Frédéric 1er de Lorraine ou Ferry 1er (vers 910/915-978)
Comte de Bar et duc de Haute-Lotharingie
Fils de Cunégonde et de Wigéric, comte de Bigdau, puis comte palatin de Lotharingie [1].
Son mariage avec Béatrice de France, fille d’Hugues le Grand, duc de France, et d’Hedwige de Saxe, fille de l’empereur Henri 1er, lui apporta en dot les revenus lorrains de l’abbaye de Saint-Denis [2], dont l’abbaye de Saint-Mihiel [3].
Il fit construire une forteresse à Fains [4], sur la frontière entre le royaume de France et le royaume de Germanie [5], et échangea des fiefs avec l’évêque de Toul [6]. C’est ainsi qu’il se constitua petit à petit un domaine cohérent qui devint ainsi le comté de Bar [7].
Le duché de Lotharingie était alors dirigé par l’archevêque Brunon de Cologne, lequel était le frère d’Otton 1er et d’Hedwige de Saxe, donc l’oncle de l’épouse de Frédéric.
Brunon et Otton décidèrent en 959 de diviser la Lotharingie en deux, et nomma alors Frédéric vice-duc de Haute Lotharingie [8]. Plusieurs années plus tard, en 977, Frédéric reçut le titre de duc de Haute Lotharingie.
Il favorisa la réforme monastique à Saint-Dié [9] et à Moyenmoutier [10].
Notes
[1] La Lotharingie désigne le royaume de Lothaire II du latin Lotharii Regnum, arrière-petit-fils de Charlemagne. Il fut constitué en 855. Après sa mort, elle fut l’enjeu de luttes entre les royaumes de Francie occidentale et de Francie orientale, avant d’être rattachée au Saint Empire romain germanique en 880. Il devint un duché au début du 10ème siècle. Dans la deuxième moitié du 10ème siècle, le duché fut scindé en un duché de Basse Lotharingie et un duché de Haute Lotharingie, qui deviendra la Lorraine.
[2] Fondée à l’origine en tant qu’abbatiale, elle a le statut de cathédrale du diocèse de Saint-Denis depuis 1966.
A ses origines, l’ancienne abbaye royale de Saint-Denis est associée à l’histoire des Francs. L’église abbatiale a été dénommée « basilique » dès l’époque mérovingienne. Elle s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Le transept de l’église abbatiale, d’une ampleur exceptionnelle, était destiné à accueillir les tombeaux royaux. Elle est ainsi la nécropole des rois de France depuis les Robertiens et Capétiens directs, même si plusieurs rois mérovingiens puis carolingiens avaient choisi d’y reposer avant eux.
[3] L’abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel, également appelée église Saint-Michel de Saint-Mihiel est une ancienne abbaye bénédictine située à Saint-Mihiel, dans la Meuse. Fondée à l’époque mérovingienne, elle devint un centre d’études majeur sous les Carolingiens avec l’abbé Smaragde, et le resta jusqu’au 18ème siècle, notamment grâce à sa bibliothèque.
[4] Fains-Véel est une commune française située dans le département de la Meuse. Sous l’Ancien Régime, la commune appartient au Barrois mouvant. C’est après une chasse aux loups dans une forêt de Fains où il prend froid, que le duc de Lorraine René II meurt le dimanche 10 décembre 1508, au château de Fains.
[5] Le Royaume de Germanie n’a pas réellement existé sous ce nom-là. Avec la fin des Carolingiens, les Ottoniens s’imposent et fondent une dynastie qui règne sur la Francie orientale. Pour marquer la différence avec le Royaume de France, on l’appelle Royaume Teutonique. Ce ne sont que les historiens allemands modernes qui lui donnent le nom de Royaume de Germanie. Ce Royaume correspondait au départ aux territoires de la Franconie, de la Saxe et de la Bavière. Mais avec les nombreuses modifications territoriales, le titre de roi de Germanie est devenu honorifique et s’est même pratiquement confondu avec celui de Roi des Romains.
[6] Le diocèse de Toul est érigé au 4ème siècle. Selon la tradition, le premier évêque de Toul est saint Mansuy (Mansuetus). Au 10ème siècle l’évêque de Toul est fait prince évêque conjointement à ceux de Verdun et de Metz, résultat des privilèges déjà attribués par Charlemagne qui faisaient que l’évêque avait droit à la perception d’un impôt. Il s’approprie ainsi un temporel important autour de la ville qu’il partage en partie avec le chapitre de la cathédrale. Or au 13ème siècle à la manière des bourgeois de Verdun et de Metz, ceux de Toul se rebellent et obtiennent d’ériger leur cité en ville libre d’Empire jusqu’au règne de Louis XIII. Louis XIV préserve toutefois les antiques franchises de la ville.
[7] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.
[8] Le duché de Haute-Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1047. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain suite au mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec la future impératrice d’Autriche Marie-Thérèse.
[9] Saint-Dié-des-Vosges, Chef-lieu d’un ban mérovingien à un coude remarquable de la vallée de la Meurthe, la ville de Saint-Dié-des-Vosges s’est pérennisée par de prestigieux monastères et sanctuaires chrétiens, accueillant pèlerins et malades. Si au 12ème siècle, l’église Saint-Dié, érigée en chapitre et ses chanoines essaient de fonder une ville autour de leur collégiale et commencent à l’entourer de murailles et de tours, c’est au siècle suivant que la ville basse lorraine naît véritablement par une association entre le duc de Lorraine et la collégiale.
[10] L’abbaye de Moyenmoutier, ou l’abbaye Saint-Hydulph, était une abbaye de l’ordre de Saint-Benoît, située à Moyenmoutier, dans le département des Vosges (France). Cette abbaye abrita jusqu’à 300 religieux. Elle fut fondée vers l’an 671 par Saint Hydulphe, chorévêque de Trèves qu’il quitta pour se retirer dans la solitude des Vosges et y vivre en ermite. Cette abbaye fut soumise dès le commencement aux rois d’Austrasie et ensuite à l’empereur Charlemagne et à ses successeurs. Par la suite, les ducs de Lorraine y exercèrent des droits régaliens sous l’autorité des empereurs.