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Jacques de Savoie-Nemours

mercredi 9 mai 2018

Jacques de Savoie—Nemours (1531-1585)

Comte de Genève et duc de Nemours de 1533 à 1585

Prince de la maison de Savoie, protagoniste important de la cour de France.

Pendant les guerres d’Italie et les guerres de religion [1], il combattait dans l’armée royale. Réputé pour son charme et son élégance, il fut mêlé à plusieurs histoires galantes. Il se maria avec Anne d’Este , la veuve mondaine du duc François de Guise.

Fils de Philippe de Savoie-Nemours , comte de Genève [2] et duc de Nemours [3], et de Charlotte, fille de Louis 1er d’Orléans-Longueville , duc de Longueville [4]. Il était donc le petit-fils du duc Philippe II de Savoie au même titre que le roi François 1er son cousin germain.

Il se signala au siège de Lens [5] en 1552, à la défense de Metz [6] contre Charles Quint en 1553, servit ensuite en Flandre et en Italie jusqu’à la trêve de Vaucelles [7] le 5 février 1556.

Il fut fait colonel général [8] de la cavalerie légère et continua de se distinguer durant les guerres de Religion contre les protestants. Il commanda les Suisses qui ramenèrent à Paris Charles IX, que les calvinistes [9] avaient voulu enlever à Montceau-les-mines [10]. En 1558, lors du siège de Thionville [11] il commande comme colonel la cavalerie légère.

En 1559, il fut l’ambassadeur du duc Emmanuel-Philibert de Savoie lors de son mariage avec Marguerite de Valois, fille de François 1er et de Claude de France, qui eut lieu à Paris le 10 juillet 1559. Il est fait chevalier de l’Ordre de Saint-Michel [12] le 7 décembre 1561

Il devient le 11ème gouverneur du Lyonnais avec l’Auvergne le Bourbonnais [13] et la Marche [14] le 27 décembre 1562 enregistré le 4 juillet 1564.

En 1562-1563, dans le Dauphiné [15] en remplacement d’ Antoine de Bourbon-Vendôme , il échoue devant Lyon tenue par Jean V de Parthenay pour le compte du parti Huguenot. L’édit de pacification du 19 mars 1563 [16] réconcilie pour un temps les deux parties.

Après avoir pris part à la bataille de Saint-Denis en 1567 [17], il fut chargé de s’opposer à l’entrée des troupes que le duc de Deux-ponts [18] envoyait aux vaincus.

Il échoua dans cette expédition par la faute du duc d’Aumale, son rival, et se retira dans son duché de Genève [19] où il se livra à la culture des lettres et des arts.

Séducteur reconnu pour son charme et sa galanterie, Nemours fut pendant l’été 1559 un prétendant sérieux de la reine Elisabeth d’Angleterre. Le mariage était tenu pour fait à la cour de France, mais les réticences coutumières de la reine et la guerre en Écosse laissèrent ce projet d’alliance sans suite.

Oncle maternel de la reine Louise de Lorraine-Vaudémont , épouse du roi Henri III, et de son frère Philippe Emmanuel de Lorraine , il soutint et guida son neveu dans sa carrière à la cour.

Il fut également accaparé par plusieurs années de procès que lui fit une dame de haut lignage, Françoise de Rohan, qu’il avait mise enceinte et à laquelle il avait fait une promesse de mariage.

Nemours épousa finalement en 1566 la veuve du duc de Guise, Anne d’Este, petite-fille du roi Louis XII.

La reine de Navarre Jeanne d’Albret, parente des Rohan, avait vainement tenté d’empêcher le mariage. Le procès qui en résulta empoisonna la vie de Nemours et divertit la cour pendant toutes les guerres de religion. Il se termina sous Henri III par une solution, due au mathématicien François Viète, et qui satisfit toutes les parties.

P.-S.

Laurent Perrillat, « La Savoie au cœur de l’Europe du XVIe siècle, d’après une lettre de Jacques de Savoie, duc de Genevois et de Nemours », La Savoie dans l’Europe, actes du XXXVIIIe Congrès des sociétés savantes de Savoie (Moûtiers, 9 et 10 septembre 2000), 2002.

Notes

[1] En France, on appelle guerres de Religion une série de huit conflits (guerres civiles, guerres de religion et opérations militaires) qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du 16ème siècle et où se sont opposés catholiques et protestants, appelés aussi huguenots.

[2] Les titres de comte de Genève, en latin comes Gebennensis, est un titre porté par les seigneurs ayant l’autorité sur le comté et sa ville principale, Genève. Il est porté, depuis le milieu du 11ème siècle, par dix-sept seigneurs appartenant à la maison de Genève. À la fin du 14ème siècle, il passe à la maison de Thoire-Villars, avant que le comté entre dans les possessions de la maison de Savoie, qui en font une terre d’apanage.

[3] Préalablement comté français à la suite de l’acquisition de Philippe le Hardi en 1274, Nemours fut érigé en duché-pairie en 1404 par le roi Charles VI et donné à Charles III le Noble, roi de Navarre, en échange de la ville de Cherbourg qu’il avait rachetée en 1399 à Richard II d’Angleterre.

[4] Le comté puis duché de Longueville tient son nom de la ville de Longueville-sur-Scie, actuellement dans le département de Seine-Maritime. Il fut donné à Jean bâtard d’Orléans comte de Dunois et vicomte de Châteaudun, fondateur de la Maison d’Orléans-Longueville, mari de Marie d’Harcourt (héritière des vicomté de Melun, comté de Tancarville, seigneurie de Varenguebec, charges de chambellan et connétable de Normandie, seigneurie de Montreuil-Bellay, seigneurie de Gournay, comté de Montgomery, vicomté d’Abbeville, baronnie de Parthenay, principauté de Châtelaillon...). Dunois « bâtard d’Orléans » et Marie d’Harcourt sont les parents du comte François 1er, époux d’Agnès de Savoie, père de François II le premier duc et Louis 1er le deuxième duc, qui suivent. Le titre de comte de Dunois est attaché au duché jusqu’à Charles-Paris

[5] Lens est une commune française, sous-préfecture du département du Pas-de-Calais. C’est en 1526, lors de l’essor de l’Espagne en Europe, que la ville de Lens passe aux mains du roi d’Espagne et fait donc partie des Pays-Bas espagnols. Il faudra attendre le siège de Lens en 1647 puis le Grand Condé et la bataille de Lens, le 20 août 1648, pour voir le début du déclin espagnol dans la région. Cette bataille a permis à Mazarin de signer les traités de Westphalie, mettant fin à la guerre de Quatre-Vingts Ans. L’Artois sera rendu à la France lors du traité de paix des Pyrénées dix ans plus tard, le 7 novembre 1659.

[6] Même si elle fait juridiquement partie du Saint Empire romain germanique jusqu’en 1648, Metz perd définitivement son indépendance et devient une place forte du royaume de France à la suite du siège de 1552. Dès 1556, de grands travaux sont lancés pour construire une citadelle qui accueillera la forte garnison de la ville, et fera de cette dernière une des premières lignes de défense du royaume.

[7] La trêve de Vaucelles est un traité signé le 15 février 1556 à l’abbaye de Vaucelles, dans la vallée de l’Escaut, entre Henri II et Charles Quint.

[8] En France, le colonel général était un officier général chargé de tous les régiments d’une même arme ; il est considéré comme le colonel de tous les régiments de cette arme. On trouve notamment un colonel général de l’infanterie et un de la cavalerie. Le colonel général de l’infanterie ayant trop d’importance, Louis XIV supprime sa charge en 1661 et ne nomme plus que des colonels généraux au rôle honorifique comme celui des dragons créé en 1668, celui des Cent-Suisses et Grisons, qui avait autorité sur tous les régiments de Suisses de la Maison du Roi, et celui des Gardes-Françaises. Lorsque la charge de colonel général de l’infanterie fut supprimée, les officiers responsables des régiments, alors appelés mestres de camp, prirent le nom de colonels. Comme la cavalerie conserva toujours ses colonels généraux, les chefs de régiments restèrent des mestres de camp. Tous les grades de colonel général furent supprimés à la Révolution, mais ils furent rétablis par Napoléon, qui nomma certains de ses maréchaux à des grades honorifiques. À la Restauration, quelques titres furent accordés à des membres de la famille royale. Après 1830, on ne trouve plus de colonels généraux.

[9] Le calvinisme (nommé ainsi d’après Jean Calvin et aussi appelé la tradition réformée, la foi réformée ou la théologie réformée) est une doctrine théologique protestante et une approche de la vie chrétienne qui reposent sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses. Bien qu’elle fût développée par plusieurs théologiens tels que Martin Bucer, Wolfgang Musculus, Heinrich Bullinger, Pierre Martyr Vermigli, Ulrich Zwingli et Théodore de Bèze, elle porte le nom du réformateur français Jean Calvin en raison de l’influence dominante qu’il eut sur elle et du rôle déterminant qu’il exerça dans les débats confessionnels et ecclésiastiques du 16ème siècle.

[10] Montceaux-lès-Meaux est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne. La commune doit une grande partie de son renom au château qu’elle abrita. Le château de Montceaux, acquis au 16ème siècle par Catherine de Médicis, fut ensuite racheté par Henri IV qui l’offrit à Gabrielle d’Estrées, qu’il fit marquise de Montceaux. À la mort de cette dernière, le roi de France le donna à Marie de Médicis à l’occasion de la naissance de Louis XIII.

[11] Le Siège de Thionville qui eut lieu du 17 avril au 23 juin 1558 est une victoire de l’armée française commandée par François de Guise sur l’armée espagnole.

[12] L’ordre de Saint-Michel est un ordre de chevalerie, fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI, sous le nom d’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel ». Les membres de l’ordre de Saint-Michel se disaient chevaliers de l’ordre du Roi, alors que les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit s’intitulaient « chevaliers des ordres du Roi ». Son siège était établi à l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

[13] Le duché de Bourbon, plus communément nommé Bourbonnais, est une région historique et culturelle française. Cette ancienne province a pour chef-lieu Moulins et son territoire correspond approximativement au département de l’Allier, mais certaines portions se trouvent réparties dans des départements voisins, comme le Puy-de-Dôme et le Cher (arrondissement de Saint-Amand-Montrond). La province comme la famille doit son nom à la ville de Bourbon-l’Archambault, qui est le berceau de la première Maison de Bourbon, maison féodale apparue au 10ème siècle.

[14] La Marche est une région historique et culturelle française, correspondant à une ancienne province et dont la capitale est Guéret. La Marche fut aussi un comté. La province correspondait au département actuel de la Creuse, à l’exception de Boussac et de ses environs, qui faisaient partie du Berry. La Marche regroupait aussi une bonne part de la Haute-Vienne, dans l’arrondissement de Bellac, ainsi que des paroisses de l’Indre, de la Vienne et de la Charente.

[15] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Le Dauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cet État était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises, au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné devient alors la province du Dauphiné, et conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457. Sous l’autorité française et jusqu’à la Révolution de 1789, le Dauphiné constitue l’apanage du fils aîné du roi de France qui prend, dès sa naissance, le titre de Dauphin. La province continue à l’époque de s’étendre et acquiert sa forme définitive au 15ème siècle.

[16] La paix d’Amboise, ou édit d’Amboise, est un traité de paix signé le 19 mars 1563 par Louis de Condé, chef des protestants, et Anne de Montmorency, chef de l’armée catholique. Signée à Amboise, elle confirme la liberté de conscience accordée par l’édit de janvier 1562, accorde l’amnistie aux calvinistes, mais restreint l’exercice du culte protestant en dehors des villes et sur les terres de certains seigneurs. Si elle marque la fin de la première guerre de Religion, cette paix n’est que peu durable, puisque les affrontements reprennent quatre ans plus tard.

[17] Le 10 novembre 1567 eut lieu la bataille de Saint-Denis entre catholiques et protestants.

[18] Le comté de Deux-Ponts est un ancien comté du Saint Empire romain germanique dont la capitale était Deux-Ponts. Il fut créé en 1182 par démembrement du Comté de Sarrebruck, vassal de l’évêque de Metz, lui-même vassal du Saint Empire romain germanique puis du roi de France à partir de 1648. Dans les années 1295/1333 il fut partagé en deux comtés indépendantes, le comté de Deux-Ponts, qui passa à la fin au Palatinat-Deux-Ponts, et le Comté de Deux-Ponts-Bitche.

[19] Le comté de Genève avait été érigé en duché en 1564