fâ’ik et Djawdhar se rangent immédiatement à la décision d’Al-Mushafî et, le 3 octobre 976, Hishâm II est intronisé. Almanzor, au cours de la cérémonie, est chargé de lire à haute voix l’acte d’investiture durant lequel les dignitaires et juristes prêtent serment d’allégeance au nouveau calife.

L’intronisation du nouveau calife n’est cependant pas au goût de tous, l’âge de ce dernier, impliquant une régence, et une rumeur faisant état de troubles mentaux de celui-ci accentuent la vague de réprobation née de l’assassinat d’Al-Mughîra. Ces évènements permettent à Almanzor et Al-Mushafî de s’entraider voire de s’apprécier, afin de déjouer les complots qui les visent tous les deux.

Aidés par Subh , la mère du jeune calife, Almanzor et Al-Mushafî mettent tout en œuvre pour apaiser les tensions et rendre le nouveau calife populaire. Le 8 octobre 976, le nouveau calife en habit d’apparat est présenté aux habitants de Cordoue et, pour l’occasion, la taxe sur l’huile est abolie, faisant la joie du peuple. Almanzor reçoit quant à lui le titre de vizir et Al-Mushâfi accède au poste de hâdjib [14].

Ces mesures pour accroître la popularité du jeune calife n’empêchent pas les esclavons de continuer leurs complots. Alertés qu’une révolte menée par Fâ’ik et Djawdhar couve au sein de l’Alcazar, Almanzor et al-Mushafî arrêtent les meneurs. Djawdhar présente sa démission et quitte le palais califal et Fâ’ik est déporté dans l’une des îles des Baléares où il meurt peu après. Un grand nombre des cadres esclavons de l’armée sont radiés et privés de solde, ce qui ne manque pas de réjouir la population de Cordoue qui n’apprécie guère leur insolence.

Les trois personnes les plus importantes du califat sont désormais Al-Mansûr, Al-Mushafî et Ghâlib , le gouverneur de la Marche Moyenne [15].

Le nouveau calife installé au pouvoir, Almanzor concentre désormais ses efforts sur le terrain du djihad. La maladie et la mort d’Al-Hakam II et l’avènement d’un souverain très jeune incitent les royaumes chrétiens à attaquer les régions situées entre le Tage [16] et le Douro [17], voire à s’approcher dangereusement de Cordoue. Al-Mansûr conseille à Al-Mushafi de prendre rapidement des mesures sinon il risque de perdre ses privilèges.

Ce dernier approuve l’idée d’une riposte mais ne trouve personne pour la diriger à part Al-Mansûr qui exige une somme exorbitante de 100 000 dinars qu’Al-Mushâfi accepte d’allouer car n’ayant d’autres solutions.

En février 977, Al-Mansûr regroupe les meilleurs soldats du royaume et prend le chemin de la guerre en assiégeant Al-Hamma [18]. Les importantes richesses issues de la campagne militaire sont ramenées à Cordoue le 17 avril 977 par Almanzor et lui valent la sympathie du peuple et de l’armée et en particulier celle de Ghâlib avec lequel il a combattu durant plusieurs années.

Cette victoire constitue un sérieux revers pour les rois chrétiens qui cessent leurs attaques contre le califat. La campagne victorieuse contre Al-Hamma représente un grand succès pour Al-Mansûr et éteint toute critique au sein d’une armée plutôt défiante envers ce juriste devenu chef militaire. Dorénavant, l’armée lui était totalement dévouée.

Plus rien n’empêche Almanzor de s’emparer du pouvoir si ce n’est Al-Mushafî lui-même et au fur et à mesure qu’augmente le prestige d’Al-Mansûr, celui d’Al-Mushâfi descend ; homme de lettres et poète, il paraît faible comparé à son protégé dont il sollicite sans cesse l’avis. De plus, ses origines modestes constituent un handicap auprès de la noblesse qui le considère comme un parvenu. C’est en particulier le cas de Ghâlib qui hait l’idée qu’une personne n’ayant jamais participé à une bataille puisse être premier ministre.

L’éviction d’Al-Mushâfi est facilitée par les vives critiques à son encontre. Accusé de favoriser la nomination de membres de sa famille pour des postes importants, Al-Mushafî est en proie à la jalousie de nombreux dignitaires qui lui reprochent d’être un piètre homme d’État. Almanzor utilise cette opposition pour parvenir à ses fins et, grâce au prestige acquis par ses nombreuses victoires militaires et à son alliance avec Ghâlib, dont il épouse la fille, le projet de renverser Al-Mushafî se réalise le 26 mars 978 avec l’arrestation de ce dernier, de ses fils et de son neveu.

Leurs biens sont confisqués et ils sont condamnés à de lourdes amendes. Al-Mushafi meurt assassiné en prison. Almanzor, durant tout le procès, prend un plaisir apparemment injustifié à maltraiter celui qui l’a mené en haut du pouvoir. Le coup de force d’Almanzor n’est toutefois pas du goût de tous ; très rapidement, des résistances apparaissent, ainsi que des complots pour remplacer le calife Hishâm II par un des petits-fils d’Abd al-Rahman III, Abel-Rahman ibn Oubeid-Allah. Almanzor réprime brutalement cette contestation en exécutant les conspirateurs.

Une fois Al-Mushafî mort, la dernière limite à l’accession au pouvoir d’Almanzor est le calife Hishâm II. Dominé par sa mère Subh, de santé fragile et atteint de troubles mentaux, Hisham II n’a qu’un rôle représentatif et c’est à Almanzor que revient la mission de défendre la religion, mener la guerre contre les infidèles, protéger les frontières ou encore de faire exécuter les jugements.

Dans l’impossibilité de se faire élire calife, Almanzor s’adapte à la situation. En mars 991 il abandonne le titre de hâdjib, tout en l’attribuant à son fils Abd al-Malik, et s’approprie celui de malik [19]. À partir de 992/993, il supprime le sceau du calife Hishâm II sur les écrits officiels pour n’utiliser que le sien et à partir de janvier 996, il décrète qu’on ne s’adresserait à lui qu’en employant le titre de sayyîd tout en l’interdisant pour les autres dignitaires. Il s’attribue également l’appellation souveraine de malik karîm [20]. Finalement, en 998, il obtient le serment qu’après la mort du calife Hishâm II, le pouvoir lui soit officiellement remis ainsi qu’à sa descendance.

Selon les sources, c’est en 978-979, à peine un an après son arrivée au pouvoir, qu’Al-Mansûr entreprend la construction de Madînat Al Zahîra qui signifie la ville resplendissante. Le choix de l’emplacement est volontaire, en la plaçant à l’extérieur de la ville de Cordoue, le nouveau dirigeant souhaite s’éloigner de la population qui pourrait se révolter et donc en plus d’être un lieu d’habitation, la cité sert également de forteresse. Bien que construite dans un but défensif, la nouvelle citadelle est un joyau architectural selon les contemporains d’Al-Mansûr.

Une fois le pouvoir califal entre ses mains, même s’il n’est pas lui-même calife, Al-Mansûr connaît les premières crises qu’il affronte en évoluant vers une autocratie. Le nouveau chef d’Al-Andalus commence par éliminer toutes les personnes qui pourraient lui nuire. Dans le même temps, il se démarque par la réalisation de grands travaux d’intérêt public et mène la guerre sainte dans toute la péninsule Ibérique.

Al-Mansûr n’apporte guère de changements au sein de l’administration. La situation est totalement différente au sein de l’armée qui est réorganisée en profondeur, l’ambition d’Al-Mansûr étant de faire du califat la première puissance d’Europe. Craignant que les partisans arabes des omeyyades se révoltent contre celui qu’ils considèrent comme un usurpateur, mais également désireux de disposer d’un grand nombre d’hommes pour continuer à mener le jihâd, Al-Mansûr se tourne vers le Maghreb et ses tribus berbères, qu’il a eu l’occasion de rencontrer et de mesurer la valeur au combat alors qu’il était au service du calife Al-Hakam. Il appelle tout volontaire berbère ou d’Afrique noire à le rejoindre avec la promesse de généreuses récompenses. Des dizaines de milliers de soldats venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne répondent immédiatement à l’appel et s’enrichissent rapidement. Devant cet afflux d’immigrants, Cordoue doit même être agrandie ainsi que sa grande mosquée qui, par ses plus de 22 000 mètres², est devenue la troisième mosquée du monde musulman par la taille.

Afin de souder les troupes mais aussi d’éviter des révoltes des tribus arabes ou berbères, Al-Mansûr impose dans les unités des quotas de combattants d’origine étrangère, chrétienne et réorganise les troupes sans prendre en compte l’appartenance de chaque soldat à sa tribu d’origine. La réorganisation de l’armée n’est pas au goût de Ghâlib, son beau-père, général reconnu et royaliste convaincu, qui critique d’autant plus son comportement vis-à-vis du calife Hisham II. Le 10 juillet 981 à la bataille de San Vicente, Al-Mansûr combat Ghâlib qui meurt dans la bataille en tombant de cheval. À la suite de cette victoire, il s’approprie le surnom honorifique d’Al-Mansûr qui signifie le Victorieux.

Al-Mansûr démontre envers ces mercenaires chrétiens une attention toute particulière comme avec l’instauration d’un jour de repos le dimanche ou encore une stricte égalité avec les musulmans. Ces mercenaires n’hésitent alors pas à combattre leur propre patrie.

De son côté le jeune calife Hishâm II qui a atteint depuis longtemps l’âge de régner était toujours confiné dans son palais sans possibilité de contact extérieur mis à part les personnes qu’Al-Mansûr avait autorisé. Subh, la mère d’Hishâm II qui avait longtemps été la bienfaitrice d’Al-Mansûr comprit les intentions de celui-ci. Si son ancien protégé n’est pas chassé du pouvoir, son fils resterait son prisonnier et n’accéderait jamais au trône, elle décide donc de mettre en place un complot. Dans un premier temps Subh essaye de redonner confiance à son fils en le persuadant qu’il était temps pour lui de se détacher de la tutelle d’Al-Mansûr qui après tout n’était qu’un petit noble de province. À l’extérieur du palais elle faisait courir le bruit que son fils allait bientôt sortir de son palais et enfin régner comme son père avant lui.

Hishâm obéit à sa mère et se montre de plus en plus critique envers Al-Mansûr. Subh envoie dans le même temps des lettres et de l’argent à certains chefs du Maghreb leur demandant leur soutien dans son complot. Mais Al-Mansûr est très rapidement mis au courant du complot là encore. Craignant pour son pouvoir mais aussi pour sa vie, il utilise toute sa force de persuasion pour convaincre Hishâm qu’il n’était pas encore prêt à gouverner, en prenant comme prétexte la difficulté du pouvoir, des combats et des intrigues politiques. Hishâm qui est resté très puéril à cause des nombreuses années de captivité, accepte les arguments d’Al-Mansûr en abandonnant son projet et met par écrit sa volonté de voir Al-Mansûr tenir le pouvoir, et les terres des chefs du Maghreb qui ont participé au complot tombent sous les mains du califat de Cordoue.

En 999, malade de la goutte et âgé d’une soixantaine d’années, Al-Mansûr entreprend une campagne contre Pampelune [21], l’année suivante le comte de Castille s’étant rebellé subit une attaque du maître de Cordoue dans la région du cours moyen du Douro, l’issue de la bataille est incertaine, pour certains c’est une victoire d’Al-Mansûr, pour d’autres c’est sa défaite. Toutefois si c’est une victoire, elle est difficilement acquise, preuve que les armées d’Al-Mansûr sont moins fortes qu’auparavant. Après avoir pillé la région en guise de vengeance, Al-Mansûr rentre à Cordoue.

Au bout d’une carrière riche et victorieuse de près d’un quart de siècle, Al-Mansûr entreprend sa dernière expédition en direction de La Rioja [22], expédition à nouveau couronnée de succès. Au retour de celle-ci, Al-Mansûr, insomniaque et malade et incapable de tenir sur son cheval, il s’arrête à Medinaceli [23] et après avoir donné des conseils à son fils Abdel Malik et dit adieu à ses généraux, il s’éteint la nuit du 27ème jour du mois de Ramadan soit le 10 ou 11 août 1002. Selon sa volonté il est enterré dans la cour de l’alcazar de la ville

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de André Clot, L’Espagne musulmane : VIIIe-XIe siècle, Librairie Académique Perrin,‎ 2004

Notes

[1] Algésiras est une commune d’Espagne, appartenant à la province de Cadix et à la région d’Andalousie. Conquise par Byzance et le royaume wisigoth, la cité passa sous domination arabe en 711 lors de la conquête musulmane de la péninsule Ibérique dirigée par Tariq ibn Ziyad. Les musulmans y bâtirent leur première ville sous le nom de « alcaetaria ». En 858, Algésiras fut pillée par le chef viking Hasting. Munie d’un excellent port nature, la ville devint un point stratégique de la péninsule. Elle fut dotée de plusieurs mosquées et protégée par des fortifications. Elle subit de nombreux sièges et fut la ville natale d’Almanzor. Elle redevint espagnole après sa reconquête en 1342 sur les maures par Alphonse XI de Castille, après un siège de deux ans, où les Maures firent usage du canon, encore inconnu en Europe. Occupée à nouveau par les Arabes à l’issue du siège de 1369, elle fut détruite par le roi Muhammad V de Grenade en 1379.

[2] Magistrat musulman exerçant des fonctions civiles et religieuses.

[3] Cordoue est une ville située dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Cordoue est la capitale de la province homonyme. La ville est située sur le Guadalquivir. Les musulmans conquirent la ville en 711. Elle devient alors le principal centre administratif et politique de l’Espagne musulmane (al-Andalus). À partir de 756, elle est la capitale de l’émirat de Cordoue, fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman 1er.

[4] Les Vascons donnent leur nom aux Gascons et probablement aux Basques. À l’origine, c’est le nom donné par les Romains durant l’Antiquité au peuple de la Péninsule Ibérique dont le territoire s’étend au 1er siècle av. jc entre le cours supérieur de la rivière Èbre et sur le versant péninsulaire des Pyrénées occidentales, une région qui correspond à l’époque contemporaine à la quasi-totalité de la Navarre, les aires du nord-ouest de l’Aragon, du nord-est et du centre de La Rioja et du nord-est du Guipuscoa. Les Vascons, qui atteignent un degré élevé d’intégration dans le monde romain, particulièrement dans les plaines, le long des rives de la rivière Èbre et dans les aires autour des cités romaines de Pompaelo et Oiasso, peuplent la région la plus au Nord et la plus montagneuse, connue comme le Vasconum Saltus, pendant la crise économique et sociale qui accompagna la décomposition de l’Imperium et la pression causée par les invasions barbares des peuples germaniques et asiatiques (Huns, Alains, Taïfales) au début du 5ème siècle. Ils entrent par la suite en conflit à diverses occasions avec les royaumes des Wisigoths et des Francs qui sont installés sur les deux versants des Pyrénées. Après l’invasion musulmane de la péninsule ibérique au début du 8ème siècle, qui a abouti à la dissolution du Royaume wisigoth et au retrait partiel des gouverneurs francs au nord de l’Aquitaine, les descendants des Vascons, qui avaient adopté le christianisme durant le Bas Empire romain, se réorganisèrent vers le 9ème siècle autour des entités féodales du duché de Vasconie en Gascogne et de celle du royaume de Pampelune. Cette dernière entité donnera naissance durant le Moyen Âge au Royaume de Navarre.

[5] c’est-à-dire directeur de l’atelier monétaire de Cordoue

[6] c’est-à-dire curateur des successions vacantes, chargé de l’administration des biens en déshérence

[7] Niebla est une commune de la province de Huelva dans la communauté autonome d’Andalousie en Espagne. Elle peut être considérée comme la capitale historique-culturelle de cette région. Son histoire remonte au début de l’âge du Fer, et on a trouvé dans ses alentours de nombreux vestiges néolithiques, nécropoles, dolmens. L’emplacement actuel de la ville se situe sur l’un des établissements humains les plus anciens d’occident.

[8] Séville est une ville du sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie.

[9] cadi suprême lui permettant d’être garant de la justice pour l’ensemble de l’oumma sunnite

[10] chambellan

[11] Madinat al-Zahra est le vestige d’une vaste ville palatiale créée par le calife des Omeyyades de Cordoue, Abd-ar-Rahman III al-Nasir. Construite à partir de 936 elle est située à huit kilomètres de la périphérie ouest de Cordoue en Espagne dans la région de la Sierra Morena. La ville est alors la capitale d’al-Andalus, car le cœur de l’administration et du gouvernement est situé dans ses murs. La ville est construite principalement pour des raisons politico-idéologiques, car la dignité du calife exige l’établissement d’une nouvelle ville comme symbole de son pouvoir. À cette fin, la ville comprend d’importantes constructions, entre autres des mosquées, des salles de réception, des bureaux administratifs et gouvernementaux mais aussi des casernes, des bains et des aqueducs. À la suite d’une invasion de Berbères en 1010, celle-ci est complètement détruite et abandonnée.

[12] parti rassemblant des esclavons, issus d’esclaves européens (principalement slaves) affranchis formant une caste au sein du royaume

[13] Esclavon est le nom des habitants de l’Esclavonie (actuelle Slavonie). Pendant l’empire romain et jusqu’à la fin du Moyen Âge, l’Esclavonie était un réservoir d’esclaves. Les Romains les appelaient les Sclavini mais ce n’est au début qu’un nom d’origine, l’esclave en latin s’appelait alors servus. En bas-latin le mot devient Slavonici et sclavi ou slavi. Le mot Esclavon devient alors pratiquement synonyme d’esclave bien qu’on distingue les serfs des Esclavons. Le mot Esclavons a servi en Espagne musulmane à traduire son équivalent arabe Saqāliba désignant à la fois les esclaves européens et les Slaves. Capturés et achetés en Europe, les Esclavons étaient essentiellement des Slaves et des Germains provenant d’Europe centrale ou orientale, employés au palais ou dans l’armée et convertis à l’Islam. Favorisés sous Abd al-Rahman II, ils ont été ramenés en grand nombre en Andalousie où certains d’entre eux ont reçu une éducation poussée qui leur a permis, après leur affranchissement, d’obtenir de hauts postes dans l’administration. Devenant pour certains Grand Fauconnier, Grand Orfèvre ou encore Commandant de la Garde, ils ont fini par former un groupe à part, se favorisant mutuellement les uns les autres. Ils ont joué un rôle important dans l’éclatement du pays au 11ème siècle lors de leurs luttes contre les Berbères. À l’époque des taifas, plusieurs esclavons sont parvenus à arracher un royaume comme à Valence ou Tortosa et à en faire une puissante entité politique.

[14] l’équivalent d’un premier ministre

[15] région particulièrement vulnérable mais stratégique pour les campagnes en direction des royaumes de Castille et de León

[16] Le Tage est un fleuve qui prend sa source en Espagne, traverse le Portugal où il se jette dans l’océan Atlantique à Lisbonne.

[17] Le Douro est un fleuve qui prend sa source en Espagne à 2 160 m d’altitude, dans la sierra de Urbión appartenant à la cordillère Ibérique, dans la province de Sória. Il serpente à travers la Meseta pendant 612 km. Puis sur 122 km, il marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal dans une région accidentée, sa pente s’accentue et son lit se creuse entre de hautes parois granitiques. En aval de Barca d’Alva (Figueira de Castelo Rodrigo), il devient complètement portugais sur les 206 derniers km de son cours et devient navigable avant de se jeter dans l’océan Atlantique entre les villes de Porto et de Vila Nova de Gaia (dans l’estuaire de Porto).

[18] forteresse située aux confins du royaume de León et de l’Estrémadure et construite par le roi Ramire II après sa victoire à la bataille de Simancas

[19] roi

[20] noble prince

[21] Pampelune en français, Pamplona en castillan, Iruña ou encore Iruñea en basque, est une ville et une commune de la communauté forale de Navarre en Espagne. C’est la capitale de la Navarre. Elle se situe à 440 m d’altitude. Le royaume de Pampelune, constitué en 905, fut le noyau de celui de Navarre.

[22] La Rioja est une communauté autonome du Nord de l’Espagne, provinciale, sans littoral, traversée par l’Èbre et la Oja, limitée par le Pays basque au nord, par la Navarre au nord et à l’est, par l’Aragon à l’est et par la Castille-et-León au sud et à l’ouest. Le point culminant de la province est le San Lorenzo à 2 271 mètres (Sierra de la Demanda).

[23] Medinaceli, est une ville d’Espagne, dans la province de Soria, en Castille-et-León. Elle tire son nom de l’arabe madīnat salīm, la « ville de Salim ». Medina - la ville, salim/salem : la paix en arabe. Elle tire son nom de la « ville de la paix » car c’est à Médinaceli que meurt Almanzor, de retour d’une expédition militaire infructueuse à Compostelle. Almanzor n’avait de cesse de guerroyer et son décès ouvre la porte à l’espoir d’une période de paix. Elle est la capitale historique de la comarque de Tierra de Medinaceli, dont le chef-lieu actuel est Arcos de Jalón. C’est un des plus beaux villages d’Espagne, riche en vestiges romains et arabes. Un arc romain et un arc arabe en excellent état, un musée dans le palais ducal qui abrite les mosaïques romaines mises au jour lors de travaux de voirie ou d’habitation.