Né à Ferghana [1] en Sogdiane [2], il travailla dans l’équipe de savants réunis par le calife [3] Al-Ma’mūn qui organisa un grand programme d’observations célestes et de mesures de la terre.
Entre 833 et 857, il rédigea Kitab fi Jawani [4]. C’était avant tout un abrégé de la cosmographie de Ptolémée [5], la présentant pour la première fois de manière plus descriptive que mathématique ; toutefois, il corrigeait aussi l’Almageste [6] en s’appuyant sur les observations d’autres astronomes persans.
Alfraganus proposa ainsi de nouvelles valeurs pour l’inclinaison de l’écliptique, le mouvement de précession des apogées du soleil et de la lune et la circonférence de la Terre. Il recalcula les distances des planètes à la Terre à partir des données de L’Amalgeste, obtenant des valeurs similaires. Ce livre connut une large diffusion dans le monde musulman et eut une grande influence sur l’enseignement du système de Ptolémée.
Il est traduit en latin par Gérard de Crémone et Jean de Séville au 12ème siècle. La traduction du premier, “Éléments d’astronomie”, fut à la base du célèbre ouvrage “La Sphère de Johannes de Sacrobosco”, qui connut plus de 200 éditions et servit d’ouvrage d’enseignement dans les universités européennes jusqu’au 17ème siècle.
Il composa, outre son introduction à l’astronomie, deux autres ouvrages, sur les cadrans solaires et l’astrolabe [7].
Le calcul du degré de latitude par Al Fargani [8] fut repris par Christophe Colomb pour calculer la circonférence de la Terre. Al Fargani parlait de mille nautique, mais Colomb crut que Al Fargani parlait de mille romain et convertit donc son estimation à 45 milles nautiques. Ce calcul convainquit Colomb de la faisabilité du voyage jusqu’en Inde par l’Atlantique, puisqu’il donnait une distance des îles Canaries au Japon de 4.450 km.