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Guillaume d’Aubigny (1er comte d’Arundel)

vendredi 26 novembre 2021, par ljallamion

Guillaume d’Aubigny (1er comte d’Arundel) (mort en 1176)

Maître bouteiller de la maison royale 1er comte d’Arundel

Fils de Guillaume d’Aubigny dit Pincerna, lord de Buckenham [1] et de Mathilde, fille de Roger Bigot , shérif [2] du Norfolk [3].

En 1138 ou 1139, il épouse Adélaïde de Louvain veuve d’Henri 1er d’Angleterre. La dot de la reine est la jouissance du château et de l’honneur [4] d’Arundel [5] durant la vie de l’ex-reine.

Il est loyal à Étienne d’Angleterre, et est créé comte de Lincoln [6] entre 1139 et 1140, puis comte d’Arundel vers Noël 1141. Il utilise variablement ce titre, en concurrence avec comte de Chichester et comte de Sussex.

Le 30 septembre 1139, Mathilde l’Emperesse débarque à Arundel et demande la protection de sa belle-mère. Il ne prend pas particulièrement part à la guerre civile qui s’ensuit en Angleterre. Par contre en 1153, alors que le duc de Normandie Henri Plantagenêt, fils de l’Emperesse et futur Henri II, est à Wallingford [7] pour conquérir le trône, Guillaume d’Aubigny est le premier à proposer d’arranger une trêve entre les 2 camps. Il est par conséquent le premier des barons cités parmi les témoins de l’accord de trêve.

À son accession au trône en 1154, Henri II lui confirme son titre de comte, et lui donne l’honneur d’Arundel en fief alors qu’il le tenait jusque-là en droit de sa femme. Il part en pèlerinage en Terre sainte durant 3 ans, et à son retour en septembre 1158, semble parvenir à faire valoir sa revendication à l’office héréditaire de bouteiller royal [8].

En novembre 1164, il est envoyé avec d’autres barons auprès du pape Alexandre III pour lui faire part du désir du roi de se réconcilier avec Thomas Becket. En 1168, il escorte Mathilde d’Angleterre en Allemagne pour son mariage avec Henri le Lion, duc de Saxe [9] et de Bavière [10]. Durant la révolte des fils du roi en 1173-1174 [11], il joue un rôle important dans la défaite des rebelles. D’abord, il accompagne le roi en Normandie pour l’aider à reprendre en main le duché. L’armée royale entre dans Breteuil [12] en août 1173.

Exhortée par le comte d’Arundel, elle se prépare à affronter les forces du roi de France Louis VII qui soutient les rebelles. Mais ce dernier préfère éviter la bataille et fuir. Enfin, de retour en Angleterre, Guillaume est présent à la victoire de Bury St Edmunds [13] en octobre de la même année.

Il meurt le 12 octobre 1176 et est inhumé dans le prieuré de Wymondham [14] que son père avait fondé. Lui-même avait fondé le prieuré augustin de Old Buckenham [15] vers 1146.

Les chroniqueurs contemporains le décrivirent comme ayant de l’esprit et de l’éloquence, notamment pour son discours de Breteuil en 1173. Il fit bâtir le château de New Buckenham, qui est en Angleterre le plus ancien exemple connu de donjon cylindrique

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Graeme White, « Aubigny, William d’, first earl of Arundel (d. 1176) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.

Notes

[1] Norfolk

[2] La fonction de shérif est originaire de l’Angleterre prénormande. Le terme est né d’une contraction des mots anglo-saxons Shire reeve, désignant respectivement : pour le Shire, une circonscription administrative similaire au comté ; pour le reeve, un officier, agent d’un seigneur féodal (très proche du concept du bailli) qui faisait appliquer l’ordre parmi les serfs du domaine. En définitive, le shérif était un grade supérieur de cette fonction de Reeve, correspondant littéralement à celle d’un « bailli du comté ». Après la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, la fonction perdura, dans le cadre de vicomté. Elle reprit finalement l’appellation de shérif, tandis que vicomte devint un titre héréditaire de pairie.

[3] Le titre de comte de Norfolk a été créé plusieurs fois dans la pairie d’Angleterre. Ce titre est associé au comté de Norfolk. La première dynastie à avoir porté ce titre est celle des Bigot au 12ème et 13ème siècles. Puis plus tard, il a été porté par les Mowbray qui furent aussi ducs de Norfolk. Comme les Bigot étaient descendants par une lignée féminine de Guillaume le Maréchal, ils héritèrent du titre de comte Marshal qui est toujours porté par les ducs de Norfolk aujourd’hui. À la mort de Roger, en 1306, n’ayant pas de descendance, le titre et les possessions revinrent à la couronne.

[4] Un honneur est une composante de la féodalité ; il s’agit au Moyen Âge en France et en Grande-Bretagne d’un fief possédé à l’origine par l’un des barons d’un prince ou d’un roi. Il comprend généralement un domaine principal, qui donne son nom à l’honneur, et plusieurs « extensions » plus petites généralement dispersées dans la principauté ou royaume du suzerain dont il dépend. D’une manière générale, le terme d’honneur désignait l’ensemble des terres d’un puissant seigneur

[5] Ce titre fut créé la première fois vers 1141 pour le baron anglo-normand Guillaume d’Aubigny. Jusqu’au milieu du 13ème siècle, les comtes étaient aussi fréquemment connus en tant que comte de Sussex, jusqu’à ce que cet usage tombe en désuétude. À peu près au même moment, le titre passa à la famille d’origine bretonne FitzAlan, une plus ancienne branche de ce qui allait devenir la Maison Stuart, qui plus tard régna sur l’Écosse.

[6] En 1139, Étienne d’Angleterre créa le titre de comte de Lincoln pour Guillaume d’Aubigny. Cela offensa profondément, Guillaume de Roumare et son demi-frère Ranulph de Gernon, comte de Chester qui par leur mère, avaient hérité de vastes terres et de bâtiments dans ce comté. En décembre 1140, ces deux derniers prirent le château de Lincoln par la ruse, et le roi Étienne accorda le titre de comte à Guillaume de Roumare. Deux mois plus tard eu lieu la bataille de Lincoln dans laquelle le roi fut capturé. À sa libération, il confirma malgré tout le titre à Roumare. Les fréquents revirements d’alliance de son demi-frère Ranulf de Gernon, le puissant comte de Chester provoquèrent des reprises du titre par le roi en représailles. C’est pourquoi Guillaume d’Aubigny, comte d’Arundel est parfois mentionné comme comte de Lincoln dans certaines chartes.

[7] Wallingford est une ville de l’Oxfordshire, Angleterre.

[8] Bouteiller était un titre donné au Moyen Âge à l’officier chargé de l’approvisionnement en vin d’une cour royale, impériale ou princière. Il pouvait aussi avoir un rôle d’échanson, ce qui signifie qu’il pouvait être amené à servir le roi à table dans les grandes occasions. Le titre apparaît en Occident à l’époque carolingienne. Le bouteiller est alors un des quatre grands officiers de la cour, avec le chancelier, le chambrier et le sénéchal. La fonction se diffuse alors dans la plupart des cours d’Europe occidentale. Dans les cours anglaises du Moyen Âge, il porte le nom de butler, qui a gardé les deux sens premiers d’échanson (celui qui sert le vin) et de bouteiller (celui qui gère les réserves de vin).

[9] Le duché de Saxe était un duché médiéval couvrant la plus grande partie du nord de l’Allemagne. Il s’étendait sur les états allemands contemporains de Basse-Saxe, Rhénanie-du-Nord-Westphale, Schleswig-Holstein, Saxe-Anhalt et des parties de la Saxe. Le duc Henri le Lion occupa la région déserte de Mecklembourg Poméranie occidentale. Les Anglo-Saxons avaient quitté cette dernière zone pour l’Angleterre.

[10] Le duché de Bavière est une ancienne principauté allemande qui fut membre du Saint-Empire romain germanique puis rattaché à l’Électorat de Bavière. Sa capitale était la ville de Munich. Vers l’an 600, le territoire de l’actuel État libre de Bavière était occupé par trois tribus : les Baiern, qui ont donné leur nom au pays (Bavière se dit Bayern en allemand), les Francs et les Suèves. Tandis que l’actuelle Bavière du Nord tombait sous la souveraineté des Francs, les Alamans et les Bavarois formaient, au sud, des territoires souverains séparés par la rivière Lech. À ses débuts, le duché de Bavière s’étendait loin vers l’est et le sud, jusqu’à la Carinthie actuelle, en Basse-Autriche et en Haute-Italie. Mais le cœur du pays se situait sur le Danube. Aux 10ème et 12ème siècles, ces territoires ont donné naissance aux duchés de Bavière, de Carinthie et d’Autriche. Le principal siège ducal était Ratisbonne.

[11] La révolte de 1173-1174 est la rébellion contre Henri II d’Angleterre de trois de ses fils, de son épouse Aliénor d’Aquitaine et de barons qui les soutenaient. Elle dura 18 mois, et fut un échec. Les membres rebelles de sa famille durent se résigner face à sa puissance, et se réconcilièrent avec lui.

[12] Breteuil, dite aussi Breteuil-sur-Iton, est une commune française située dans le département de l’Eure. Place fortifiée en 1054 par Guillaume le Conquérant, entourée de fossés alimentés par le détournement des eaux de l’Iton (bras forcé). En 1354, à la suite du traité de Mantes, la ville est cédée par le roi Jean II le Bon à son gendre le roi Charles II de Navarre, avec de nombreuses autres terres normandes. Mais les deux hommes entrèrent rapidement en conflit, et en avril 1356 Breteuil est reprise aux Navarrais par Jean II le Bon et le maréchal Arnoul d’Audrehem. En 1358 elle fut restituée à Charles II de Navarre, mais Bertrand du Guesclin la reprit en 1371 pour le compte de Charles V.

[13] Bury St Edmunds est un bourg traditionnel du comté de Suffolk, chef-lieu de la circonscription (borough) de St Edmundsbury. Cette ville est renommée pour son abbaye en ruines près du centre-ville.

[14] Wymondham est une ville et une paroisse civile du district de South Norfolk dans le comté de Norfolk, en Angleterre. Elle est située à 15,3 km au sud-ouest de Norwich, sur la route vers Londres.

[15] Norfolk