Juhel ou Judicaël Bérenger
Comte de Rennes vers 930 à 960

L’origine familiale du comte Juhel Bérenger est incertaine. Il serait un petit-fils de Bérenger II de Neustrie dont une fille de nom inconnue aurait contracté un mariage dans une grande famille bretonne vraisemblablement apparentée au roi Erispoë et donc au “Princeps” Judicaël mort en 890.
Le comte de Rennes s’appelait Bérenger comme son grand-père maternel mais ses descendants auraient privilégié les noms royaux d’origine bretonne pour justifier leurs prétentions au contrôle politique du pays.
Entre le 29 juin 922 et le 15 juin 923 : il prête hommage au roi Robert 1er de France.
En 931, il est mentionné dans un cartulaire [1] de l’Abbaye de Redon [2] avec le titre de Consul. Cette même année, il aurait participé à la révolte des Bretons contre l’envahisseur scandinave qui fut réprimée par le duc Guillaume 1er de Normandie. Ce dernier était un petit-fils attesté du Marquis Bérenger II de Neustrie, ce qui peut expliquer la mansuétude dont bénéficia le comte de Rennes à cette occasion.
En 939 : il participe au combat de Trans [3] aux côtés du duc Alain de Bretagne dit Barbetorte contre les Normands de la Loire.
En 942 d’après le témoignage de Dudon de Saint-Quentin suivi par Guillaume de Jumièges, les Bretons Bérenger et Alain sont présents aux côtés du duc Guillaume de Normandie lorsque celui ci est tué le 17 décembre 942 à Picquigny [4] dans la Somme dans un guet-apens lors d’une entrevue avec Arnoul 1er de Flandre.
En 944, selon la Chronique de Flodoard, les princes Béranger et Alain se livrent à une guerre fratricide que les Scandinaves mettent à profit pour piller de nouveau la Bretagne.
En 952, après la mort du duc Alain II de Bretagne, il entre dans la vassalité de Thibaud 1er de Blois, oncle et tuteur de Drogon de Bretagne et contrôle pour son compte le Nord-Est de la Bretagne.
Vers 960, selon la Chronique de Nantes [5], affaibli par l’âge, il est lui-même mis en tutelle par l’entreprenant archevêque de Dol [6] Wicohen qui contrôle la Domnonée [7].
Notes
[1] Un cartulaire est, selon la définition de la Commission internationale de diplomatique, un recueil de copies de ses propres documents établi par une personne physique ou morale, qui, dans un volume ou plus rarement dans un rouleau, transcrit ou fait transcrire intégralement ou parfois en extraits, des titres relatifs à ses biens et à ses droits et des documents concernant son histoire ou son administration, pour en assurer la conservation et en faciliter la consultation
[2] L’abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée en 832 par Conwoïon et reconnue le 18 juin 834 par Nominoë, est une ancienne abbaye bénédictine de Bretagne à Redon, dans le département d’Ille-et-Vilaine, dépendante de l’ancien diocèse de Vannes.
[3] La bataille de Trans est une victoire remportée par les Bretons sur les Vikings, à Trans la Forêt, vers le 1er août 939. Elle met fin à l’occupation du sol breton par les Normands.
[4] Picquigny est une commune française située dans le département de la Somme. Le 17 décembre 942, Arnoul, comte de Flandre, et Guillaume Longue-Epée, duc de Normandie, ont une entrevue à Picquigny pour traiter de la paix. Ils se rendent sur une petite île sur la Somme, laissant chacun son armée. Les conférences terminées, Guillaume part, mais Arnoul le rappelle sur l’île. Guillaume, ne soupçonnant rien, revient et est assassiné lors d’un guet-apens.
[5] La Chronique de Nantes est un recueil de récits historiques en latin (Chronicon Namnetense) concernant l’histoire de la ville et du comté de Nantes entre 570 et 1050, réalisé au 11ème siècle par un ecclésiastique de la ville, et largement utilisé à la fin du 14ème siècle par l’auteur anonyme de la Chronique de Saint-Brieuc, et à la fin du 15ème siècle par Pierre Le Baud (puis son petit-neveu Bertrand d’Argentré).
[6] Le diocèse de Dol est un ancien diocèse de l’Église catholique en France. Il était un des neuf diocèses ou évêchés historique de Bretagne. Le territoire du diocèse correspondait au Pays de Dol et le siège épiscopal se trouvait à Dol-de-Bretagne. Il est caractérisé par de nombreuses enclaves sur tout le territoire breton. Son existence est attestée comme tel dès le 6ème siècle, et la tradition lui donne pour fondateur saint Samson. Il tient sa fortune de la volonté des rois Nominoë et Salomon, qui voulaient assurer l’autonomie religieuse de la Bretagne, jusque-là rattachée à la province ecclésiastique de Tours, et favorisent l’érection de Dol en archevêché vers 848. La nouvelle province ecclésiastique comprenait les anciens diocèses de Vannes, Quimper, Léon et Alet, ainsi que les nouveaux diocèses de Dol, Saint-Brieuc et Tréguier. Un concile se tint à Dol en 1128
[7] En péninsule armoricaine, alors appelée « Petite Bretagne », le royaume aurait été fondé par Riwal et s’étend sur la zone correspondant à la côte nord de la Bretagne : du Trégor au pays de Dol, en passant par le Goëlo et le Penthièvre.