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Robert de Jumièges ou Robert Champart

vendredi 1er octobre 2021, par lucien jallamion

Robert de Jumièges ou Robert Champart (mort en 1055)

Premier archevêque normand de Cantorbéry

D’origine Normande ou française, il est moine de Jumièges [1]. Il est par la suite prieur de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen [2]. C’est en cette qualité qu’il signe la charte de fondation de l’abbaye de Conches [3], à la place de l’abbé Herfast. Devenu abbé de l’abbaye Saint-Pierre de Jumièges en avril 1037, il commence la construction de l’abbatiale Notre-Dame dans une architecture romane. Il semble lors de son abbatiat être devenu ami avec Édouard le Confesseur, probablement dans les années 1030, lorsqu’il vivait en exil en Normandie. Certaines preuves montrent qu’il a passé une partie de son temps en exil proche de Jumièges. Devenu roi, il fera des dons à l’abbaye

Robert est le premier abbé normand parti outre-Manche, bien avant la conquête de 1066. Il parait accompagner Édouard en Angleterre à sa demande lors de son retour en 1042, pour succéder au trône à la mort de Knud II.

Il devient évêque de Londres [4] en août 1044, un des premiers sièges épiscopaux devenu vacant depuis le début du règne d’Édouard, en restant semble t-il abbé de Jumièges.

Proche du roi, il est le chef du parti opposé à Godwin, comte de Wessex [5], et père de la reine Édith de Wessex. La Vita Ædwardi Regis [6], affirme que Robert a toujours été le conseiller personnel le plus puissant du roi. Robert semble avoir favorisé des relations plus étroites avec la Normandie et son duc.

À la mort d’Eadsige en octobre 1050, l’archevêché de Cantorbéry [7] reste vacant cinq mois. En 1051, Édouard le nomma archevêque de Cantorbéry bien que le chapitre ait déjà procédé à l’élection d’AEthelric, un parent de Godwin et moine de Canterbury.

Malgré la contestation des moines, la nomination a tenu. Parti chercher son pallium [8] à Rome, il revient en Angleterre où il est consacré archevêque le 29 juin 1051. Certains chroniqueurs normands disent qu’il visite la Normandie lors de ce voyage et informe le duc Guillaume, futur Conquérant, héritier du roi Édouard. Selon ces chroniqueurs, la décision de faire de Guillaume l’héritier fut décidé lors du conseil royale de 1051 qui avait déclaré Robert archevêque.

Robert refuse de consacrer Spearhafoc , abbé d’Abingdon [9] et orfèvre du roi, comme son successeur à l’évêché de Londres, affirmant que le pape Léon IX avait interdit la consécration. Les motifs étaient probablement la simonie [10] ou l’achat de son office ecclésiastique. C’est finalement son candidat, Guillaume le Normand , qui est consacré à la place de Spearhafoc évêque de Londres.

Cantorbéry avait perdu certains revenus provenant de la shire [11] de Kent [12] à Godwin pendant le mandat de Edsige comme archevêque, que Robert tenta en vain de récupérer. Ces conflits sur les successions et les revenus de l’archevêché ont contribué à la friction entre Robert et Godwin. Celle-ci a commencé avec l’élection de Robert et a perturbé les pouvoirs de patronage de Godwin à Cantorbéry.

Ces évènements ont abouti à un concile tenu à Gloucester [13] en septembre 1051, lorsque Robert accuse le comte Godwin d’avoir comploté pour tuer le roi Édouard. Godwin et sa famille sont exilés. Robert réclame alors le bureau de shérif [14] du Kent, probablement par le fait que son prédécesseur comme archevêque avait occupé le poste.

À la suite de son exil, Godwin part en Flandre [15] et rassemble une flotte et des mercenaires en vue de forcer le roi à permettre son retour. À l’été 1052, Godwin est de retour en Angleterre et accueilli par ses fils, qui ont envahi l’Irlande. En septembre, ils avancent sur Londres, où les négociations entre le roi et le comte sont menées avec l’aide de Stigand, évêque de Winchester [16]. Quand il est devenu évident que Godwin serait de retour, Robert a rapidement quitté l’Angleterre avec l’évêque Ulf de Dorchester [17] et l’évêque Guillaume le Normand, avec probablement Wulfnoth et Hakon avec lui comme otages.

Robert est déclaré hors-la-loi et déposé de son archevêché le 14 septembre 1052 lors d’un conseil royal, principalement parce qu’à son retour, Godwin estime que Robert, avec un certain nombre de normands, a été la force motrice de son exil. Robert se rend à Rome pour se plaindre devant le pape de son propre exil, où Léon IX et les papes successifs ont condamné Stigand, qu’Édouard avait nommé à Cantorbéry. Les biens personnels de Robert sont divisés entre Godwin, Harold Godwinson, et la reine, revenue à la cour.

Il meurt à Jumièges le 26 mai 1055. Il est enterré dans la nouvelle église de Jumièges.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Robert of Jumièges »

Notes

[1] L’abbaye Saint-Pierre de Jumièges en Seine-Maritime fut fondée par saint Philibert, fils d’un comte franc de Vasconie vers 654 sur un domaine du fisc royal à Jumièges.

[2] L’abbaye Saint-Ouen de Rouen est l’un des principaux monuments de la ville de Rouen ; son église abbatiale est un exemple achevé de l’architecture gothique en Normandie.

[3] L’abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Châtillon-lès-Conches était située sur la commune de Conches-en-Ouche.

[4] L’évêque de Londres est à la tête du diocèse anglican de Londres, dans la province de Cantorbéry. Il siège à la cathédrale Saint-Paul. Il s’agit de l’un des cinq « grands sièges », avec les deux archevêchés et les évêchés de Durham et Winchester, dont les titulaires sont systématiquement membres de la Chambre des Lords. De par sa situation, l’évêque de Londres a souvent eu une influence notable sur des membres de la famille royale anglaise et sur divers politiciens. Il est le troisième ecclésiastique d’Angleterre en importance, derrière les archevêques de Cantorbéry et d’York.

[5] En 1019, le comté de Wessex est conféré à Godwin par le premier roi qui ne fait pas partie de cette maison de Wessex : Knut le Grand. À la mort de Godwin en 1053, le comté est transféré à son fils, Harold Godwinson, qui règne brièvement sur l’Angleterre en 1066, de la mort de son beau-frère Édouard le Confesseur à sa propre mort durant la bataille d’Hastings ce 14 octobre. Le comté ne survit que quelques années à Harold. Guillaume le Conquérant l’attribue à son plus fidèle compagnon, William FitzOsbern, lequel aide Guillaume à consolider son nouveau royaume jusqu’à sa mort en 1071. Guillaume ne transfère pas ce comté à Roger, le fils de William, qui n’hérite que du titre de comte de Hereford.

[6] un travail hagiographique sur la vie du roi Édouard

[7] L’archevêque de Cantorbéry est, après le Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque du Royaume-Uni), le chef de l’Église d’Angleterre et de la Communion anglicane.

[8] Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe. Il vient du latin pallium qui signifie manteau.

[9] L’abbaye d’Abingdon était une abbaye bénédictine située à Abingdon, historiquement dans le Berkshire. Elle aurait été fondée en 675, mais le premier abbé historiquement attesté est Æthelwold de Winchester, au milieu du 10ème siècle, qui restaure et agrandit l’abbaye. Abingdon devient ainsi l’un des centres majeurs de la réforme bénédictine anglaise. Le dernier abbé, Thomas Pentecost (ou Rowland), est l’un des premiers abbés anglais à reconnaître l’Acte de suprématie promulgué par le roi Henri VIII : il signe la dissolution de l’abbaye d’Abingdon en 1538. Les bâtiments de l’abbaye ont presque totalement disparu depuis, et il ne subsiste plus que certaines de ses dépendances.

[10] La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique.

[11] région

[12] Le Kent est un royaume anglo-saxon fondé au 5ème siècle par les Jutes dans le sud-est de l’Angleterre. Il correspond approximativement au territoire occupé par le peuple celtique des Cantiaci avant la conquête romaine, et à l’actuel comté de Kent. C’est le premier royaume anglo-saxon converti au christianisme, et il atteint son apogée au début du 7ème siècle sous le roi Æthelberht.

[13] Gloucester est une ville du sud-ouest de l’Angleterre, à proximité de la frontière du pays de Galles. Depuis 1541, elle possède officiellement le statut de cité.

[14] La fonction de shérif est originaire de l’Angleterre prénormande. Le terme est né d’une contraction des mots anglo-saxons Shire reeve, désignant respectivement : pour le Shire, une circonscription administrative similaire au comté ; pour le reeve, un officier, agent d’un seigneur féodal (très proche du concept du bailli) qui faisait appliquer l’ordre parmi les serfs du domaine. En définitive, le shérif était un grade supérieur de cette fonction de Reeve, correspondant littéralement à celle d’un « bailli du comté ». Après la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, la fonction perdura, dans le cadre de vicomté. Elle reprit finalement l’appellation de shérif, tandis que vicomte devint un titre héréditaire de pairie.

[15] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[16] L’évêque de Winchester est à la tête du diocèse anglican de Winchester, dans la province de Cantorbéry. Il s’agit d’un des sièges épiscopaux les plus anciens et les plus prestigieux d’Angleterre, et son titulaire est automatiquement membre de la Chambre des Lords. Il est aussi prélat de l’Ordre de la Jarretière.

[17] L’évêché de Dorchester est fondé en 634 par Birin, l’évangélisateur des Saxons de l’Ouest. Ce diocèse disparaît après la démission du successeur de Birin, Agilbert, vers 660. Le roi Cenwalh déplace alors le siège des Saxons de l’Ouest à Winchester, dont Wine devient le premier évêque. Dorchester redevient un siège épiscopal vers le milieu du 9ème siècle, alors que la Mercie subit des invasions de Vikings païens qui commencent à s’y implanter durablement. L’évêché de Leicester est alors déplacé à Dorchester, plus à l’ouest, peut-être vers 870. Il annexe le diocèse de Lindsey en 971. Le siège est de nouveau déplacé en 1072, cette fois-ci à Lincoln.