Il est considéré comme l’un des plus importants saints du Nord de l’Angleterre tout au long du Moyen Âge.
La carrière de Cuthbert est documentée par trois hagiographies [1] en latin rédigées peu après sa mort. La première est rédigée en prose par un moine de Lindisfarne [2] entre 698 et 705, à la demande de l’évêque Eadfrith . Quelques années plus tard, avant 716, Bède le Vénérable produit à son tour une biographie du saint, en vers cette fois-ci, avant d’en tirer une version en prose avant 721.
Au 12ème siècle, la communauté bénédictine de Durham [3] produit de nouvelles œuvres sur la vie et les œuvres de Cuthbert. Siméon de Durham rédige un “Capitula de miraculis”, tandis que Reginald de Durham produit le “Libellus de admirandis beati Cuthberti virtutibus quae novellis patratae sunt temporibus,” ainsi que peut-être le “Libellus de ortu sancti Cuthberti”.
Cuthbert est originaire de Northumbrie [4], peut-être de la région du Lothian [5]. Il entre dans les ordres en 651, inspiré par une vision : alors qu’il gardait des moutons, il aurait vu l’âme d’Aidan de Lindisfarne s’élever aux cieux. Son occupation pourrait laisser penser qu’il était d’extraction modeste, mais d’autres indices suggèrent plutôt une origine aristocratique. Ainsi, lorsqu’il se rend à l’abbaye de Melrose [6] pour se faire moine, c’est à dos de cheval, armé d’une lance et accompagné d’un serviteur. Sa première hagiographie mentionne également en passant une carrière militaire, ce qui implique également une origine noble.
À Melrose, Cuthbert reçoit l’enseignement du prieur Boisil. Vers la fin de la décennie, il participe à la fondation de l’abbaye de Ripon [7] avec Eata de Hexham , mais la communauté de Ripon est chassée par Wilfrid quelques années plus tard et ils retournent donc à Melrose, où Cuthbert succède à Boisil comme prieur à sa mort, en 664. Quelque temps plus tard, dans les années 670, Eata invite Cuthbert à le rejoindre à Lindisfarne, où il devient prieur et joue un rôle important dans l’introduction du rite romain, qui supplante les anciennes coutumes celtiques.
En 676, Cuthbert quitte Lindisfarne pour vivre en ermite sur l’îlot rocheux d’Inner Farne [8]. Entouré d’animaux et d’oiseaux, il mène une vie d’ascète [9], priant dans l’eau glacée de la mer. Cette période prend fin en 684, lorsque Cuthbert est élu pour succéder à Tunberht , l’évêque de Hexham [10]. Il procède à un échange avec Eata, qui devient évêque de Hexham tandis que lui-même obtient le siège de Lindisfarne. Il est sacré le 26 mars 685.
Durant son épiscopat, Cuthbert se consacre à des activités pastorales et conserve un mode de vie ascétique. Il est également proche de la famille royale de Northumbrie, notamment de la princesse AElfflæd elle-même religieuse et le roi Ecgfrith. En mai 685, il se trouve en compagnie de la reine lorsque son mari est tué à la bataille de Nechtansmere [11]. Au début de l’année 687, sentant sa propre mort approcher, Cuthbert retourne dans son ermitage des îles Farne, où il meurt le 20 mars.
Bien que Cuthbert ait souhaité être inhumé sur son îlot, son corps est ramené à Lindisfarne pour y être enterré dans l’église abbatiale.
Le culte de Cuthbert survit à la conquête normande de l’Angleterre, et la cathédrale de Durham [12] reste un lieu de pèlerinage populaire tout au long du Moyen Âge. D’après Reginald de Durham, il fait partie des trois saints les plus populaires d’Angleterre, avec Edmond le Martyr et Etheldrède d’Ély .