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Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin

mercredi 29 juin 2022, par lucien jallamion

Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin (1640-1701) Marquis de Montespan

Fils de Roger-Hector de Pardaillan de Gondrin, marquis d’Antin [1], et de Marie-Christine de Zamet, il épousa en février 1663 Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart.

Pour Mlle de Mortemart, cette alliance avec une assez obscure maison de Gascogne était médiocre. De plus, le marquis de Montespan, toujours à court d’argent, était en permanence au bord de la saisie judiciaire. La rencontre de Louis Henri de Pardaillan de Gondrin avec Mlle de Tonnay-Charente (surnom de Mlle de Mortemart) s’effectue à la suite d’un duel où le frère du marquis se retrouve décapité et le futur mari de Françoise s’enfuit en exil.

S’ensuit alors une vie très pauvre mais passionnée entre les deux jeunes époux. Le marquis décide alors de partir à la guerre, afin de faire fortune et offrir un mode de vie à son épouse qu’il considère mérité et nécessaire, compte tenu de l’amour qu’il lui porte. Dans le même temps, il pourra obtenir quelques crédits financiers de la part d’un roi qui lui sera finalement reconnaissant, malgré plusieurs échecs où il se trouvera de plus en plus endetté.

C’est après cette période que naît Marie-Christine, et qu’Athénaïs (nouveau nom que la Montespan s’est choisi) entrera au sein de la société frivole du Marais, et que la Duchesse de Montausier lui propose de devenir dame d’honneur à Versailles. S’ensuit une proposition du roi de diriger une compagnie de cavalerie entretenue par lui-même, près de la frontière espagnole. Athénaïs va alors demander à s’installer en Guyenne [2], annonçant que le roi est amoureux d’elle.

Débute alors une guerre aux frontières pyrénéennes où Montespan, parti combattre, se retrouvera blessé et reviendra au bout de 11 mois. Il apercevra alors sa femme enceinte du roi. Montespan déclenche alors un tapage épouvantable dans tout Paris, tandis que sa belle-famille est récompensée et que la ville entière demeure stupéfaite devant l’ingratitude de celui qui devrait se trouver flatté par tant d’honneurs.

Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C’était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan. Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose.

Dès qu’il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l’homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d’assassinat, il poursuivit de sa haine l’homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme.

Mais ses agissements ont énervé le monarque, et le capitaine des gardes du roi le prévient qu’il doit quitter la capitale. Le 20 septembre 1668, Montespan décide de retourner à la cour de Saint-Germain-en-Laye dans une berline peinte en noir coiffée de gigantesque ramures de cerfs remplaçant les quatre plumets, ainsi que des cornes dessinées sur les portières. Il va jusqu’à traiter publiquement le roi de canaille, ce qui lui vaudra d’être emprisonné quelques jours à For-l’Évêque [3], puis exilé en Guyenne par Sa Majesté. Il organisera ensuite le simulacre des funérailles de son amour, une tombe avec une simple croix en bois ornée des dates 1663-1667.

Il est ensuite accusé d’avoir enlevé une jeune fille, risquant l’emprisonnement à vie au donjon de Pignerol [4]. Il s’enfuit avec son fils pendant une année, à un moment où l’Espagne est en guerre avec la France, puis retourne en Guyenne. Le roi lui propose alors de devenir duc afin que sa femme soit duchesse, offre qu’il refuse.

Montespan décide d’écrire son testament où il prétend évoquer Sa Majesté, testament qui déclenche l’hilarité dans Paris. Il apprend alors qu’il est gravement malade, et reçoit une lettre de l’abbaye où Françoise s’est réfugiée après avoir été chassée de Versailles, lui demandant de la reprendre ; il refuse par peur qu’elle ne le voie dépérir.

Il meurt finalement le 1er décembre 1701, à l’âge de 61 ans, après avoir choisi son épouse comme exécutrice testamentaire. Son fils, après l’enterrement de sa mère dans la fosse commune 16 ans plus tard, fera casser les cornes en pierre de son portail et verra son marquisat d’Antin être érigé en Duché en récompense du roi.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jean Teulé, Le Montespan, Julliard, 2008 - Grand Prix du roman historique

Notes

[1] Antin fut une seigneurie de Bigorre. Elle appartint à la famille de Pardaillan de Gondrin, et fut érigée en marquisat en 1612, puis en duché en 1711

[2] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.

[3] Le For-l’Évêque, parfois écrit à tort Fort l’Évêque, situé à l’emplacement de l’actuel no 19 rue Saint-Germain-l’Auxerrois, était la prison des évêques de Paris de 1222 à 1674 puis une des prisons royales de 1674 à 1781 peu avant sa démolition en 1783.

[4] Pignerol est une ville italienne de la province de Turin, dans la région du Piémont. Du 12 au 16ème siècles, l’église vaudoise en fit son centre religieux. La ville fut française à différentes époques avant d’être savoyarde puis italienne. Conquise en 1630, la ville et ses environs sont attribués à la France par le traité de Cherasco le 30 mai 1631. Pignerol est soigneusement fortifiée par Jean de Beins, et constitue jusqu’à la fin du siècle une défense importante du royaume de France.