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Euphémius de Constantinople ou Euphème

vendredi 22 octobre 2021, par ljallamion

Euphémius de Constantinople ou Euphème

Patriarche de Constantinople de 490 à 496

Patriarcat œcuménique de ConstantinopleSyrien originaire d’Apamée [1], prêtre de l’Église de Constantinople [2], il était administrateur d’un hospice pour les pauvres à Néapolis, localité proche de la capitale.

Il succéda au patriarche [3] Fravitas , mort en mars 490 après un pontificat de seulement 4 mois. Celui-ci avait déjà écrit au pape Félix III pour tenter de renouer les liens après la rupture de 484 due à la promulgation de l’Hénotique [4] par le patriarche Acace.

Euphémius lui-même était un partisan convaincu du concile de Chalcédoine [5]. Il rompit la communion avec le patriarche d’Alexandrie [6] qui acceptait l’Hénotique, mais l’interprétait dans le sens d’une annulation du concile litigieux, et rétablit le pape sur les diptyques de son Église. Il fit valoir ces mesures auprès de Félix III, mais ce dernier répondit de manière intransigeante. Il exigeait, non seulement que l’Hénotique fût abrogée, mais qu’Acace fût rayé des diptyques comme hérétique. Ce dernier point pouvait causer de grands troubles dans l’Église de Constantinople, relativement aux personnes qui avaient été baptisées ou ordonnées par Acace. En fait, Euphémius était dans l’incapacité de satisfaire les exigences du pape.

L’empereur Zénon mourut le 9 avril 491, sans fils survivant. Son frère Longin pouvait espérer lui succéder, mais l’impératrice Ariane, soutenue par le sénat, mit en avant un fonctionnaire de second ordre appartenant au corps des silentiaires [7], un homme de 61 ans appelé Anastase.

C’était un homme très pieux, assistant très souvent à des offices religieux même nocturnes et féru de théologie. Il était rangé parmi ceux qu’on appelait les hésitants [8] et exprimaient de la défiance à l’égard du patriarcat. C’était au point qu’en 488 il se trouvait à Antioche [9] à la mort de Pierre le Foulon et qu’on avait failli l’élire comme successeur, tant il inspirait confiance aux monophysites. De retour à Constantinople, il manifesta une attitude très critique à l’égard d’Euphémius et se mêlait même de venir prêcher dans un coin de Sainte-Sophie [10]. L’apprenant, Euphémius fit cesser cette prédication.

Pendant les jours où se décida la succession de Zénon, Euphémius se montra très hostile à Anastase, essayant de dissuader l’impératrice et le sénat de le placer sur le trône. Voyant qu’il ne pourrait pas empêcher son avènement, il exigea de lui un document écrit et signé disant qu’il ne changerait rien à la foi et maintiendrait la validité du concile de Chalcédoine ; sinon, il refusait de le couronner. Anastase dut s’exécuter, mais un rapport de franche détestation s’établit d’emblée entre le nouvel empereur et le patriarche.

Les Isauriens [11], compatriotes de Zénon et de son frère Longin, très nombreux dans la capitale, furent très mécontents de la succession, et ils étaient appuyés par les deux principales factions du cirque, les Bleus et les Verts.

Longin fut arrêté et exilé en Égypte, où on lui imposa la prêtrise, et les Isauriens expulsés en masse de Constantinople. Se mettant en état d’insurrection, ils tentèrent de marcher sur la capitale, mais furent repoussés et se réfugièrent dans les monts Taurus [12], où leur révolte dura plus de 6 ans. Parmi eux se trouvait Conon, métropolite [13] d’Apamée, qui était Isaurien de naissance et avait abandonné sa charge pour participer à l’insurrection.

À Constantinople, Euphémius, voulant pousser son avantage, réunit peu après l’avènement d’Anastase un synode où fut re-proclamée solennellement la validité du concile de Chalcédoine. Mais l’empereur mécontent commença très vite à faire courir le bruit que le patriarche, nommé sous Zénon, était partisan de Longin, et de mèche avec les Isauriens.   Du côté de la papauté, les choses ne s’arrangeaient pas : à Félix III succéda le 1er mars 492 Gélase 1er, qui était de toute façon l’inspirateur de la politique d’intransigeance sous le pontificat précédent. Le nouveau pape s’abstint de notifier son élévation à Euphémius ; celui-ci lui envoya une lettre de reproche au ton très conciliant ; il s’attira une réplique extrêmement dure.

Anastase insista de plus en plus auprès d’Euphémius pour qu’il lui rende le document qu’il lui avait fait signer avant son couronnement, et qui était enfermé aux archives du patriarcat. Euphémius refusait obstinément.

Les accusations de trahison portées contre le patriarche allèrent au point qu’une tentative d’assassinat eut lieu contre lui. Au printemps 496, l’empereur parvint à réunir dans la capitale un synode d’évêques qui proclama la déchéance d’Euphémius.

Celui-ci, réfugié dans le baptistère de la cathédrale et craignant pour sa vie, n’en sortit qu’avec la promesse solennelle d’Anastase qu’aucune violence ne lui serait faite.

Il fut exilé aux Euchaïta, dans la province du Pont [14], et mourut finalement en 515 à Ancyre [15]. Flavien II d’Antioche, le patriarche d’Antioche [16], et Élie, celui de Jérusalem [17], ne reconnaissant pas sa déposition, continuèrent à le considérer comme le patriarche de Constantinople légitime.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Euphémius de Constantinople/ Portail des chrétiens d’Orient/ Catégories : Patriarche de Constantinople

Notes

[1] Apamée, actuellement Qal`at al-Madhīq est un site archéologique en Syrie, située près de l’Oronte, à 55 km au nord-ouest de Hama. Elle se situe en bordure d’un plateau, à l’est du Ghāb, sur une éminence qui domine une vaste plaine fertile. Elle présente le type habituel d’urbanisme colonial qui se caractérise par un plan régulier à damier, avec des îlots rectangulaires, à l’intérieur d’une immense enceinte. La ville connut un brusque développement au 2ème siècle av. jc, signe d’accroissement démographique et de prospérité. On construisit alors un mur d’enceinte de près de 7 km de circonférence, et on prolongea la grande colonnade avec des portiques et des boutiques construites au-delà de la porte nord.

[2] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[3] Dans l’Église chrétienne, un patriarcat est une région soumise à l’autorité d’un patriarche. En 325, le premier concile œcuménique qui siège à Nicée accorde un privilège d’honneur aux évêques de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Le 2e concile œcuménique (Constantinople - 381) étendra ce privilège à l’évêque de Constantinople, la Deuxième Rome.

[4] L’Henotikon (acte d’union), parfois Hénotique en français, est un formulaire rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la demande de l’empereur d’Orient Zénon pour mettre un terme aux controverses christologiques entre Chalcédoniens et Monophysites.

[5] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[6] L’Histoire des patriarches de l’Église d’Alexandrie, en fait à l’origine Biographies de la Sainte Église (Siyar al-Bī’ah al-Muqaddasah), est un ouvrage historiographique majeur de la tradition de l’Église copte. Il s’agit de l’équivalent pour le patriarcat copte de ce qu’est le Liber Pontificalis pour la papauté romaine : un recueil des biographies de tous les patriarches successifs, rédigées, puis compilées, à différentes époques. Ces biographies sont toutes en arabe. Le recueil nous est parvenu dans deux recensions divergentes, l’une désignée par les spécialistes comme « recension primitive », l’autre comme « vulgate ». La tradition d’ajouter des biographies au recueil a été poursuivie jusqu’au 20ème siècle.

[7] chargé de faire respecter l’ordre et le silence autour de l’Empereur

[8] ceux qui sympathisaient en fait avec les monophysites

[9] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[10] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’était plus un lieu de culte mais un musée. mais de nouveau depuis 2020 elle est de nouveau une mosquée

[11] L’Isaurie est une ancienne région d’Asie Mineure, située entre la Phrygie au nord, la Cilicie au sud, la Lycaonie à l’est et la Pisidie à l’ouest. Elle était située sur ce qui forme maintenant les monts Taurus en Turquie. Région rebelle à l’autorité grecque d’Alexandre le Grand, des Séleucides et du royaume de Pergame, l’Isaurie est conquise en 76 av jc par le Romain Publius Servilius Vatia Isauricus et fut définitivement incorporée à l’Empire romain en 279/280, sous Probus. Héritée par l’Empire byzantin, dont elle devient une région frontalière avec le monde musulman, elle est le berceau des empereurs byzantins Zénon et Léon III. Elle est conquise par les Turcs Seldjoukides au 11ème siècle et fait successivement partie des sultanats de Roum, de Karaman et de l’Empire ottoman.

[12] Les monts Taurus, ou simplement les Taurus, culminant dans les massifs de l’Aladağlar et des Bolkar Dağları, sont une chaîne de montagnes turques, formant la bordure sud-est du plateau de l’Anatolie. La chaîne s’étend en courbe du lac Eğirdir à l’ouest aux sources de l’Euphrate à l’est. Elle fait 600 km de longueur et culmine à 3 756 m. De nombreux sommets y ont entre 3 000 et 3 700 m d’altitude. Il s’agit d’une chaîne calcaire, qui s’est érodée pour former des paysages karstiques avec des chutes d’eau, des rivières souterraines et les plus grandes grottes d’Asie. Le Tigre prend sa source dans les Monts Taurus.

[13] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque.

[14] Le Pont, c’est-à-dire la mer Noire pour les anciens Grecs est une région historique de la Turquie et, selon les limites que lui accordent certains, de la Géorgie. Sa ville principale est historiquement Trabzon mais Samsun (Amisos) est aujourd’hui la plus peuplée. Ce pays fut colonisé par les Grecs venus d’Ionie dès l’époque archaïque et fut par la suite un foyer isolé de culture hellénique sous une forme allogène jusque bien après la conquête ottomane du 15ème siècle.

[15] Ancyre est une cité de l’Antiquité qui correspond de nos jours à l’actuelle Ankara.

[16] Le titre de « patriarche d’Antioche » est traditionnellement porté par l’évêque d’Antioche (dans l’actuelle Turquie). L’Église d’Antioche est l’une des plus anciennes de la chrétienté, son institution remontant à l’apôtre Pierre. Aujourd’hui, pas moins de cinq chefs d’Église, dont trois catholiques, portent le titre de « patriarche d’Antioche ». Aucun d’entre eux ne réside à Antioche / Antakya depuis la présence musulmane majoritaire en Turquie.

[17] Le titre de Patriarche de Jérusalem est traditionnellement porté par l’évêque de Jérusalem. Ce diocèse est l’un des plus anciens et des plus prestigieux de la Chrétienté, du fait de sa situation en Terre sainte. Il fut érigé en patriarcat en 451, au concile de Chalcédoine. Aujourd’hui, trois chefs d’Église, dont un catholique, portent le titre de Patriarche de Jérusalem.