Cousin éloigné de Mahomet, il fut longtemps un de ses adversaires les plus résolus. Il est le petit-fils de Umayya et le père du premier calife omeyyade [1] Mu`âwîya.
Abû Sufyân ibn Harb était chef de la Mecque [2], carrefour commercial de toute l’Arabie, lorsque Mahomet commença à répandre le message de l’islam. Les Quraychites [3] tentèrent immédiatement d’étouffer ce message car il répandait l’idée selon laquelle les hommes devaient adorer une unique divinité, sont égaux devant Dieu et qu’aucun ne peut en gouverner librement un autre : une idée d’autant plus insupportable pour les Quraychites que cela remettait en cause la supériorité de leur clan et l’ordre social établi à l’époque à la Mecque. C’est une des raisons qui poussèrent les chefs de la Mecque, dont Abû Sufyân, à persécuter les Musulmans.
Les disciples de la nouvelle religion furent finalement contraints à l’exil [4] vers Médine [5] en 622. Peu de temps après, Abû Sufyân décida de confisquer tous les biens que les Musulmans avaient laissés à la Mecque afin de les revendre à Damas.
Les Musulmans contre-attaquèrent et firent le choix de récupérer leurs biens en pillant la caravane qui faisait déjà route vers Damas, dirigée par Abû Sufyân. Néanmoins, ce dernier fut tenu au courant de l’attaque imminente des Musulmans, et lorsque les autres chefs de la Mecque l’informèrent qu’ils viendraient le secourir, il valida ce plan... sans accepter toutefois de se joindre à la bataille.
La bataille qui suivit fut appelée bataille de Badr [6] en 624. Ce fut une victoire pour les Musulmans contre les Mecquois et de nombreux chefs quraychites y trouvèrent la mort.
Abû Sufyân se retrouva pratiquement seul à diriger la Mecque et à lutter contre Mahomet et ses partisans. Sa femme, Hind, qui avait à la fois perdu son père Utba ibn Rabia, son frère Walid ibn Utba et son oncle Chayba ibn Rabî’a durant la bataille, lui reprocha farouchement de ne pas avoir participé à la bataille.
L’an suivant, Abû Sufyân décida de prendre sa revanche lors de la bataille de Uhud [7] aux portes de Médine. Ce fut une victoire in extremis pour les mecquois qui ont vu le vent tourner en leur faveur lorsque les archers musulmans, assurant la couverture des fantassins et cavaliers musulmans, ont quitté leur poste pour récupérer le butin de guerre alors que les mecquois venaient juste de se retirer du champ de bataille.
En l’an cinq de l’hégire, les Juifs décidèrent de prendre une revanche et demandèrent à Abû Sufyân de donner enfin l’assaut à Médine. Celui-ci avait entre temps réuni plusieurs tribus pour l’aider à combattre l’Islam, comme les Ghatafâne et les Kinânâ. Mahomet, sur le conseil d’un de ses compagnons appelé Salman al farissi c’est-à-dire Salman le Persan, fit creuser un fossé autour du camp où se retranchèrent les Musulmans pour arrêter les assaillants à la Bataille de Handaq ou d’Ahzab [8]. Une tempête de sable obligea ceux-ci à se replier à La Mecque.
En 628, Mahomet décida de profiter de sa récente victoire pour faire le pèlerinage à La Mecque. Il fut arrêté aux portes de la ville, mais au lieu d’attaquer il accepta un traité de non-agression avec les Mecquois : le traité de Hudaybiya.
Peu après, Mahomet épousa la fille d’Abû Sufyân, Umm Habîba, qui s’était convertie à l’Islam. Abû Sufyân se convertit à l’Islam lors de la Prise de la Mecque en 630.