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Palladios ou Pallade de Galatie

jeudi 6 juin 2019

Palladios ou Pallade de Galatie (363/364-vers 430)

Écrivain religieux chrétien-Évêque d’Hélénopolis de Bithynie entre 400 et 406-Évêque d’Aspuna en Galatie de 417 à sa mort

Né en Galatie [1], il adhéra à une communauté religieuse à Jérusalem sous la direction d’un prêtre nommé Innocent. En 390, il se rendit en Égypte pour connaître les anachorètes [2] chrétiens qui faisait la réputation de ce pays. Il y rencontra Didyme l’Aveugle , qui avait connu saint Antoine. Il fit aussi la connaissance, sur le site monastique des Kellia, d’Évagre le Pontique. Il voyagea aussi alors jusqu’en Thébaïde [3].

Après la mort d’Évagre en 399, il regagna l’Asie Mineure [4], et en 400 il fut consacré évêque d’Hélénopolis [5], en Bithynie [6], par Jean Chrysostome. Il soutint ensuite pleinement celui-ci contre ses nombreux ennemis, et notamment contre Théophile d’Alexandrie.

Il fut lui-même accusé d’origénisme [7] par les partisans de Théophile. Après la déposition de Jean Chrysostome en 403, il se rendit à Rome auprès du pape Innocent 1er pour obtenir son soutien dans le conflit en 405. À son retour à Constantinople, il fut emprisonné, déposé de son siège épiscopal, et finalement exilé à Syène [8], en Haute Égypte [9]. Il resta jusqu’en 412 dans cette région, et fit même apparemment un voyage en Inde en compagnie de Moïse, évêque d’Adoulis [10].

Après la mort de Théophile d’Alexandrie en 412, il put rentrer dans son pays natal. En 417, il fut investi d’un autre évêché, Aspuna, en Galatie. On sait simplement ensuite qu’il était déjà mort en 431, car cette année-là au concile d’Éphèse un certain Eusèbe était évêque d’Aspuna.

Il est l’auteur de “l’Histoire lausiaque”, nommée d’après son destinataire, Lausos, chambellan de l’empereur Théodose II : cette histoire du monachisme égyptien, rédigée vers 418/419, allie la tradition biographique aux “Apophtegmata Patrum”.

Il composa également vers 408 des Dialogues sur la vie de saint Jean Chrysostome racontant les péripéties du conflit qui entraîna la déposition de Jean Chrysostome de son siège d’évêque de Constantinople. On lui attribue enfin un traité Sur les peuples de l’Inde et les Brahmanes [11].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, vol. 3, New York et Oxford, Oxford University Press, 1991, 1e éd., 3 vol. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)

Notes

[1] La Galatie est une région historique d’Anatolie (autour de l’actuelle Ankara), dont le nom vient d’un peuple celte (les Galates) qui y a migré dans l’Antiquité, aux alentours de 279 av. jc. Géographiquement, elle est délimitée par le royaume du Pont et la Paphlagonie au nord, la Cappadoce à l’est, le royaume de Pergame au sud et la Bithynie à l’ouest.

[2] L’ermite ou l’anachorète est une personne (le plus souvent un moine) qui a fait le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Les ermites étaient à l’origine appelés anachorètes, l’anachorétisme (ou érémitisme) étant l’opposé du cénobitisme. L’ermite partage le plus souvent sa vie entre la prière, la méditation, l’ascèse et le travail. Dans l’isolement volontaire, il est à la recherche ou à l’écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels.

[3] La Thébaïde, était une région méridionale de l’Égypte antique. Son nom provient de sa capitale Thèbes. On comprend sous cette appellation, tantôt seulement les sept nomes de la Haute-Égypte (Tentyra, Coptos, Thèbes, Hermonthis, Latopolis, Apollinopolis Magna, Ombos), tantôt les huit qui forment la partie sud de la Moyenne-Égypte (Diospolis Parva, Abydos, This, Chemmis, Aphroditopolis, Antaeopolis, Hypselis, Lycopolis), ainsi que la Grande Oasis, qui sous les Romains formait aussi un nome. Sous les Ptolémées, la Thébaïde forma un district administratif dirigé par l’Épistratège de Thèbes, qui avait également la responsabilité de la navigation sur la mer Rouge et l’océan Indien. Sous l’Empire romain, Dioclétien créa la province de Thébaïde, contrôlées par les légions. Elle fut ultérieurement divisée en Thébaïde supérieure pour la moitié méridionale avec Thèbes pour chef-lieu, et Thébaïde inférieure pour la moitié septentrionale avec pour chef-lieu Ptolémaïs. La partie habitée de la Thébaïde était entourée à l’est et à l’ouest de déserts dans lesquels se retirèrent les premiers ermites et anachorètes chrétiens, comme saint Macaire, saint Pacôme, saint Antoine l’Ermite ; cela explique le sens de « lieu isolé et sauvage », servant de retraite, que le mot a pris en français dans la langue littéraire.

[4] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[5] Hélénopolis ou Drépanum était une ville romaine et byzantine située dans la province de Bithynie en Asie Mineure. Elle a été identifiée avec le village moderne de Hersek, dans le district de la province de Yalova dans la région de Marmara en Turquie.

[6] La Bithynie est un ancien royaume au nord-ouest de l’Asie Mineure, actuellement situé en Turquie. Située au bord du Pont-Euxin, elle était limitée par la Paphlagonie à l’est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l’ouest. Les Bithyniens sont, selon Hérodote et Xénophon, d’origine thrace. Ils forment d’abord un État indépendant avant d’être annexés par Crésus, qui ajoute leur territoire à la Lydie. Ils passent ensuite sous domination perse, où la Bithynie est incluse dans la satrapie de Phrygie. Mais dès avant Alexandre le Grand, la Bithynie retrouve son indépendance. Nicomède 1er est le premier à se proclamer roi. Durant son long règne de 278 à 243av jc, le royaume connaît la prospérité et jouit d’une position respectée parmi les petits royaumes d’Asie Mineure. Cependant, le dernier roi, Nicomède IV, échoue à contenir le roi Mithridate VI du Pont. Restauré sur le trône par l’Empire romain, il lègue par testament son royaume à Rome en 74 av jc. La Bithynie devient alors province romaine. Sous Auguste elle devient province sénatoriale en 27av jc puis province impériale en 135.

[7] Disciple d’Origène

[8] Assouan ou Syène est une ville d’Égypte située à environ 843 km au sud du Caire, sur la rive droite du Nil, près de la première cataracte. Faisant naguère partie de la Haute Égypte, dans le premier nome, celui du « Pays de l’arc » (ou du « Pays de Nubie » - tA-sty), son nom en égyptien ancien était Souenet (ou Swenet ou Souentet) qui signifie « Commerce ».

[9] La Haute-Égypte est la partie sud de l’actuelle Égypte. De tout temps, le Nil ayant été l’axe de préoccupation principal des Égyptiens, c’est donc à lui que fait référence le qualificatif haut. Le Nil prenant sa source en Afrique centrale (dans la région des Grands Lacs) et se jetant dans la mer Méditerranée dans le delta au nord, il est logique (selon la loi de l’écoulement des fleuves) que le sud du pays soit plus élevé que le nord. C’est pourquoi la Haute Égypte correspond à la partie méridionale du pays, de la région d’Aphroditopolis (au sud de Memphis) jusqu’au haut barrage d’Assouan, près de la première cataracte, c’est-à-dire à la frontière nord de la Basse Nubie.

[10] Adulis ou Adoulis est un site archéologique d’Érythrée, à environ 40 kilomètres au sud du port de Massaoua, sur la côte de la mer Rouge dans le golfe de Zula. C’était le principal port du royaume d’Aksoum. Le port est une escale importante, mentionnée dans Le Périple de la mer Érythrée, sur la route maritime des épices, de l’encens et des pierres précieuses entre l’Empire byzantin, la côte orientale de l’Afrique et l’Inde.

[11] Sur les peuples de l’Inde et les Brahmanes est un texte grec de l’Antiquité tardive attribué traditionnellement (et vraisemblablement) à l’évêque Palladios, auteur de l’Histoire lausiaque. Ce texte est transmis le plus souvent dans les manuscrits à la suite de l’Histoire lausiaque. Il s’agit en fait d’une lettre à un correspondant non nommé, accompagnée d’une pièce jointe. Le destinataire est apparemment Lausos, le chambellan de Théodose II dédicataire également de l’ Histoire lausiaque ; du reste le texte fait référence à ce dernier ouvrage, et la comparaison stylistique avec l’épître dédicatoire de celui-ci rend vraisemblable l’idée qu’on ait affaire au même rédacteur et au même destinataire. Le correspondant a demandé à Palladios des informations sur les Brahmanes de l’Inde. Celui-ci répond qu’il n’a pas de témoignage personnel à apporter : il y est bien allé en compagnie d’un certain Moïse, évêque d’Adoulis, mais sitôt parvenu sur les rives du Gange, il n’a pas supporté le climat et a dû rebrousser chemin. Mais il peut relater, du moins, ce qu’il tient d’un avocat (scholasticus) de Thèbes d’Égypte qui a séjourné longuement en Inde. Après s’être rendu à Adoulis, puis à Axoum, cet avocat s’est embarqué à destination de l’île de Taprobane. N’ayant pu y aborder pour des raisons non précisées, il s’est retrouvé au pays des Bisades, dont le roi l’a fait arrêter et l’a condamné à six ans de travaux forcés dans un moulin. Pendant cette captivité, il a pu apprendre la langue locale et s’informer sur le pays. À la suite d’une querelle, un roitelet voisin a dénoncé son collègue auprès de l’empereur de Taprobane, pour avoir réduit en esclavage un citoyen romain. Après enquête, l’empereur a fait écorcher vif le roi des Bisades et fait libérer l’avocat thébain