Avec la disparition de la dynastie carolingienne le gouvernement pontifical avait perdu à Rome son protecteur le plus puissant et les Romains avaient pris en main leurs affaires.
De l’aristocratie locale surgit une famille puissante, les Théophylactes [1], qui s’empara pratiquement à Rome de toutes les affaires gouvernementales, contrôla les nominations au trône pontifical et détint le pouvoir pendant de nombreuses années.
Au début du 10ème siècle la famille fut fondée par Théophylacte, vestararius [2], par sa femme Théodora et par leurs deux filles Marozie et Théodora. Théophylacte portait les titres de consul et de sénateur des Romains. Crescentius l’Ancien appartenait à cette famille, étant fils de Théodora, la fille de Théophylacte.
Selon les archives, il s’ingéra dans les affaires romaines pour la première fois en 974. À la mort du Pape Jean XIII, qui était un frère de Crescentius, l’empereur Otton 1er lui donna comme successeur le cardinal-diacre Benoît, qui prit le nom de Benoît VI.
Les Romains supportaient avec une indignation mal dissimulée l’ingérence constante de l’empereur dans les élections pontificales. Une année environ après la mort d’Otton 1er, alors que son successeur Otton II était retenu dans son pays par des guerres, ils se révoltèrent contre le régime impérial sous la conduite de Crescentius. Le pape Benoît VI fut détrôné, enfermé au château Saint-Ange [3] où il fut étranglé en juillet 974. Le diacre Franco, un Romain, fils de Ferrucius, fut choisi pour lui succéder et prit le nom de Boniface VII en 974.
Les protestations de l’envoyé impérial Sicco, n’eurent aucun succès contre cette manifestation d’aspirations nationales chez les Romains. Bientôt, pourtant, le parti impérial reprit le pouvoir ; l’antipape Boniface VII fut contraint de fuir à Constantinople [4]. Benoît VII, petit-cousin de Crescentius, fut choisi pour le remplacer et Crescentius disparut mais pour peu de temps. Selon toute probabilité il prit une part active à la restauration de Boniface VII en 984.
Après la mort de l’Empereur Otton II en décembre, 983 le parti anti-impérial crut venu le temps de se montrer à nouveau. En avril 984, Boniface VII revint de Constantinople et reprit possession de Rome. Le pape Jean XIV, qui avait été nommé par l’empereur Otton II, fut emprisonné au château Saint-Ange, où il périt après 4 mois environ. Boniface VII gouverna de nouveau jusqu’à sa mort en juillet 985. Son protecteur Crescentius vers la fin de sa vie prit l’habit monacal au monastère Saint-Alexis sur l’Aventin, où il mourut le 7 juillet 984.