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L’histoire pour le plaisir

Guo Jia

samedi 4 mai 2024, par lucien jallamion

Guo Jia (170-207)

Stratège chinois de l’époque de la fin de la dynastie Han

Il servit le seigneur de guerre Cao Cao lors des premières campagnes de celui-ci, entre 196 et 207 et s’illustra pour la justesse de ses pronostics lors de la planification des expéditions.


Guo Jia naît à Yangdi dans le district de Yingchuan [1].

À 26 ans, il est fait officier et il se rend au nord pour briguer un poste auprès de Yuan Shao, alors un des plus puissants seigneurs de guerre de la Chine de l’époque, et fait forte impression auprès de celui-ci. Néanmoins, Guo Jia trouve Yuan Shao trop indécis, ne prêtant pas l’oreille à ses conseillers, et après quelques dizaines de jours quitte son service.

Vers octobre 196, Xi Zhicai , un conseiller du seigneur de guerre Cao Cao, meurt. Cao Cao écrit à Xun Yu, un de ses autres conseillers, pour savoir s’il connaîtrait un talent pouvant remplacer Xi Zhicai, et Xun Yu lui recommande Guo Jia, qui venait du même district que lui.

Cao Cao accorde à Guo Jia une entrevue durant laquelle ils discutent des affaires du monde et chacun en sort satisfait.

Cao Cao fait de Guo Jia son assistant militaire, et lui offre également la charge de mener les sacrifices et les libations.


Vers février 197, Cao Cao reçoit une lettre de Yuan Shao extrêmement arrogante et Cao Cao considère lancer une expédition punitive mais craint de ne pas pouvoir être militairement à la hauteur. Il demande à Xun Yu et Guo Jia de le conseiller. Selon le Fuzi, Guo Jia fait alors une liste de 10 désavantages de Yuan Shao comparés à 10 avantages de Cao Cao et Guo Jia conclut à une victoire de Cao Cao mais lui conseille néanmoins de ne pas s’en prendre à Yuan Shao dans l’immédiat, et de profiter de ce que celui-ci soit en guerre avec Gongsun Zan au nord pour attaquer Lü Bu au sud qui risquerait de représenter une menace si Cao Cao devait affronter Yuan Shao.

Cao Cao suit les conseils de Guo Jia et prépare une expédition contre Lü Bu qu’il mène personnellement. En novembre 198, après plusieurs batailles, Lü Bu se réfugie derrière les murailles de la ville de Xiapi [2] et Cao Cao monte le siège. Vers janvier 199, Xun You et Guo Jia conseillent à Cao Cao de détourner les eaux des rivières Yi et Si pour inonder Xiapi. Un mois plus tard, Lü Bu, trahi par ses hommes, est exécuté.


Au cours de sa campagne contre Lü Bu, Cao Cao recueille Liu Bei et lui offre la charge de gouverneur de la province de Yu, mais après un temps est pris de doutes et craint que les ambitions de Liu Bei ne lui causent du tort. Il demande l’avis de Guo Jia et celui-ci lui rappelle que Liu Bei bénéficie d’un grand soutien auprès des gens du peuple et qu’en le faisant assassiner, Cao Cao ne peut que se faire des ennemis sur le long terme. Cao Cao écoute l’avis de Guo Jia.

Plus tard, Cao Cao envoie Liu Bei attaquer Yuan Shu, malgré l’avis opposé de plusieurs de ses conseillers, dont Guo Jia. Selon le Fuzi, Guo Jia dit à Cao Cao, vous devriez le rappeler au plus vite.

Cao Cao tente de rappeler Liu Bei à lui, mais il est trop tard : celui-ci ne reviendra plus jamais se placer sous les ordres de Cao Cao.

Vers février 200, Cao Cao pense lancer une expédition punitive contre Liu Bei, mais craint de se faire attaquer par Yuan Shao. Guo Jia lui rappelle le caractère indécis de Yuan Shao et postule que même si celui-ci se décide à attaquer Cao Cao, son arrivée sera très lente, et qu’en outre, Liu Bei n’a pas eu le temps de renforcer sa position et qu’une frappe rapide devrait le vaincre. Cao Cao suit les conseils de Guo Jia, attaque Liu Bei et lui inflige une sévère défaite, capturant ses femmes, ainsi que le général Guan Yu. Entre-temps, les conseillers de Yuan Shao pressent ce dernier pour qu’il attaque Cao Cao, mais son fils tombe malade et Yuan Shao estime que ce n’est pas le moment de préparer une expédition.


Après avoir écarté les menaces que formaient Lü Bu et Liu Bei, Cao Cao prend l’initiative d’attaquer Yuan Shao. Cette guerre mobilise la plupart de ses ressources, ce qui laisse le champ libre à d’autres rivaux pour attaquer Xuchang [3], sa capitale, et capturer l’empereur. Le plus menaçant de ces rivaux est Sun Ce, qui s’est rapidement rendu maître d’une bonne partie des terres à l’est du fleuve Yangzi [4]. Guo Jia prévoit que Sun Ce, trop impulsif et s’étant fait de nombreux ennemis, se fera certainement assassiner avant de pouvoir mener une campagne contre Cao Cao. L’avenir donne raison à Guo Jia : en mai 200, Sun Ce est tué dans une embuscade, ce qui permet à Cao Cao de mener sa campagne contre Yuan Shao en toute quiétude. Finalement, Cao Cao remporte la bataille de Guandu [5] et affaiblit considérablement la position de Yuan Shao.

En juin 202, Yuan Shao meurt et ses fils Yuan Tan et Yuan Shang se disputent son héritage. Cao Cao mène en parallèle une guerre contre eux mais en mai 203, Guo Jia lui conseille de les laisser se battre entre eux, car si Cao Cao les pousse à bout, ils risqueraient de s’allier. Guo Jia recommande que Cao Cao tourne plutôt ses efforts vers la province de Jing, dirigée par le seigneur de guerre Liu Biao.

En octobre 203, Yuan Tan, battu par Yuan Shang, vient se soumettre à Cao Cao, et lui offre ses territoires. En 204, Cao Cao et Yuan Tan viennent à bout de Yuan Shang. Ce dernier, accompagné de Yuan Xi , un de ses autres frères, se réfugie auprès des tribus Wuhuan [6].

Vers février 205, Cao Cao achève de pacifier la province de Ji, et, sur les conseils de Guo Jia, fait retirer ses troupes des territoires récemment conquis et nomme des lettrés célèbres pour les administrer afin de s’attirer les grâces de la population. En récompense de ses services, Cao Cao nomme Guo Jia marquis de Weiyang.


Vers avril 207, Cao Cao considère lancer une expédition contre les tribus Wuhuan et les frères Yuan, mais la plupart de ses généraux pensent qu’il est préférable de disposer auparavant de Liu Biao et de Liu Bei. Seul Guo Jia s’oppose à ce raisonnement et fait remarquer que Yuan Shao et ses fils se sont toujours bien entendus avec les Wuhuan et que leur alliance risque de représenter une grande menace dont il vaut mieux disposer tant qu’ils sont encore faibles et peu préparés. Il postule que Liu Biao, éternel indécis, n’osera jamais attaquer Cao Cao, et se méfie trop de Liu Bei pour suivre ses conseils ou lui confier des responsabilités. Écoutant les conseils de Guo Jia, Cao Cao lance son expédition contre les Wuhuan.

Guo Jia recommande de voyager avec le minimum de provisions et d’équipement afin de pouvoir se déplacer le plus vite possible et prendre les Wuhuan par surprise. Cao Cao écoute ses conseils et en septembre 207 inflige une sévère défaite aux Wuhuan et aux frères Yuan, tuant Ta Dun, le shanyu [7] des Wuhuan, ainsi que son allié, le roi Ming. Yuan Shang et Yuan Xi s’enfuient du champ de bataille et se réfugient auprès de Gongsun Kang, le gouverneur de Liaodong [8]

Cao Cao ne se lance pas à leur poursuite, sachant qu’il inciterait Gongsun Kang à s’allier aux frères Yuan. En octobre 207, Cao Cao lève le camp et peu après reçoit de la part de Gongsun Kang les têtes des frères Yuan, ce qui parachève la conquête du nord de la Chine.


Au cours de l’expédition contre les Wuhuan, Guo Jia tombe malade. Il reste à Liucheng pour se reposer et Cao Cao, inquiet, s’enquiert souvent de son état de santé, mais Guo Jia finit par mourir à l’âge de 37 ans. Son fils, Guo Ye , hérite de ses fonctions et sera nommé prince lettré mais comme son père mourra jeune.

Un an après la mort de Guo Jia, lors de la bataille de la Falaise rouge [9], Cao Cao connaît sa plus sévère défaite militaire.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Guo Jia/ Portail du monde chinois/ Catégories  : Personnalité du 2ème siècle/ Héros des Trois Royaumes

Notes

[1] qui correspond à l’actuel comté de Yu dans le Henan

[2] Xiapi est une dénomination géographique qui désigne un ancien district et un ancien xian de la province de Xu en Chine antique. Son emplacement correspond aujourd’hui au nord-ouest du xian de Suining dans le Jiangsu. Bordé à l’ouest par le district de Pei (province de Yu), au nord par les districts de Pengcheng et Donghai, au sud-est par le district de Guangling et au sud-ouest par le district de Jiujiang (province de Yang), le district de Xiapi est traversé par les rivières Si et Huai. Son territoire occupait grosso modo les villes préfectures contemporaines de Suqian et de Huaian au nord-est de la province de Jiangsu. Jusqu’en 72, le district de Xiapi était connu sous le nom de Linhuai.

[3] Xuchang est une ville-préfecture du centre de la province du Henan en République populaire de Chine.

[4] Le Yangzi Jiang ou Chang Jiang, est le plus long fleuve d’Asie (6 380 km). En France, il est appelé fleuve Bleu, Yang-Tsé-Kiang ou simplement Yang-Tsé. D’un débit de 30 000 m3/s, le fleuve Bleu est le troisième plus long fleuve du monde après l’Amazone et le Nil. Il prend sa source au Qinghai, à 6 621 mètres, dans les monts Tanggula, dans un paysage extrême de glaciers et de terres enneigées, parsemé de moraines, balayé par des vents violents et dépourvu de toute végétation. Il est appelé en tibétain Dri chu. Il parcourt 6 380 km avant de rejoindre la mer de Chine orientale, au nord de Shanghai, la plus grande ville de Chine. Il serpente à travers les provinces du Qinghai, du Yunnan, du Sichuan, du Hubei, du Hunan, du Jiangxi, de l’Anhui et du Jiangsu et traverse les immenses agglomérations de Chongqing, Wuhan, Nankin et Shanghai. Lors de son parcours, il reçoit les eaux de plus de 700 affluents drainant un bassin hydrographique de 1,8 million de kilomètres carrés. Chaque année, il déverse près de mille milliards de mètres cubes d’eau dans la mer de Chine, charriant des milliers de tonnes de limon au large des côtes. Le Yangzi Jiang alimente en eau 40 % du territoire chinois et 70 % de la production rizicole.

[5] La bataille de Guandu est une bataille ayant eu lieu en Chine lors de la fin de la dynastie Han. Elle vit s’affronter, en 200, Yuan Shao et Cao Cao pour une position stratégique proche du fleuve Jaune, sur la route de Xuchang.

[6] Les Wuhuan étaient un peuple nomade proto-mongolique qui habitait le nord de la Chine , dans ce qui est aujourd’hui les provinces du Hebei , du Liaoning , du Shanxi , la municipalité de Pékin et la région autonome de Mongolie intérieure.

[7] Chanyu était le titre donné aux chefs des Xiongnu durant les ères de la dynastie Qin et de la dynastie Han. Il fut remplacé par le titre de Khagan chez les turco-mongol. La traduction littérale est probablement quelque chose comme « le plus grand », grossièrement équivalent au chinois « fils du ciel » car ce qui reste du langage xiongnu n’est connu que très partiellement par les écrits des historiens chinois de ces époques. Comme dans la plupart des peuples nomades, le titre était héréditaire.

[8] La commanderie de Liaodong était une commanderie de la Chine impériale qui existait depuis la période des Royaumes combattants jusqu’aux dynasties du Nord . Il était situé dans le Liaoning moderne , à l’est de la rivière Liao. La commanderie fut créée par l’ état de Yan sur sa frontière nord pendant la période des Royaumes combattants. Sous la dynastie des Han occidentaux , il administrait 18 comtés, dont Xiangping, Xinchang, Wulü, Wangping, Fang, Houcheng, Liaodui, Liaoyang, Xiandu, Jujiu, Gaoxian, Anshi, Wuci, Pingguo, Xi’anping, Wen, Fanhan et Dashi.

[9] La bataille de la Falaise rouge, ou bataille de Chi Bi, est une bataille de l’époque des Trois Royaumes de la Chine, qui s’est déroulée au cours de l’hiver 208. Le site de la bataille se trouve à 36 kilomètres au nord-ouest de Puqi, sur la rive sud du Yangzi, en un lieu baptisé « passe de pierre », car, à cet endroit, le fleuve est bordé par une imposante falaise. C’est un lieu de mémoire pour les Chinois. La roche porte toujours les deux caractères chinois (1,5 mètre de hauteur sur 1 mètre de large), que Zhou Yu, le stratège et Maréchal du royaume de Wu, y a fait peindre après la bataille, pour célébrer la victoire. La bataille de la Falaise rouge opposa les armées alliées des royaumes de Wu et de Shu, sous le commandement de Zhou Yu et de Zhuge Liang, à celle, bien supérieure en nombre, de Cao Cao, seigneur du Wei.