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Charles IV du Maine

mercredi 14 avril 2021, par ljallamion

Charles IV du Maine (1414-1472)

Comte du Maine de 1434 à 1472-Comte de Guise de 1444 à 1472

Né à Montils-lès-Tours [1], fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon, prince de sang français qui fut notamment le favori de Charles VII de 1433 à 1445.

Il épouse d’abord Cambella Ruffo, fille de Carlo Ruffo, comte de Montaldo, et de Ceccarella Sanseverino. Politiquement proche de sa mère Yolande d’Aragon, Charles d’Anjou participe en 1433 au complot entraînant la chute de Georges de la Trémoille, le tout-puissant favori de Charles VII.

Il entre ensuite au Conseil du roi son beau-frère, et y joue un rôle de premier plan durant de nombreuses années, devenant de fait le nouveau favori royal. Avec sa mère et son frère le roi René, il peuple le gouvernement de conseillers angevins ou proche de ce clan. Parmi les personnalités qui l’entourent, on retrouve Prigent de Coëtivy, Jean de Bueil, le puissant connétable de Richemont et le jeune écuyer angevin Pierre de Brézé, ainsi que certains anciens proches de La Trémoille, tels que Dunois ou le chancelier Renault de Chartres.

À partir de 1437, il participe aux campagnes de Charles VII contre les Anglais, dont il est parfois le maître d’œuvre, prise de Montereau en 1437, prise de Pontoise en 1441, campagne de Normandie en 1449/1450 et campagne de Guyenne en 1453. En 1440, le roi le nomme gouverneur du Languedoc [2].

La même année, Maine doit faire face à la Praguerie [3]. Les principaux meneurs de cette révolte nobiliaire, les ducs jean II d’Alençon et de Charles 1er de Bourbon, exigent en effet son renvoi ainsi que celui du Connétable de Richemont. Mais le pouvoir royal tient bon et les rebelles sont obligés de se soumettre.

Veuf de sa première épouse, il songeait à récupérer la terre de Guise [4] qui appartenait à son père puis à son frère, avant que Jean de Luxembourg se la fasse attribuer et en fasse la conquête en 1425. Il commence par réclamer Guise à Charles VII, qui l’a confisqué à Louis de Luxembourg-Saint-Pol, le neveu de Jean de Luxembourg, et épouse en 1443 Isabelle de Luxembourg-Saint-Pol, la sœur de Louis. Finalement, le roi lui donne Guise en 1444.

Vers 1442-1443, le comte du Maine commence à subir la concurrence de nouveaux conseillers, comme Brézé ou le financier Jacques Cœur. Grâce à ses victoires, Dunois est en mesure de contester sa position de principal ministre. La mort de Yolande d’Aragon en 1442 a en effet fragilisé sa position.

Charles du Maine perd finalement sa prédominance au Conseil en 1445 au profit de Pierre de Brézé et subit avec son frère René la disgrâce royale. La favorite Agnès Sorel, proche de Brézé, n’est sans doute pas étrangère à sa chute. En 1446, il intrigue avec le dauphin Louis pour faire renvoyer Brézé, ce qui ne fait qu’augmenter le ressentiment du roi contre son fils.

Toutefois, il retrouve vers 1455 une place au Conseil, qu’il domine jusqu’à la mort de Charles VII en compagnie de Brézé et de Dunois.

Après la mort de Charles VII, Maine commence par épauler son neveu Louis XI. Il parait s’attacher à ce monarque, qui le charge de régler ses différends avec le duc de Bretagne, mais sa négociation n’aboutit qu’à envenimer la haine des deux partis.

II tient une conduite encore plus équivoque pendant la Ligue du Bien public [5], soit en Normandie, où il néglige de contenir les Bretons du duc François II. Lié par le sang ou l’amitié à plusieurs princes composant la ligue, circonvenu par leurs émissaires, il combat mollement.

Il participe à la bataille de Montlhéry [6] le 16 juillet 1465, où il abandonne le roi et prend la fuite. Néanmoins, Charles, dont la lâcheté ou la perfidie parait devoir être punie du dernier supplice, n’est même pas inquiété dans un premier temps. En septembre, Louis XI, bien que n’étant pas dupe sur sa duplicité, lui confie même la direction des premières négociations menées avec les princes rebelles, en marge du siège de Paris.

En 1466, le comte du Maine subit la disgrâce de Louis XI, après que son neveu le duc de Calabre l’a trahi en remettant au roi son sceau, qui prouve sa trahison à Montlhéry.

Intéressé à ménager le roi René, Louis XI se contente de lui retirer son gouvernement du Languedoc et lui permet de se retirer sur ses terres, à condition de ne plus faire parler de lui. Le comte du Maine obéit et meurt oublié en 1472.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean Favier, La Guerre de Cent ans, Paris, Fayard, 1980, 678 p. (ISBN 2-213-00898-1)

Notes

[1] La seigneurie de Montils-lèz-Tours, qui prendra plus tard le nom de Plessis, devient à partir de 1444 une résidence royale, où le roi Charles VII séjourne à plusieurs reprises. Puis, la demeure est achetée le 15 février 1463 par Louis XI, fils et héritier de Charles VII, pour la somme de 5300 écus, afin d’y bâtir une nouvelle demeure. Précédemment, une forteresse du 11ème siècle y fut érigée, embellie par des travaux voulus notamment par Charles VII. L’aménagement des nouveaux bâtiments et des cachots voulus par Louis XI se déroulera jusqu’en 1470.

[2] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges

[3] La Praguerie est une révolte menée par les grands vassaux de France contre les réformes militaires du roi Charles VII. Le dauphin, futur Louis XI, fait partie des révoltés. La fronde est nommée « praguerie » en allusion à la révolte des Hussites à Prague, au début du 15ème siècle. La révolte naquit du mécontentement diffus des grands seigneurs. L’un des événements précurseurs est le complot de Jean II d’Alençon, Jean IV d’Armagnac et Charles 1er de Bourbon. Celui-ci visait à éliminer 2 conseillers du roi, Charles du Maine et le connétable de Richemont. La conjuration est découverte et n’a pas de suite.

[4] Guise, est une commune française située dans le département de l’Aisne, La terre de Guise est qualifiée de comté à partir du 13ème siècle, elle est érigée en duché-pairie en 1528. Les seigneurs de Guise, comtes puis ducs de Guise, sont issus d’une branche cadette de la maison de Lorraine.

[5] La ligue du Bien public est une révolte de princes, menés par Charles, comte de Charolais et d’autres grands seigneurs, contre l’accroissement des pouvoirs du roi de France Louis XI. Elle s’étend de mars à octobre 1465.

[6] La bataille de Montlhéry (au nord de cette ville et de Longpont) a lieu le 16 juillet 1465, entre Louis XI, roi de France et Charles, comte de Charolais, fils du duc de Bourgogne et membre de la ligue du Bien public. Bataille indécise, elle ne décida pas du sort de la guerre