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Ursin (antipape)

dimanche 20 juin 2021, par ljallamion

Ursin (antipape)

Élu pape lors d’une élection très contestée. Il exerce le pontificat de 366 à 367. Ce n’est qu’à l’occasion du concile de Rome de 378 qu’Ursin est condamné. Le pape Damase 1er est alors déclaré pape légitime. En 381, lors du concile d’Aquilée [1], Ursin est déclaré antipape.

Le pape Libère est banni en 355 à la suite d’un conflit avec l’empereur Constance II sur le traitement de l’arianisme [2]. L’antipape Félix II est imposé comme son successeur. Après la mort de l’empereur Libère s’installe finalement à Rome et Félix est expulsé. Libère décède le 24 septembre 366.

Au début de l’Église catholique les nouveaux évêques de Rome sont choisis de la même manière que dans les autres diocèses, c’est-à-dire par les membres du clergé et les gens du diocèse qui élisent ou choisissent le nouvel évêque en présence des autres évêques de la province. Il s’agit d’une méthode simple dans une petite communauté de chrétiens unifiée par la persécution.

Mais cette communauté chrétienne de Rome a grandi en taille et l’acclamation d’un nouvel évêque s’accompagne de divisions entre les prétendants d’une part et une certaine hostilité de classe entre les candidats patriciens [3] et les plébéiens [4], qui commencent à perturber l’élection des évêques. Dans un même temps les empereurs du 4ème siècle doivent confirmer chaque nouveau pape.

Les partisans patriciens de Félix appuient l’élection de Damase tandis que les partisans opposés, ceux de Libère, les diacres et les laïcs, soutiennent Ursin, lui-même diacre [5]. Tous deux sont élus le jour de la mort de Libère, dans une atmosphère d’émeute. Ursin est alors sacré par l’évêque de Tibur [6]. Les partisans des deux camps s’affrontent durant 3 jours. Le calme revient à la suite de l’intervention du préfet de Rome qui fait expulser Ursin.

Selon une autre version, fournie par Marcellino et Faustino, 2 prêtres lucifériens [7], après avoir été expulsés de Rome par Damase, rédigent “le Libellus Precum”. Partisans d’Ursin, ils affirment que ce dernier est élu avant Damase par les personnes en communion avec l’Église de Libère, sur le Tibre [8].

Selon eux, Damase, en réponse à cette élection, fait irruption dans l’église et massacre beaucoup de gens. 7 jours plus tard il prend possession de la basilique du Latran [9], où il est sacré, le 1er octobre 366.

Après ces 2 élections tous les récits conviennent que les partis rivaux se sont affrontés à chaque occasion et que ces affrontements ont fait de nombreuses victimes. Les 2 préfets de la ville, le préfet de Rome Vivenzio Scisciano et le préfet de l’annone [10] Giuliano, sont appelés pour rétablir l’ordre. Finalement, d’un commun accord, les préfets bannissent Ursin vers la Gaule, mais les combats continuent.

En 367, l’empereur Valentinien permet aux bannis de revenir, mais il les menace de punition sévère en cas de nouvelles émeutes. Ursin revient le 15 septembre. Il est reçu avec de grandes démonstrations de joie de la part de ses disciples, mais le 16 novembre il est à nouveau relégué en Gaule, avec 7 des siens, par ordre de l’empereur. Cependant la paix n’est pas immédiatement rétablie. Ses disciples continuent à se réunir dans les cimetières et prennent possession de l’église de Sainte-Agnès hors les Murs. Toujours selon Marcellino et Faustino, ils en sont chassés par Damase lui-même avec ses disciples, dans un bain de sang. Après ces événements le nouveau préfet de Rome, Vettius Agorius Praetextatus, successeur de Vivenzio, interdit la réunion des deux parties.

En 371, cependant, les empereurs Valentinien, Valens et Gratien permettent à Ursin et ses amis de rentrer d’exil de Gaule, leur permettant de vivre là où ils voudraient, mais loin de Rome et ses régions suburbaines.

En 378 un concile a lieu à Rome. Il condamne Ursin et affirme Damase en tant que vrai pape. De ce conseil une lettre est adressée aux empereurs Valentinien II et Gratien, dans laquelle il est précisé qu’Ursin et ses disciples sont gardés secrètement en raison de leur machination contre Damase.

Lors du concile d’Aquilée en 381 Ambroise de Milan joue un rôle de premier plan dans la déclaration d’Ursin en tant qu’usurpateur. Il adresse une lettre à l’empereur Gratien contre ce dernier. Ambroise y déclare que Damase a été élu par la volonté de Dieu.

Après ces événements Ursin part à Milan [11], où il semble avoir rejoint le courant arianiste, qui lui promet son soutien. Mais Ambroise, évêque de Milan, après avoir informé l’empereur Gratien de ce qui se passait, bannit Ursin d’Italie et le fait enfermer à Cologne [12]. Il n’est rien connu d’Ursin jusqu’à la mort de Damase en décembre 384, quand il s’oppose à l’élection du pape Sirice, premier évêque de Rome à porter le titre de pape. Ursin ne semble pas avoir eu un soutien suffisant pour provoquer d’autres conflits et des troubles à Rome.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Antipope Ursicinus »

Notes

[1] Le concile d’Aquilée s’est réuni en septembre 381 dans la ville d’Aquilée. Le pape Damase Ier étant en lutte contre l’antipape Ursin, ne pu s’y faire représenter. Ce concile condamna les évêques ariens Pallade et Sécondien et demanda à l’empereur Gratien de ne pas croire aux calomnies propagées par Ursinus contre Damase.

[2] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.

[3] Un patricien est durant la période romaine un citoyen qui appartient, par sa naissance, à la classe supérieure ancienne et traditionnelle, et par ce rang détient diverses prérogatives politiques et religieuses. La classe des patriciens se distingue à Rome du reste de la population dite plébéienne.

[4] La plèbe est une partie du peuple romain, c’est-à-dire les citoyens romains, distincts des esclaves. La plèbe ou les plébéiens se définissent par opposition aux patriciens. Dans le langage courant, la plèbe désigne le peuple par opposition aux élites de pouvoir.

[5] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[6] Tivoli

[7] Partisant de Lucifer de Cagliari

[8] Le Tibre est un fleuve italien qui se jette dans la mer Tyrrhénienne. C’est le plus long fleuve d’Italie après le Pô et l’Adige. Il traverse notamment la capitale italienne, Rome, à l’histoire de laquelle il est étroitement lié.

[9] L’archibasilique Saint-Jean-de-Latran est l’une des quatre basiliques majeures de Rome, édifiée sur le mont Latran. Son titre exact est basilique du Très-Saint-Sauveur et des saints Jean Baptiste et Jean l’Évangéliste. Premier édifice monumental chrétien construit en Occident, à partir de 320, elle est l’église cathédrale de l’évêque de Rome, le pape. Tout comme le palais du Latran qui lui est contigu, elle est la propriété du Saint-siège et bénéficie à ce titre du privilège d’extraterritorialité. Elle est considérée comme la « mère » en ancienneté et dignité de toutes les églises de Rome et du monde.

[10] Le Préfet de l’annone, en latin Præfectus annonæ, est un magistrat chargé d’assurer le bon approvisionnement en grains de Rome. Le mot annona, dérivé d’annus, « année », désignait au sens propre la production annuelle (la récolte) de différentes denrées ; il a ensuite désigné le prix variant annuellement de ces denrées, puis le ravitaillement de Rome en tant qu’il était garanti par l’État.

[11] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.

[12] La ville doit son nom de Cologne à l’impératrice romaine Agrippine, épouse de l’empereur Claude, qui éleva son lieu de naissance au rang de colonie en l’an 50, sous le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Les Romains y tenaient une garnison et des axes routiers convergeaient vers un pont de bateaux sur lequel transitait un important commerce avec toutes les régions de la Germanie. En raison de son importance stratégique sur le limes du Rhin et de la présence de l’armée et de la clientèle germanique, l’endroit attira de nombreux marchands et devint un foyer d’artisanat et de commerce. Centre militaire, la ville fut la résidence de l’empereur gaulois Postume de 260 à 268, et le lieu de l’usurpation éphémère de Silvanus en 355. Les Romains introduisirent le christianisme à Cologne, qui devint siège épiscopal à partir du 4ème siècle. Des Francs se sont regroupés au cours de la seconde moitié du 5ème siècle pour fonder un royaume à Cologne, qui est intégré dans le royaume franc de Clovis. À partir du 7ème siècle, ils sont désignés sous le nom de Francs ripuaires.