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Cyrille de Scythopolis

mercredi 31 janvier 2024, par lucien jallamion

Cyrille de Scythopolis (vers 525-après 559)

Moine et hagiographe byzantin

Cyrille naquit à Scythopolisl [1] en Palestine [2] dans une famille cultivée. Son père, un avocat du nom de Jean, veilla à son éducation religieuse.

Tout jeune, il rencontra saint Sabas, fondateur de la Grande Laure [3] portant son nom, monastère qui devait devenir le centre intellectuel et spirituel du monachisme en Palestine. Cette rencontre le décida à se faire moine.

Il reçut la tonsure en 543 et partit pour Jérusalem [4] où il rencontra Jean le Silenciaire ou Jean l’Hésychaste dont il devait écrire la vie plus tard. L’année suivante, après quelques mois comme ermite près du Jourdain [5], il entra au monastère de saint Euthyme [6], près de Jéricho [7], où il resta une dizaine d’années.

Après la condamnation de l’origénisme [8] en 553, il fit partie des moines orthodoxes qui remplacèrent les moines origénistes chassés de la Nouvelle Laure de saint Sabbas. En 557, il s’installa à la Grande Laure de saint Sabbas à Mar Saba près de Jérusalem, où il devait mourir peu après.

Cyrille s’attaqua à la rédaction de la vie de saints moines de Palestine vers l’âge de 20 ans. Son but était manifestement d’écrire un corpus qui aurait illustré l’association entre la sainteté et le désert chez les moines de Palestine.

La mort semble l’avoir empêché de compléter son projet. Néanmoins, plusieurs de ces vies sont parvenues jusqu’à nous, y compris celles de Euthyme le Grand et de saint Sabas qui jouèrent un rôle important dans les disputes théologiques qui suivirent le Concile de Chalcédoine [9].

La compréhension qu’avait Cyrille de la vie monastique, la simplicité de son style et l’exactitude des informations vérifiables sont une source précieuse sur l’histoire culturelle de l’histoire byzantine de cette période, notamment sur les origines des trois grandes hérésies que furent l’arianisme [10], le nestorianisme [11] et l’origénisme.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Flusin, Miracle et histoire dans l’œuvre de Cyrille de Scythopolis, Paris, Études augustiniennes, 1983, 263 p. (ISBN 978-2-85121-047-0).

Notes

[1] aujourd’hui Beïsan/ Bêt Shéân en Israë

[2] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[3] monastères chrétiens orthodoxes

[4] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[5] Le Jourdain est un fleuve du Moyen-Orient, qui a donné son nom à la Jordanie (Transjordanie), à la Cisjordanie et à la ville de L’Isle-Jourdain en France. Du mont Hermon à la mer Morte, le Jourdain s’écoule sur 360 km et sa vallée est la plus basse du monde puisqu’il rejoint la mer Morte à l’altitude de −421 m sous le niveau des océans.

[6] Le monastère Saint-Euthyme était au départ une laure, fondée par saint Euthyme en Palestine en 420. Une laure est une église autour de laquelle de trouvent des grottes ou des cellules d’ascètes s’y réunissant pour prier une fois par semaine. Elle est devenue le monastère Saint-Euthyme en 482. Cet ancien établissement monastique est situé dans l’actuel Tal-at-ed-Dumm, du côté sud du torrent de Wady Kelt, cité dans la Bible comme Adoummim, à mi-chemin entre Jéricho et Jérusalem, lieu supposé de la parabole du Bon Samaritain. Il se trouve à proximité de Ma’aleh Adumim, nouvelle banlieue de Jérusalem en Cisjordanie. La laure d’Euthyme est organisée comme celle de Phâran avec de petites cellules creusées dans la roche. Son église est consacrée par Juvénal, patriarche de Jérusalem, le 7 mai 428.

[7] Jéricho est une ville de Cisjordanie, située sur la rive ouest du Jourdain. Jéricho a été mentionnée pour la première fois dans le Livre des Nombres. Elle est considérée comme une des plus anciennes villes (bien que ce terme soit aujourd’hui discuté) habitées dans le monde et les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements successifs, et dont le premier remonte à 9 000 ans av. jc. Jéricho a été décrite dans la Torah comme la « ville des palmiers », où d’abondantes sources d’eau tiède et d’eau froide jaillissent et donnent lieu à la culture de citrons, d’oranges, de bananes, de plantes oléagineuses, de melons, de figues et de raisins. La culture de la canne à sucre y est présente dès le 10ème siècle. Jéricho est la ville la plus basse du monde avec une altitude proche de -240 m.

[8] L’origénisme désigne un ensemble de prises de position théologiques chrétiennes attribuées à Origène dans le cadre de controverses qui ont laissé des traces dans l histoire des conciles et de la théologie byzantine.

[9] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[10] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[11] Le nestorianisme est une doctrine christologique affirmant que deux personnes, l’une divine, l’autre humaine, coexistent en Jésus-Christ. Cette thèse a été à l’origine défendue par Nestorius, patriarche de Constantinople de 428 à 431. Après la condamnation de Nestorius et de son enseignement, le nestorianisme devient une hérésie. Les Nestoriens rejettent les formulations dogmatiques issues du concile d’Éphèse et des conciles suivants. Le nestorianisme est une des formes historiquement les plus influentes du christianisme dans le monde durant toute la fin de l’Antiquité et du Moyen Âge à partir de l’Église d’Orient.