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Marduk ou Mardouk dit Bel-Marduk ou Bellus-Marduk ou Baal-Marduk

jeudi 18 mai 2023, par ljallamion

Marduk ou Mardouk dit Bel-Marduk ou Bellus-Marduk ou Baal-Marduk

Dieu babylonien

Marduk siégeait à Babylone [1] dans son sanctuaire l’Esagil [2] le temple au pinacle surélevé, auquel était adjointe la ziggourat [3] Etemenanki [4], passée à la postérité comme la Tour de Babel [5]. Sa parèdre [6] était Zarpanitu .


Les Mésopotamiens en faisaient le fils aîné d’ Ea et de la déesse Damkina . Dieu agraire d’importance secondaire à l’origine, Marduk finira par supplanter Enlil et absorber ses attributions comme dieu suprême du panthéon. Il acquiert toute son importance sous le règne de Nabuchodonosor 1er , souverain de Babylone de 1125 environ à 1104 av. jc. Le Poème de la Création [7], écrit à cette époque, est destiné à justifier cette promotion. On lui associe le dragon [8], la planète Jupiter et le nombre 50.


Dans la cosmogonie babylonienne, au terme d’une longue guerre, le jeune dieu Marduk découpe la mère des dieux Tiamat , incarnation de la Déesse du Chaos primordial et des mers : de son torse et sa tête, il crée les cieux, de ses jambes et membres inférieurs il créa la terre. De Tiamat naît l’eau venue en nuages et ses larmes deviennent la source du Tigre [9] et de l’Euphrate [10]. Kingu , fils de Tiamat périt lui aussi, et de son sang, Marduk crée les premiers hommes. Après avoir vaincu la déesse primordiale Tiamat, Marduk devint le souverain des dieux. Il prendra même la place d’Anu au sein du panthéon.


Chaque année au nouvel an, les dieux de Babylone et de Borsippa [11] viennent lui rendre hommage lors des festivités de l’Akitu [12] qui durent 12 jours à compter de l’équinoxe de printemps ; une grande procession s’organise le 9ème jour sur la voie sacrée. Le 8ème et le 11ème jour, les dieux se réunissent dans son temple, le saluent avec crainte, se tiennent agenouillés devant lui pendant que les destins se fixent irrévocablement pour l’année entière. La suppression de ces solennités, en temps de guerre ou de malheurs publics, est une calamité dont on fait mention dans les annales de la cité.


Marduk était associé à la planète Jupiter, qui était l’objet de savants calculs ainsi que de représentations géométriques afin de pouvoir calculer sa trajectoire

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de J. Bottéro, Mésopotamie, L’écriture, la raison et les dieux, Paris, Gallimard, 1987.

Notes

[1] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà, sous le règne de Hammurabi dans la première moitié du 18ème siècle av. jc.

[2] L’Esagil est le temple principal du dieu Marduk, situé dans le quartier sacré de Babylone, la ville dont il est la divinité tutélaire. Son nom vient du sumérien É.SAG.IL et signifie « Le temple au pinacle surélevé ». À ses côtés fut construite la ziggurat Etemenanki. L’Esagil est probablement né avec Babylone, dans des temps reculés. Il a eu une histoire trouble, à l’image de celle de la cité, dont il a subi tous les désastres, du raid des Hittites provoquant la chute de la première dynastie babylonienne, et qui dérobèrent les statues de Marduk et de Zarpanitu, récupérées plus tard sous les Kassites, à la destruction de cette dernière dynastie par l’Élam, puis aux nombreux raids assyriens, dont le plus terrible, celui infligé par Sennacherib, qui détruisit la ziggurat, qui sera restaurée par ses successeurs.

[3] Il s’agit d’un temple édifié sur une pyramide à étages, à base carrée. L’ensemble est construit en briques, comme tous les édifices de la région.

[4] Etemenanki est une ziggurat dédiée au dieu Mardouk à Babylone achevée sous le règne de Nabopolassar et surtout Nabuchodonosor II construite au nord de l’Esagil. À l’origine haut de sept étages, il ne subsiste plus rien de l’édifice hormis son empreinte au sol. L’édification et l’existence de la tour s’étalent sur presque 20 siècles d’histoire, depuis la première dynastie babylonienne jusqu’au début de l’ère chrétienne.

[5] L’histoire de la tour de Babel est un épisode biblique rapporté dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9, peu après l’épisode du Déluge. La tour biblique pourrait avoir été inspirée par l’Etemenanki, une ziggurat de sept étages dédiée au dieu Mardouk à Babylone et désignée comme « le temple de la fondation du Ciel et de la Terre ». Ce récit fut d’une fécondité remarquable et a inspiré des réflexions sur l’origine de la diversité des langues, la puissance de l’effort collectif, l’orgueil humain, la fonction civilisatrice de la ville et la totalisation du savoir. Il a servi de métaphore architecturale à des organismes transnationaux et multilingues.

[6] Parèdre est un nom ou adjectif signifiant littéralement « assis près », « qui est assis à côté de ». Il s’emploie pour qualifier une divinité souvent inférieure en prérogative, habituellement associée dans le culte à un dieu ou une déesse plus influent. Cependant, l’usage général tend à appeler parèdre le ou la consort d’une divinité, qui peut lui être égale ou complémentaire.

[7] Enuma Elish

[8] Mušhuššu

[9] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.

[10] L’Euphrate est un fleuve d’Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie. Son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s’écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s à l’entrée en Syrie. En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. Les deux branches mères de l’Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l’ouest, ou Karasu, naît près d’Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l’est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d’un contrefort occidental de l’Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l’Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ 1 km à l’ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

[11] Borsippa, ou Barzipa, est une ville antique de Mésopotamie. Elle correspond au site actuel de Birs Nimrud, à environ 20 km au sud-ouest de Babylone. C’est la cité du dieu du savoir et de la sagesse, Nabu, et de sa parèdre, Tashmêtum. Borsippa existait peut-être dès l’époque d’Ur III. Elle prend de l’importance à la période paléo-babylonienne (première moitié du 2ème millénaire), où elle est un centre important du royaume de Babylone, auquel elle appartient dès lors. On sait qu’Hammurabi y restaure l’Ezida, le temple principal de la ville. Borsippa est cependant mieux connue tant historiquement qu’archéologiquement pour le 1er millénaire av. jc. Si elle subit les aléas politiques du temps (exactions des Araméens et des Chaldéens, invasions assyriennes, révoltes), elle prend néanmoins de l’importance grâce à sa divinité tutélaire, Nabû, qui est l’un des dieux les plus vénérés de la période, en particulier par les rois assyriens et babyloniens. C’est donc une ville sainte important lieu de pèlerinage.

[12] Akitu est le nom d’une des fêtes religieuses majeures ayant lieu dans la Mésopotamie antique. Présente dans plusieurs des grandes villes sacrées de cette région, sa version la mieux connue est la grande fête du Nouvel An de Babylone qui avait lieu au début du printemps. Cette fête est probablement liée au cycle agraire à l’origine, commémorant le retour de la nature. Elle est dédiée à la divinité tutélaire de la ville où elle est accomplie.