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Christian II de Danemark

mercredi 26 août 2020, par ljallamion

Christian II de Danemark (1481-1559)

Roi de Danemark et de Norvège de 1513 à 1523-Roi de Suède de 1520 à 1521 sous l’Union de Kalmar

Né au château de Nyborg [1]. Fils du roi Jean 1er et de Christine de Saxe, il succède à son père comme roi de Danemark et de Norvège. Son successeur est son oncle Frédéric 1er .

Comme vice-roi de Norvège de 1506 à 1512, il montre déjà une capacité singulière à gouverner, dans des circonstances particulièrement difficiles, grâce à de véritables qualités, malheureusement contrebalancées par de réels défauts.

Une autre particularité, plus fatale pour lui dans cette époque aristocratique qu’une autre, est son penchant pour le peuple ordinaire qui s’accentue avec sa passion pour une belle fille hollandaise nommée Dyveke Sigbritsdatter , sa maîtresse en 1507 ou 1509.

Son accès au trône est confirmé au Herredag [2], réuni à Copenhague [3] en 1513. Les nobles et le clergé des trois royaumes s’inquiètent d’un souverain ayant déjà montré en Norvège qu’il n’a pas peur d’appliquer son autorité au plus haut point.

Les conseils privés du Danemark et de Norvège ou Rigsraad insistent dans le Haandfæstning [4] pour que les couronnes des deux royaumes soient électives et non héréditaires, interdisent explicitement toute transgression de la charte par le roi et se réservent expressément le libre choix du successeur de Christian à sa mort. Mais les délégués suédois refusent d’accepter Christian comme roi.

Le 12 août 1515, Christian épouse Isabelle d’Autriche , la petite fille de l’Empereur Maximilien 1er. Le couple aura six enfants.

Christian II ne renonce pas pour autant à sa liaison avec Dyveke. Seule la mort de cette malheureuse en 1517, dans des circonstances suspectes, évite de sérieuses complications avec l’empereur Charles Quint.

Christian se venge lui-même en exécutant le riche Torben Oxe, très probable meurtrier de Dyveke, malgré le soutien apporté à Oxe par ses pairs. Le roi ne perd aucune occasion de réduire la noblesse et promouvoir les sujets ordinaires.

Son conseiller principal est la mère de Dyveke, Sigbrit, administratrice née et génie commercial de premier ordre. Christian la nomme d’abord contrôleuse du péage d’Öresund, et finalement ministre des finances. Son origine bourgeoise explique sa politique permanente pour développer l’influence de la classe moyenne, en concurrence avec le Rigsraad.

Les patriciens détestent évidemment cette concurrence, et attribuent toutes les mesures impopulaires à l’influence de la sorcière danoise qui a envoûté le roi.

Cependant Christian prépare la guerre inévitable contre la Suède où le parti patriotique, mené par le vice-roi élu librement Sten Sture le Jeune , s’oppose au parti pro-danois de l’archevêque Gustave Trolle .

Christian, qui a déjà pris des mesures pour isoler la Suède politiquement, précipite les événements au soulagement de l’archevêque, assiégé dans sa forteresse de Stake, mais il est défait par Sture et ses levées de paysans à Vedila et forcé de retourner au Danemark. Une seconde tentative de maîtriser la Suède, en 1518, est également empêchée par la victoire de Sture à Brännkyrka. Le troisième essai, en 1520, avec une grande armée de mercenaires français, allemands et écossais est un succès.

Sture est blessé mortellement à la bataille de Bogesund [5] le 19 janvier et l’armée danoise, sans opposition, approche Uppsala [6] où les membres du Riksråd* [7], sont déjà assemblés. Les conseillers consentent à rendre hommage à Christian, à la condition qu’il verse une indemnité complète pour le passé et garantisse de laisser la Suède se gouverner suivant les lois et coutumes suédoises. Une convention à cet effet est confirmée par les parties le 31 mars.

La veuve de Sture, Dame Christine Gyllenstierna , tient encore bien Stockholm [8], et la paysannerie du centre de la Suède, soulevée par son patriotisme, prend les armes et défait les envahisseurs danois, le 19 mars à Balundsås, battus difficilement à la bataille sanglante d’Uppsala le 6 avril 1520.

En mai de la même année, la flotte danoise arrive et Stockholm est investi par terre et mer ; mais Dame Gyllenstierna résiste vaillamment 4 mois de plus et prend soin, quand elle se rend le 7 septembre, d’obtenir une amnistie totale. Le 1er novembre, les représentants de la nation jurent loyauté à Christian comme monarque héréditaire de Suède bien que les lois prévoient que la transmission de la couronne se fasse par une élection.

Le 4 novembre, il est sacré par Gustave Trolle dans la cathédrale de Stockholm, et pour prendre le pouvoir, il fait le serment habituel, en principe réservé aux Suédois de naissance. Les trois jours suivants sont consacrés à des banquets, mais une fête d’un autre genre survient. Dans la soirée, Christian fait rassembler ses capitaines pour une conférence privée au palais. Le résultat est qu’une bande de soldats danois, avec des lanternes et des torches, surgit dans le grand hall et s’empare d’un bon nombre de personnes sélectionnées.

Ensuite, les autres invités sont placés dans des cachots. Toutes ces personnes ont été désignées par une liste de l’archevêque Gustave Trolle. Le lendemain un conseil, présidé par Trolle, prononce solennellement un jugement de mort sur ces prisonniers comme hérétiques évidents.

À minuit, cette nuit-là, les évêques patriotiques de Skara [9] et Strängnäs [10] sont emmenés dans le grand parc et décapités.

14 nobles, 3 maires, 4 conseillers municipaux et 20 citoyens ordinaires sont noyés puis décapités. Les exécutions continuent le jour suivant. En tout, 88 personnes sont tuées.

Christian se venge aussi sur les morts. Ainsi, la dépouille de Sten Sture est exhumée et brûlée, ainsi que celle de son jeune fils. Dame Christina et plusieurs femmes suédoises nobles sont déportées comme prisonnières au Danemark. En Suède Christian est désormais qualifié de tyran.

Christian fait taire ses opposants politiques sous le prétexte de défendre un système ecclésiastique qu’en fait il déteste. Même quand il devient nécessaire de faire des excuses pour son crime, il fait preuve de la même duplicité. Dans une proclamation au peuple suédois, il présente le massacre comme une mesure nécessaire pour éviter une interdiction papale.

Le cerveau bouillonnant de grand projets, Christian revient dans son royaume natal, soucieux du "bien-être" de ses possessions. Aussi inhumain qu’il soit lorsqu’il est en colère, il est tout autant un humaniste que ses contemporains les plus éclairés. Mais, il agit à sa manière et se méfie profondément des nobles danois avec lesquels il partage ses pouvoirs. Il cherche un appui parmi les riches et la classe moyenne des Flandres.

En juin 1521, il fait une visite soudaine aux Pays-Bas [11] et y demeure quelques mois. Il visite la plupart des grandes villes, prend à son service plusieurs artisans flamands et fait la connaissance personnelle de Quentin Matsys et Albrecht Dürer qui fait son portrait. Christian discute aussi avec Érasme de la réforme avec son expression habituelle.

En août, moins d’un an après son accession au trône de Suède, Christian est évincé par le chef des rebelles suédois, Gustave 1er Vasa .

Lors de son retour au Danemark le 5 septembre 1521, le roi Christian semble plus que jamais au maximum de sa puissance. Confiant dans sa force, il commence brutalement par les plus fortes réformes. Bientôt, il édicte le grand Landelove [12] et témoignant des visées égalitaristes du roi. L’éducation est généralisée et le haut clergé perd de son influence politique. Des peines sévères sont prévues contre les naufrageurs et ceux qui mettent les paysans en esclavage. Les corporations sont maintenues mais les règles d’admission sont assouplies. Les accords commerciaux favorisant les riches bourgeois au détriment des vendeurs plus petits sont interdits.

Malheureusement, ces réformes supposent l’action d’un monarque de droit divin et non d’un meneur élu. Certaines sont même en contravention directe avec la charte, et, le vieil esprit scandinave d’indépendance est profondément blessé par la préférence donné aux Hollandais.

La Suède est désormais en révolte ouverte. La Norvège et le Danemark sont lourdement taxés afin de recruter une armée pour mater le royaume frère. Des complications avec l’étranger s’ajoutent à ces troubles. Dans le but de libérer le commerce danois de la dépendance envers la ligue hanséatique [13], et de faire de Copenhague le grand marché du nord, Christian augmente arbitrairement les péages du détroit et saisit plusieurs vaisseaux hollandais qu’il soupçonne de ne pas payer la taxe.

Aussi ses relations avec les Pays-Bas sont ternies et Lübeck [14] et ses alliés sont ouvertement en guerre. Finalement, le Jutland [15] se soulève et, le 20 janvier 1523, offre le trône danois à Frédéric. Christian se sent incapable de surmonter tous ces problèmes et prend la mer pour chercher de l’aide à l’étranger. Le 1er mai 1523, il débarque à Veere en Zélande.

Huit années plus tard, soit le 24 octobre 1531, il essaie de reprendre ses royaumes et d’imposer son fils comme héritier du trône de Norvège, mais une tempête disperse sa flotte au large de la côte norvégienne. Le 1er juillet 1532, par la convention d’Oslo, il se rend à son rival le roi Frédéric. Son fils, appelé à la cour de son oncle l’empereur Charles Quint, meurt peu après à l’âge de 14 ans.

Les 27 années suivantes, il vit en résidence forcée, d’abord dans la tour bleue à Copenhague, puis au château de Sønderborg [16].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Christian II de Danemark/ Portail de la Suède/ Portail de la Norvège/ Portail du Danemark/ Catégories : Roi de Danemark/ Roi de Norvège/ Roi de Suède

Notes

[1] Union de Kalmar

[2] assemblée des notables des trois royaumes nordiques

[3] Copenhague est la capitale et la plus grande ville du Danemark. Fondée au 10ème siècle par les Vikings, Copenhague est à l’origine un village de pêcheurs, fortifié en 1167. La ville devient la capitale du Royaume de Danemark dès le début du 15ème siècle. Au cours du 17ème siècle, sous le règne du roi Christian IV, elle devient une des plus grandes villes d’Europe du Nord, renforçant son statut de capitale.

[4] c’est-à-dire la charte extorquée du roi

[5] La bataille de Bogesund, également désignée sous le nom de bataille du lac d’Åsunden, se déroule le 19 janvier 1520 entre les mercenaires du roi de Danemark Christian II et une armée suédoise composée de chevaliers et de paysans, menée par Sten Sture le Jeune, régent de Suède et partisan de l’indépendance de ce pays alors membre de l’Union de Kalmar. L’armée suédoise subit une défaite et son commandant meurt de ses blessures quelques jours plus tard.

[6] Uppsala, en français Upsal, est une ville de Suède située à 70 kilomètres au nord de Stockholm, en Uppland, célèbre pour sa prestigieuse université, la plus ancienne de Scandinavie.

[7] conseil privé de Suède

[8] Stockholm est la capitale et la plus grande ville de Suède. Elle est le siège du gouvernement et du parlement suédois ainsi que le lieu de résidence officiel du roi. Située au bord de la mer Baltique, la ville est construite en partie sur plusieurs îles, à l’embouchure du lac Mälar, ce qui lui a valu, à l’instar d’autres cités européennes, son surnom de « Venise du Nord » Au 17ème siècle, Stockholm devient une ville européenne d’envergure. Entre 1610 et 1680, sa population est multipliée par six. Ladugårdslandet, maintenant appelé Östermalm ainsi que l’île de Kungsholmen sont alors rattachés à la ville. En 1628, le Vasa coule dans Stockholm. Peu après, sont instaurées des règles qui donnent à celle ci un monopole sur les échanges entre les négociants étrangers et les territoires scandinaves. À cette époque, sont bâtis nombre de châteaux et de palais, dont la maison de la noblesse (riddarhuset) et au 18ème siècle le palais royal.

[9] Skara, dans le comté de Västra Götaland, est une des plus anciennes villes de Suède et est le centre historique la province de Västergötland.

[10] Strängnäs est une ville de Suède, chef-lieu de la commune de Strängnäs dans le comté de Södermanland.

[11] Les Pays-Bas des Habsbourg sont constitués de l’ensemble des seigneuries et principautés des Pays-Bas placées sous la souveraineté de la dynastie des Habsbourg du 15ème au 18ème siècle. La majeure partie de ces territoires avait été réunie par les ducs de Bourgogne de la maison de Valois au sein des Pays-Bas bourguignons.

[12] ou code des lois, basé pour la plus grande partie sur les modèles hollandais

[13] La Hanse, Ligue hanséatique, Hanse germanique ou Hanse teutonique était l’association des villes marchandes de l’Europe du Nord autour de la mer du Nord et de la mer Baltique. Cette Hanse se distinguait des autres hanses en ce que son commerce reposait sur des privilèges jalousement défendus qui leur avaient été octroyés par divers souverains européens. Pendant 3 siècles, cette Hanse en particulier, et à moindre degré les hanses par extension, eurent un rôle dominant au niveau commercial, puis politique, en Europe. Actives du 12ème au 17ème siècle, leur déclin et quasi-disparition ont été achevés en 1648 avec les traités de Westphalie signant la fin de la guerre de Trente Ans et de la guerre de Quatre-Vingts Ans. La croissance de la ligue hanséatique a lieu dans un monde où colonisation et évangélisation vont de pair. Elle est particulièrement liée à la montée de l’ordre des Chevaliers teutoniques, au prosélytisme catholique servant de façade aux jeux de pouvoir mondiaux de l’époque.

[14] Lübeck est une ville hanséatique d’Allemagne du Nord, dans le Land de Schleswig-Holstein. Ce port de la mer Baltique est également surnommé « la reine de la Hanse » : c’était en effet la capitale de la Ligue hanséatique. En 1160, Lübeck obtint la Soester Stadtrecht. Cette époque est aujourd’hui considérée par les historiens comme le commencement de la Hanse des marchands (au contraire de la Hanse des villes). L’argument principal justifiant cette position consiste dans le privilège de Artlenburg en 1161, dans lequel les commerçants de Lübeck devinrent égaux en droit avec les, jusque-là dominants, commerçants goths pour le commerce sur la mer Baltique. À cette époque commença avec la Chronica Slavorum sous Helmold von Bosau et son successeur Arnold von Lübeck le témoignage détaillé sur les événements concernant les tribus slaves du nord-ouest. En 1182, l’empereur Frédéric Barberousse donna un fief à Lübeck au duc Bogislav 1er avec le duché de Poméranie. Le privilège de Barberousse en 1188 dota Lübeck d’un territoire et de nouvelles possibilités commerciales.

[15] Le Jutland, est la péninsule formant la partie continentale du Danemark.

[16] Sønderborg est une ville danoise dans l’ancien Amt (département) du Sud Jutland. Une partie de la ville se trouve sur l’île d’Als, l’autre sur le continent (Jutland), les deux étant reliées par un pont. Ce port de la mer Baltique est particulièrement bien abrité.