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L’histoire pour le plaisir

Aurélien d’Arles

samedi 20 novembre 2021, par ljallamion

Aurélien d’Arles (523-551)

Archevêque d’Arles du 23 août 546 à sa mort

Arles Saint Trophime de nuitIl est issu d’une famille aristocratique burgonde [1], proche du pouvoir, qui joue un rôle important auprès des rois francs. Aurélien présente la particularité d’être le fils de Sacerdos, qui deviendra archevêque de Lyon [2] et le cousin germain de saint Nizier, le successeur de Sacerdos à l’évêché de Lyon.

Aurélien succède à Auxanius sur le siège d’Arles [3] le 23 août 546. Sa nomination à l’âge de 23 ans, au plus important siège épiscopal de la Gaule est autant due à ses qualités spirituelles et religieuses qu’à la confiance de Childebert 1er qui souhaite garder un point d’appui fiable sur la Méditerranée.

Il n’est en tout cas pas étonnant que le nouvel évêque ait reçu, très peu de temps après sa consécration, le pallium [4] et le vicariat des Gaules [5], manifestement selon la volonté du roi mérovingien. En effet, dès 548, le pape Vigile le nomme vicaire du Saint-Siège [6] et lui accorde le pallium.

La même année, Aurélien fonde à Arles un monastère pour hommes sur ordre du roi Childebert. Ce monastère intra-muros, dénommé des Saints-Apôtres [7], est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux. Son premier abbé s’appelle Florentin d’Arles .

Aurélien enrichit l’église de ce monastère de reliques fort précieuses et donne aux religieux une règle pleine de l’esprit de sagesse et de mortification. Il fonde également à cette date à l’intérieur des remparts de la ville en un lieu malheureusement inconnu, un monastère de religieuses doté des mêmes règles monastiques d’inspiration bénédictine, qu’il place sous la protection de la sainte Vierge.

Il assiste au cinquième concile d’Orléans [8] le 28 octobre 549, et nous savons par Grégoire de Tours que, cette même année, Arles est frappée par la peste de Justinien [9]. À ce concile, les actes sont signés d’abord par l’évêque de Lyon, Sacerdos, le père d’Aurélien, puis par ce dernier immédiatement après.

Peu de temps après en 550, dans l’affaire dite des Trois Chapitres [10], il envoie Anastase, un clerc de son église, à Constantinople [11] rencontrer le pape Vigile pour s’assurer de la véracité de propos rapportés concernant les volontés du pape. Le pape lui répond par une lettre du 29 avril 550 qu’il remet à son envoyé.

En 551, Aurélien aurait été appelé auprès de Childebert et c’est en chemin, malade, qu’il meurt à Lyon. Il fut enterré dans l’église Saint-Nizier à Lyon [12].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michel Baudat et Claire-Lise Creissen - Les saints d’Arles - Éditions « Rencontre avec le Patrimoine religieux », 2013 - (ISBN 978-2-911948-38-1)

Notes

[1] D’abord cantonnés en Sapaudia les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. A l’été 457 le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lugdunum, la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. Egidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric 1er s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l’agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L’empereur Népos reconnut leurs conquêtes. Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de 25 diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum actuellement Martigny, en Suisse, Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Embrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt. Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s’étendaient de l’Aar à la Saône et la Haute-Loire. Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.

[2] L’archidiocèse de Lyon (en latin : Archidioecesis Lugdunensis) est un des archidiocèses métropolitains de l’Église catholique en France. Burchard 1er de Lyon puis Burchard II, respectivement frère et fils illégitime de Conrad III de Bourgogne, posent les premiers jalons d’une principauté épiscopale lyonnaise dès la seconde moitié du 10ème siècle. À ce titre et à la suite du rapprochement avec le royaume de France (amorcé par la permutation de 1173), l’évêque Jean II de Belles-Mains édifia à la fin du 11ème siècle un château à motte ; motte de Béchevelin. La motte, outre le rôle symbolique et politique, tête de pont sur la rive gauche du Rhône de l’église de Lyon, contrôlait le passage sur le fleuve et surveillait le « compendium » antique Lyon-Vienne ; un péage y était attaché. Ce même évêque favorisa également la construction du pont du Rhône, pont de la Guillotière actuel. Il est à noter que ce territoire sur lequel l’église de Lyon avait autorité était contesté par le comte de Savoie, les seigneurs de Chandieu et les dauphins de Viennois.

[3] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.

[4] Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe. Il vient du latin pallium qui signifie manteau.

[5] Vicaire est un titre religieux chrétien. Étymologiquement, ce mot est un emprunt au latin classique vicarius signifiant suppléant, remplaçant. Dans l’organisation de l’Empire romain à partir de Dioclétien, le vicarius (ou vice-préfet du prétoire) est le responsable d’un diocèse, ensemble de provinces. Il est donc le supérieur des gouverneurs et le subordonné du préfet du prétoire. À l’époque carolingienne, le vicaire est un officier chargé de rendre la justice. Sa juridiction est une vicairie ou viguerie.

[6] Le Saint-Siège ou Siège apostolique est une personne morale représentant le pape et la curie romaine. C’est un sujet de droit international qui entretient des relations diplomatiques avec les États et qui est membre d’organisations internationales ou y est représenté. Son existence remonte à celle de la papauté ainsi qu’à la structuration, à partir du 11ème siècle, de la curie romaine et d’une diplomatie pontificale. Celle-ci a d’abord été faite de relations diplomatiques entre le pape et les souverains, rois et empereurs, puis avec les États modernes à mesure de leur constitution dans l’histoire. Sur le plan du droit international, le Saint-Siège existe aujourd’hui comme « sujet de droit primaire » à l’égal des États, c’est-à-dire qu’il est reconnu par les États mais ne doit pas son existence à cette reconnaissance. L’existence du Saint-Siège est liée à la personne du pape et non pas à un territoire.

[7] Le monastère des Saints-Apôtres aujourd’hui disparu, fut fondé à Arles en 547par l’archevêque d’Arles, Aurélien, sur l’ordre du roi Childebert 1er.

[8] Le cinquième Concile d’Orléans est un concile mérovingien convoqué par Childebert 1er qui se tint le 28 octobre 549 à Orléans

[9] La peste de Justinien, dite aussi pestis inguinaria ou pestis glandularia en latin, est la première pandémie connue de peste. Elle a sévi à partir de 541 jusqu’en 767, dans tout le bassin méditerranéen, avec un épisode paroxysmique jusqu’en 592.

[10] L’affaire dite des Trois Chapitres s’inscrit dans les efforts de Justinien pour réconcilier sur le plan religieux les parties orientale et occidentale de son empire en les persuadant que les décisions du concile de Chalcédoine en 451 étaient conformes à la christologie de l’école d’Alexandrie. En 544, il publia un édit en trois chapitres, le premier condamnant Théodore de Mopsueste, les deux autres condamnant les écrits jugés pro-nestoriens de Théodoret de Cyr et la lettre adressée par l’évêque d’Édesse, Ibas, à Mari. Cet édit n’eut d’autre résultat que de mécontenter à la fois Rome, les milieux chalcédoniens et les monophysites. Devant l’échec de ses tentatives de persuasion, Justinien convoqua un concile œcuménique (le cinquième) qui, sous la pression de l’empereur, finit par condamner les Trois Chapitres. Toutefois, les décisions du concile provoquèrent une grande hostilité dans les provinces que Justinien venait de reconquérir alors que les monophysites, plus divisés que jamais, campaient sur leurs positions.

[11] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[12] L’église Saint-Nizier est une église de la ville de Lyon, située place Saint-Nizier au cœur de la Presqu’île, entre la place des Terreaux et celle des Jacobins, dans le quartier des Cordeliers. Elle constitue l’un des plus importants lieux de cultes de la capitale des Gaules, aussi bien en termes d’ancienneté et de prestige que de visibilité architecturale et monumentale. Dédié à Nizier, l’un des évêques de Lyon, l’édifice est attesté dès le Haut Moyen Âge. Après l’an mille, alors que l’importance politique et économique de la ville s’affirme, celle de Saint-Nizier va croissant, ce qui n’est pas sans créer des tensions avec la principale église lyonnaise, la cathédrale Saint-Jean, et en particulier avec son chapitre canonial.