Né au château de Nyborg [1]. Fils du roi Jean 1er et de Christine de Saxe, il succède à son père comme roi de Danemark et de Norvège. Son successeur est son oncle Frédéric 1er .
Comme vice-roi de Norvège de 1506 à 1512, il montre déjà une capacité singulière à gouverner, dans des circonstances particulièrement difficiles, grâce à de véritables qualités, malheureusement contrebalancées par de réels défauts.
Une autre particularité, plus fatale pour lui dans cette époque aristocratique qu’une autre, est son penchant pour le peuple ordinaire qui s’accentue avec sa passion pour une belle fille hollandaise nommée Dyveke Sigbritsdatter , sa maîtresse en 1507 ou 1509.
Son accès au trône est confirmé au Herredag [2], réuni à Copenhague [3] en 1513. Les nobles et le clergé des trois royaumes s’inquiètent d’un souverain ayant déjà montré en Norvège qu’il n’a pas peur d’appliquer son autorité au plus haut point.
Les conseils privés du Danemark et de Norvège ou Rigsraad insistent dans le Haandfæstning [4] pour que les couronnes des deux royaumes soient électives et non héréditaires, interdisent explicitement toute transgression de la charte par le roi et se réservent expressément le libre choix du successeur de Christian à sa mort. Mais les délégués suédois refusent d’accepter Christian comme roi.
Le 12 août 1515, Christian épouse Isabelle d’Autriche , la petite fille de l’Empereur Maximilien 1er. Le couple aura six enfants.
Christian II ne renonce pas pour autant à sa liaison avec Dyveke. Seule la mort de cette malheureuse en 1517, dans des circonstances suspectes, évite de sérieuses complications avec l’empereur Charles Quint.
Christian se venge lui-même en exécutant le riche Torben Oxe, très probable meurtrier de Dyveke, malgré le soutien apporté à Oxe par ses pairs. Le roi ne perd aucune occasion de réduire la noblesse et promouvoir les sujets ordinaires.
Son conseiller principal est la mère de Dyveke, Sigbrit, administratrice née et génie commercial de premier ordre. Christian la nomme d’abord contrôleuse du péage d’Öresund, et finalement ministre des finances. Son origine bourgeoise explique sa politique permanente pour développer l’influence de la classe moyenne, en concurrence avec le Rigsraad.
Les patriciens détestent évidemment cette concurrence, et attribuent toutes les mesures impopulaires à l’influence de la sorcière danoise qui a envoûté le roi.
Cependant Christian prépare la guerre inévitable contre la Suède où le parti patriotique, mené par le vice-roi élu librement Sten Sture le Jeune , s’oppose au parti pro-danois de l’archevêque Gustave Trolle .
Christian, qui a déjà pris des mesures pour isoler la Suède politiquement, précipite les événements au soulagement de l’archevêque, assiégé dans sa forteresse de Stake, mais il est défait par Sture et ses levées de paysans à Vedila et forcé de retourner au Danemark. Une seconde tentative de maîtriser la Suède, en 1518, est également empêchée par la victoire de Sture à Brännkyrka. Le troisième essai, en 1520, avec une grande armée de mercenaires français, allemands et écossais est un succès.
Sture est blessé mortellement à la bataille de Bogesund [5] le 19 janvier et l’armée danoise, sans opposition, approche Uppsala [6] où les membres du Riksråd* [7], sont déjà assemblés. Les conseillers consentent à rendre hommage à Christian, à la condition qu’il verse une indemnité complète pour le passé et garantisse de laisser la Suède se gouverner suivant les lois et coutumes suédoises. Une convention à cet effet est confirmée par les parties le 31 mars.
La veuve de Sture, Dame Christine Gyllenstierna , tient encore bien Stockholm [8], et la paysannerie du centre de la Suède, soulevée par son patriotisme, prend les armes et défait les envahisseurs danois, le 19 mars à Balundsås, battus difficilement à la bataille sanglante d’Uppsala le 6 avril 1520.
En mai de la même année, la flotte danoise arrive et Stockholm est investi par terre et mer ; mais Dame Gyllenstierna résiste vaillamment 4 mois de plus et prend soin, quand elle se rend le 7 septembre, d’obtenir une amnistie totale. Le 1er novembre, les représentants de la nation jurent loyauté à Christian comme monarque héréditaire de Suède bien que les lois prévoient que la transmission de la couronne se fasse par une élection.
Le 4 novembre, il est sacré par Gustave Trolle dans la cathédrale de Stockholm, et pour prendre le pouvoir, il fait le serment habituel, en principe réservé aux Suédois de naissance. Les trois jours suivants sont consacrés à des banquets, mais une fête d’un autre genre survient. Dans la soirée, Christian fait rassembler ses capitaines pour une conférence privée au palais. Le résultat est qu’une bande de soldats danois, avec des lanternes et des torches, surgit dans le grand hall et s’empare d’un bon nombre de personnes sélectionnées.
Ensuite, les autres invités sont placés dans des cachots. Toutes ces personnes ont été désignées par une liste de l’archevêque Gustave Trolle. Le lendemain un conseil, présidé par Trolle, prononce solennellement un jugement de mort sur ces prisonniers comme hérétiques évidents.
À minuit, cette nuit-là, les évêques patriotiques de Skara [9] et Strängnäs [10] sont emmenés dans le grand parc et décapités.
14 nobles, 3 maires, 4 conseillers municipaux et 20 citoyens ordinaires sont noyés puis décapités. Les exécutions continuent le jour suivant. En tout, 88 personnes sont tuées.
Christian se venge aussi sur les morts. Ainsi, la dépouille de Sten Sture est exhumée et brûlée, ainsi que celle de son jeune fils. Dame Christina et plusieurs femmes suédoises nobles sont déportées comme prisonnières au Danemark. En Suède Christian est désormais qualifié de tyran.
Christian fait taire ses opposants politiques sous le prétexte de défendre un système ecclésiastique qu’en fait il déteste. Même quand il devient nécessaire de faire des excuses pour son crime, il fait preuve de la même duplicité. Dans une proclamation au peuple suédois, il présente le massacre comme une mesure nécessaire pour éviter une interdiction papale.
Le cerveau bouillonnant de grand projets, Christian revient dans son royaume natal, soucieux du "bien-être" de ses possessions. Aussi inhumain qu’il soit lorsqu’il est en colère, il est tout autant un humaniste que ses contemporains les plus éclairés. Mais, il agit à sa manière et se méfie profondément des nobles danois avec lesquels il partage ses pouvoirs. Il cherche un appui parmi les riches et la classe moyenne des Flandres.
En juin 1521, il fait une visite soudaine aux Pays-Bas [11] et y demeure quelques mois. Il visite la plupart des grandes villes, prend à son service plusieurs artisans flamands et fait la connaissance personnelle de Quentin Matsys et Albrecht Dürer qui fait son portrait. Christian discute aussi avec Érasme de la réforme avec son expression habituelle.
En août, moins d’un an après son accession au trône de Suède, Christian est évincé par le chef des rebelles suédois, Gustave 1er Vasa .
Lors de son retour au Danemark le 5 septembre 1521, le roi Christian semble plus que jamais au maximum de sa puissance. Confiant dans sa force, il commence brutalement par les plus fortes réformes. Bientôt, il édicte le grand Landelove [12] et témoignant des visées égalitaristes du roi. L’éducation est généralisée et le haut clergé perd de son influence politique. Des peines sévères sont prévues contre les naufrageurs et ceux qui mettent les paysans en esclavage. Les corporations sont maintenues mais les règles d’admission sont assouplies. Les accords commerciaux favorisant les riches bourgeois au détriment des vendeurs plus petits sont interdits.
Malheureusement, ces réformes supposent l’action d’un monarque de droit divin et non d’un meneur élu. Certaines sont même en contravention directe avec la charte, et, le vieil esprit scandinave d’indépendance est profondément blessé par la préférence donné aux Hollandais.
La Suède est désormais en révolte ouverte. La Norvège et le Danemark sont lourdement taxés afin de recruter une armée pour mater le royaume frère. Des complications avec l’étranger s’ajoutent à ces troubles. Dans le but de libérer le commerce danois de la dépendance envers la ligue hanséatique [13], et de faire de Copenhague le grand marché du nord, Christian augmente arbitrairement les péages du détroit et saisit plusieurs vaisseaux hollandais qu’il soupçonne de ne pas payer la taxe.
Aussi ses relations avec les Pays-Bas sont ternies et Lübeck [14] et ses alliés sont ouvertement en guerre. Finalement, le Jutland [15] se soulève et, le 20 janvier 1523, offre le trône danois à Frédéric. Christian se sent incapable de surmonter tous ces problèmes et prend la mer pour chercher de l’aide à l’étranger. Le 1er mai 1523, il débarque à Veere en Zélande.
Huit années plus tard, soit le 24 octobre 1531, il essaie de reprendre ses royaumes et d’imposer son fils comme héritier du trône de Norvège, mais une tempête disperse sa flotte au large de la côte norvégienne. Le 1er juillet 1532, par la convention d’Oslo, il se rend à son rival le roi Frédéric. Son fils, appelé à la cour de son oncle l’empereur Charles Quint, meurt peu après à l’âge de 14 ans.
Les 27 années suivantes, il vit en résidence forcée, d’abord dans la tour bleue à Copenhague, puis au château de Sønderborg [16].